search-form-close
« Le mouvement populaire prendra une autre forme pendant Ramadan »

« Le mouvement populaire prendra une autre forme pendant Ramadan »

Abdelouahab Fersaoui est le président de l’association Rassemblement Action Jeunesse (Raj) très active et très présente dans le mouvement populaire contre le pouvoir entamé le 22 février. Dans cet entretien, il aborde l’avenir du mouvement, notamment pendant le mois de Ramadan et il livre son analyse des poursuites judiciaires entamées contre des hommes d’affaires et des figures politiques.

C’est la dernière semaine avant le début de Ramadan, doit-on s’attendre à un affaiblissement ou un arrêt du mouvement populaire contre le pouvoir ?

Pour moi, il n’y aura ni arrêt ni affaiblissement du mouvement populaire parce que c’est un mouvement national et le peuple ne va pas rentrer chez lui à cause du mois de Ramadan. Le mouvement de contestation va se poursuivre pendant le Ramadan, il prendra une autre forme. Sur les réseaux sociaux, ça parle déjà de déjeuners collectifs, de manifestations après la rupture du jeûne. Le mois de Ramadan sera surtout l’occasion de débattre de cette nouvelle république que les Algériens veulent construire. Donc, il n’y aura pas d’affaiblissement ni d’arrêt, mais une transformation durant ce mois de Ramadan.

Vous vous attendez donc à des marches nocturnes ?

Oui, il y aura des manifestations de nuit et, beaucoup plus, il y aura des débats, des forums partout au niveau national. Je considère que le mois de Ramadan sera l’occasion pour réhabiliter le politique parce que le peuple algérien va occuper l’espace public comme un espace citoyen et de débat.

La lutte contre la corruption que mène l’armée est-elle suffisante pour calmer les Algériens ?

Jusqu’à présent, le pouvoir algérien n’a pas affiché une volonté politique pour répondre de manière favorable aux revendications légitimes du peuple, donc il a commencé par la répression, l’interpellation des militantes et militants et, maintenant, il utilise cette carte de la lutte contre la corruption pour absorber la colère du peuple algérien. Ce ne sont que des diversions, nous savons très bien que la justice a toujours été un instrument entre les mains du pouvoir qu’il a utilisée pour se maintenir et n’a jamais été indépendante.

Le pouvoir a soi-disant lancé cette lutte contre la corruption au moment où les magistrats réclament une véritable indépendance de la justice et dénoncent la mainmise de l’administration sur la justice. On ne peut pas imaginer une véritable lutte contre la corruption s’il n’y a pas une justice indépendante, ce qu’on ne peut avoir si on n’a pas un État de droit.

Pour l’instant, il peut y avoir des mesures d’urgence pour la lutte contre la corruption, comme l’arrêt des fuites de capitaux et l’interdiction aux personnes suspectées de quitter le territoire national, mais le plus urgent c’est d’aller vers un processus de changement démocratique pour aller vers un État de droit. Ces poursuites sont une diversion mais aussi l’expression d’une lutte clanique et de règlements de comptes à l’intérieur du pouvoir.

Gaid Salah suggère que la crise a été créée….

Nous avons entendu le chef de l’état-major dire qu’il y a une manipulation qui a fait sortir les Algériens dans la rue. Je pense que c’est une insulte faite à l’intelligence du peuple algérien sorti depuis le 22 février, par millions, avec toutes ses couches sociales et à travers tout le territoire national. Au lieu de répondre favorablement aux revendications du peuple algérien, il continue à le mépriser et à ignorer ses revendications. Je dis qu’il n’y a pas de manipulation, il y a des revendications claires exprimées par un peuple qui a démontré sa maturité politique, son éveil citoyen. C’est au pouvoir d’être à la hauteur du peuple algérien.

  • Les derniers articles

close