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Discours de Gaïd-Salah : l’armée définitivement du côté du peuple ?

Discours de Gaïd-Salah : l’armée définitivement du côté du peuple ?

C’est sans doute le discours le plus important du chef d’état-major de l’ANP depuis celui du 2 avril dans lequel il avait appelé pour la dernière fois à l’application « immédiate » de l’article 102 de la Constitution.

Son allocution de ce mardi 16 avril prononcée à Ouargla a contenu aussi une dernière sommation. Elle est destinée à l’ancien chef des renseignements, le général Toufik, cité nommément et sommé de cesser de « comploter contre la volonté du peuple » au risque de faire l’objet de « mesures légales fermes ».

Après les péripéties de la semaine et du week-end passés, Ahmed Gaïd-Salah, accusé par certains manifestants d’avoir failli à ses engagements et à se promesses, n’avait plus d’autre choix que de dire les choses par le nom. Un exercice d’explication salutaire qui tombe à point pour lever les équivoques nées de la dérive répressive des forces de l’ordre lors de la marche de vendredi 12 avril.

On sait au moins que l’armée n’est pour rien dans la décision de tenter la manière forte pour mettre fin aux manifestations. Son chef le dit presque explicitement et nous apprend au passage que les partisans de l’ancien président sont toujours à la manœuvre et gardent une certaine capacité de nuisance.

Les propos de Gaïd Salah sont aussi rassurants pour la suite du mouvement populaire. Non seulement il réitère que l’armée « se considère toujours mobilisée (…) pour honorer l’engagement qu’elle a pris afin de réaliser les revendications et les aspirations légitimes du peuple », mais il assure que l’institution « veille à ce qu’aucune goutte de sang algérien ne soit versée. »

« Nous avons donné des instructions claires et sans équivoques pour la protection des citoyens, notamment lors des marches », ajoute-t-il, dans une clarté qui ne laisse plus de place aux interprétations. Les Algériens peuvent donc continuer à marcher librement, et en toute sécurité, et l’armée attend d’eux juste « d’éviter le recours à la violence, de préserver les biens publics et privés et d’éviter d’entraver les intérêts des citoyens ».

L’autre grande nouveauté dans le discours du chef de l’armée, c’est qu’il ne rend plus la solution prisonnière du cadre constitutionnel qui, jusque-là, a constitué un facteur de blocage. C’est à peine s’il pose comme préalable de ne « pas perturber le fonctionnement des institutions de l’Etat, qui devraient être préservées pour permettre la gestion des affaires de l’Etat et les intérêts de nos concitoyens ».

Sinon, il laisse toutes les portes ouvertes. « Nous respectons parfaitement les dispositions de la Constitution pour la conduite de la transition, et je voudrais réitérer que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais. » Un prélude à la satisfaction des revendications de la rue ? On peut bien le penser, d’autant que le chef d’état-major le dit presque clairement : « Ainsi, l’étape principale étant concrétisée, elle sera, certainement, suivie par d’autres jusqu’à la réalisation de tous les objectifs escomptés ».

Il est peut-être un peu tôt pour parler de grande victoire pour le mouvement populaire, mais il n’en reste pas moins que le discours d’Ahmed Gaïd-Salah de ce mardi 16 avril, prononcé au nom du « haut commandement de l’ANP », peut être considéré comme un immense pas en avant.

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