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Présidentielle : facettes d’une campagne électorale inédite

Présidentielle : facettes d’une campagne électorale inédite

C’est ce dimanche 8 décembre à minuit que devrait s’achever la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre. Entamée le 17 novembre dernier, cette campagne s’est déroulée dans une conjoncture politique marquée par la poursuite du hirak.

Elle a pris les allures d’un véritable parcours de combattant pour les cinq candidats en lice : Abdelmadjid Tebboune, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelaziz Belaid.

Confrontés à l’hostilité d’une bonne partie de la population, ces candidats catalogués par la rue comme étant des figures résiduelles du système, ont eu toutes les peines du monde pour mener leur campagne sereinement.

En plus d’être souvent hués par des manifestants qui venaient perturber leur meeting, ils ont aussi pêché par une pauvreté du discours persuasif sur l’utilité du scrutin et sur la nécessité de la participation.

Souvent, certains de leurs meetings sont marqués par de nombreuses arrestations parmi les activistes du Hirak. C’était le cas par exemple de Benflis à Tlemcen et à Bouira, théâtre même d’échauffourées où on a enregistré des blessés, d’Abdelaziz Belaid à Oran ou encore d’Abdelkader Bengrina à Alger.

Face à leur auditoire, maigre dans la plupart des cas, les candidats se sont essentiellement employés à convaincre les électeurs de se rendre massivement aux urnes.

Principaux axes de leurs campagnes : les questions économiques, l’enjeu de la stabilité et la nécessité d’aller voter, la lutte contre la corruption et les réformes envisagées dans plusieurs secteurs.

Mais les questions qui fâchent n’ont pas été abordées. Aucun candidat n’a ainsi évoqué la manière de traiter avec le « Hirak », se contentant seulement de louer son pacifisme.

Les multiples arrestations, les emprisonnements des leaders politiques et des jeunes du Hirak, les libertés malmenées, le bilan de Bouteflika ou encore la diplomatie ont été omises.

Seul Bengrina s’est engagé, s’il est élu, à libérer Lakhdar Bouregâa, figure emblématique du mouvement. Mais la principale caractéristique de cette campagne unique, encadrée pour une fois par une autorité indépendante des élections (ANIE) reste sans conteste le boycott des candidats de certaines régions du pays à l’image de la Kabylie, et de l’étranger. Aucun candidat ne s’est rendu à Bejaia et Tizi Ouzou, où la population a mené plusieurs actions anti-vote.

Globalement, une trentaine de wilayas ont eu droit à la visite de ces candidats. Aussi, à l’inverse des campagnes précédentes, aucune action de sensibilisation dans la diaspora. Aucun candidat ne s’est rendu à l’étranger.

C’est dire toute la difficulté et tous les écueils auxquels ils ont dû être confrontés pour tenter de mobiliser et faire basculer le rapport de force en faveur de la participation.

Ce n’est pas sans raison, qu’en plus des médias traditionnels, les candidats ont investi les réseaux sociaux pour porter leur voix. Mais s’il est difficile de prédire l’impact de cette campagne unique sur le comportement des électeurs, il apparaît évident, au regard de la mobilisation du « Hirak », que le test du 12 décembre risque de leur réserver bien des surprises.

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