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Privatisations : entretien avec Hamid Temmar, ancien ministre de l’Industrie

Privatisations : entretien avec Hamid Temmar, ancien ministre de l’Industrie

Amin / NEWPRESS

Aujourd’hui, la privatisation des entreprises publiques suscite encore la polémique…

J’avoue que je suis étonné de voir l’atmosphère s’enflammer de cette façon à l’idée de privatisation, notamment dans la situation actuelle, et d’entendre des arguments qui datent des décennies passées, des arguments qui restent sans appui sur la réalité. Alors, je suis heureux que l’occasion me soit donnée, dans le cadre de cette interview, de rappeler quelques éléments qui décrivent la réalité du secteur, le dispositif de privatisation qui a été mis en place et les résultats des actions de privatisation qui ont eu lieu entre 2005, année où réellement la privatisation a démarré et 2009, année où les privatisations ont pratiquement cessé.

Il faut préciser que la privatisation ne concernait que le secteur public dit marchand (SPM). Il comprend l’ensemble des EPE qui étaient sous la responsabilité des SGP. Sont ainsi exclus du « Secteur public marchand (SPM) »: Sonatrach, Sonelgaz, les Banques et compagnies d’assurances, Algérie Télécom et les EPIC en général. Nous sommes loin des discussions sur la privatisation qui a eu lieu en Europe où il n’existe pratiquement plus de Secteur public marchand en dehors de quelques parts minoritaires dans des entreprises spécifiques.

Dans l’imaginaire collectif, la privatisation équivaut à la disparition de l’entreprise. C’est le contraire bien sûr. L’entreprise certes passe d’un propriétaire (public) à un autre (privé) mais l’entreprise est toujours là avec son collectif, ses équipements et son infrastructure. La privatisation est un acte d’investissement et comme tout investissement, c’est un pari sur un avenir fondé sur la recherche de l’efficacité et de la compétitivité de l’entreprise algérienne.

Il faut peut-être préciser de quoi on parle quand on évoque la privatisation. Je rappelle que celle-ci revêt des formes diverses : privatisation totale, privatisation partielle avec rachat d’une majorité des actions ou une minorité des parts, reprise de l’entreprise par les salariés. cession à titre onéreux d’actifs isolés, partenariats ou « joint-ventures » constitués entre une EPE et un partenaire privé. Ce sont là des formes juridiques diverses mais on voit bien que dans tous les cas, ce sont la production, la préservation et la création de l’emploi qui sont visées

Il s’agissait pourtant d’ouvrir le capital du CPA au début des années 2000… Pourquoi les banques étaient par la suite exclues du processus de privatisation ?

Le projet de privatisation du CPA ne faisait pas partie du programme de privatisation du SPM. Il s’agissait de dynamiser le secteur bancaire en introduisant plus de compétition entre les banques. Le CPA était une petite banque représentant à cette époque près de 12% du marché et sa clientèle était essentiellement privée. Le processus de partenariat minoritaire a été enclenché et le dossier présenté au CPE. Mais les résultats de l’appel d’offre ont été décevants. L’idée était de reprendre le processus plus tard. Cependant, l’évolution favorable du marché des hydrocarbures donnant une plus large manœuvre à l’État ne le rendait plus nécessaire. Il s’agissait, par ailleurs, de renforcer la BNA et de consolider la BEA en tant que grandes banques publiques.

Pourquoi le processus de privatisation dure depuis les années 1990 ?

C’est une excellente question. Pourquoi ? Difficile à dire. Mais je pense que c’est un mix d’idéologie, d’intérêts de chapelles qui ne veulent pas voir le secteur disparaître pour des raisons spécifiques et enfin d’abondance de ressources financières publiques.

Les oppositions sérieuses à la privatisation viennent de deux catégories de groupes. Il y a ceux qui tirent un intérêt immédiat de l’existence de ce secteur et souhaitent donc que l’État continue à financer les entreprises. Il y a par ailleurs ceux qui, sincèrement ou par idéologie, craignent la prise en main de l’économie et ainsi du pouvoir politique par le pouvoir de l’argent. C’est là certainement une menace que l’on voit se généraliser dans le monde, mais elle reste, dans le cas précis, à mon avis, toute relative étant donné la structure du SPM et l’état de la grande majorité des EPE. Peut-être aussi que l’explication, l’information et la pédagogie ont manqué.

Certains politiques, dont Louisa Hanoune, parlent de manque de transparence pour les opérations de privatisation. Qu’en pensez-vous ?

Je rappelle que le cadre de privatisation a été mis en place par l’ordonnance du 21 août 2001. La loi pose que toute privatisation est décidée, in fine, par le Conseil des ministres. après avoir fait l’objet d’appels d’offres ou d’appels à manifestation d’intérêt, et présentée par la SGP concernée au Conseil des Participations de l’État pour approbation. Je rappelle aussi que 5 exigences étaient imposées par le CPE aux repreneurs dans le cadre des opérations de privatisation : consultation des représentants syndicaux, maintien de l’activité, maintien des effectifs et création de nouveaux emplois, prise en charge totale ou partielle de l’endettement, extraction préalable des actifs excédentaires.

Mais que représente le pecteur Public que vous appelez « marchand » dans l’économie nationale ?

Pour avoir une idée de la situation du SPM, il faut l’approcher du point de vue économique et financier. Quelques chiffres définissent le poids du SPM dans l’économie :

  • En 2014, la population du SPM est de 605 entités (excluant les entités de la SGDA) -contre 850 en 2008-  qui opèrent dans les secteurs des industries (36%), les services (33%)  et la construction (21%). Elles étaient 1.211 en 2005, en écartant les 457 unités privatisées, le SPM a perdu spontanément 754 unités avec tous les emplois qui vont avec. Et ceci, malgré un appui financier formidable de la part du gouvernement;
  • Il est largement constitué d’entreprises de taille petite : 80% des entreprises ont un chiffre d’affaire de 20 à 200 millions de DA. 3% seulement ont un chiffre d’affaire supérieur à 2 milliards de DA (soit 4.2 millions d’euro). 30% des entreprises emploient moins de 50 salariés, 40% entre 50 et 250 salariés et 30% dépassent les 250 salariés;
  • La valeur ajoutée du secteur public marchand représente près de 4.5% du PIB;
  • Le secteur emploie 290.000 agents (contre 400.000 agents en 2005 et 200.000 en 2010) soit 3% de l’emploi total.

Il faut partir de l’idée qu’à l’exception de quelques entreprises en position de rente, l’ensemble du secteur est inefficient dans le sens que les économistes accordent à ce terme, c’est-à-dire un secteur de faibles productivité et compétitivité. En dehors de la période 2011-2013 qui a vu la situation des EPE dans leur grande majorité s’améliorer, le chiffre d’affaire a toujours stagné, la valeur ajoutée a décliné et les effectifs ont reculé de 50%. Ceci malgré les efforts de restructuration (filialisation, encadrement) et l’appui financier considérable de l’État.

Il apparaît donc qu’il est difficile de penser que le secteur public soit un moteur de la croissance (les joyaux de la République) et donc que la privatisation soit une menace à l’économie. Cependant, il faut préciser que l’emploi y est important et l’essentiel de l’industrie algérienne est dans le secteur public, même si on constate que la part de ce dernier dans la valeur ajoutée du secteur des industries a tendance à fléchir : passant de 68% en 2000 à moins de 50% en 2014. Les industries clés que sont les ISMME sont à 92% publiques

N’est-il pas possible finalement de garder les entreprises et leur donner les moyens de se développer sans avoir à les privatiser ?

C’est une bonne question qui découle du bon sens. C’est vrai qu’en effet, rien ne montre la nécessité d’une privatisation. Mais on ne peut éluder deux questions : « Qui va apporter ces ressources étant donné que les entreprises n’en ont pas les moyens ? » La réponse est évidente, ce sera l’État actionnaire, c’est-à-dire le Trésor.

La 2e question est : « Si les ressources étaient données au secteur, cela permettra-t-il aux entreprises de devenir rentables et compétitives ? » Le bémol à la première question est que l’État n’a plus les moyens du passé, quant à la 2e question, la réponse est franchement négative. Il suffit de lire l’histoire du secteur.

En effet, si l’on considère la situation financière des entreprises publiques, nous avons une histoire littéralement menaçante pour la nation; le coût consenti par la nation pour maintenir le SPM à flot est très élevé :

  • Entre 1995 et 1998, 1.395 milliards de DA (soit l’équivalent de 50% du PIB de l’époque) ont financés l’assainissement de la situation des entreprises du secteur sans qu’il y ait une amélioration;
  • En octobre 2008, les créances des banques sur le SPM sont reprises par le Trésor : 307 milliards de DA (soit 5 milliards US de l’époque);
  • En 2012, on assiste à une répétition du même scénario répétitif devant l’insolvabilité persistante du secteur : 2.001 milliards ont payé les arriérés de salaires (pris sur les ressources des autres entreprises et au détriment du potentiel de développement de ces dernières), 306 à 407 milliards ont servi à assainir la situation financière (rachat des dettes, reprise des crédits et le financement du volet social) et 555.5 à 602 milliards ont été destinés à l’investissement et à la mise à niveau (prêts à des taux bonifiés et participation directe du Trésor), soit 1.009 milliards.

Mais cela n’a pas permis de régler le problème. À fin 2013, la situation financière demeure pratiquement inchangée par rapport à la période 2002-2010. L’endettement des EPE reste dans les environs de 1.200 milliards de DA.

Il est donc bien compris que les EPE ont des besoins de financement qui concernent le haut du bilan. Deux solutions : (i) soit l’actionnaire (le Trésor) dégage des fonds pour recapitaliser les entreprises mais ces moyens sont maintenant limités, (ii) soit aller au système bancaire, dans ce cas, je doute que les banques fassent des avances de cette nature, ou aller au marché à terme, mais celui-ci n’existe pratiquement pas, à moins que le FNI le fasse mais ce serait revenir au financement par le Trésor.

Ce rappel montre bien que, contrairement à ce que j’ai souvent entendu, l’actionnaire État a bien pris ses responsabilités… financières. Mais le problème de la relance et du développement du secteur public marchand n’est pas dans la mise à flot financière de ces entreprises. Toutes ces interventions permettent certainement de contenir une situation de quasi-faillite et de gagner du temps. Mais le traitement des EPE du SPM, va au-delà de l’assistance financière. La relance du secteur demande doit s’intégrer dans une stratégie de promotion du secteur productif.

Quels sont les secteurs stratégiques à sauvegarder ?

Pour un économiste, il n’y a pas de secteurs stratégiques autres que ceux qui ont un effet d’entrainement de la croissance économique. Stratégiques ne signifie pas servir les objectifs de l’État mais servir le développement de la nation. Cependant, en Algérie, on a tendance à utiliser pour désigner Sonatrach.

Sonatrach est la life line de la nation, tout comme Sonelgaz et Alger Télécom sont des secteurs essentiels aux entreprises et aux citoyens. Ces entreprises sont donc tout naturellement hors discussion. Mais il faut le dire exactement comme cela sans évoquer l’argument de stratégie. Sinon, on entretient une espèce d’équivoque malsaine qui pousse à la démagogie.

Quel bilan faites-vous des opérations qui ont été lancées ? Autrement dit, combien d’entreprises ont été réellement privatisées ? Qu’ont elles rapporté au budget de l’État ?

Il faut d’abord rappeler que si le principe de la privatisation des EPE a été retenu dès 1995, cela ne s’est traduit que par beaucoup d’affirmation et de déclarations, on a même créé un Conseil National des Participations de l’État mais cela n’est pas allé plus loin. Ce n’est qu’à partir de 2004 et surtout 2005 que la privatisation devient une réalité et qu’ainsi se forgea une doctrine algérienne de privatisation; ceci avant que tout le processus ne soit donc gelé à partir de 2008.

Maintenant, le bilan présenté par le ministère de l’Industrie donne les indications suivantes :

  • Les réalisations : 420 opérations ont été réalisées dont 210 privatisations totales, 46 partielles, 76 entreprises reprises par les salariés, 32 « joint-ventures » et 90 cessions d’actifs isolés.
  • Les acquéreurs : au total, 86% des entreprises privatisées ont été acquises par les investisseurs nationaux. Ce sont dans leur grande majorité des privatisations totales (78%) dont beaucoup d’actifs isolés. À l’inverse, les investisseurs étrangers n’hésitent pas à entrer dans une association dans le cadre de privatisation partielle ou de « joint-ventures » avec les EPE (80%).
  • Les paiements au Trésor Public: le total des différentes échéances devant être réglées par les repreneurs au profit du Trésor Public est, ainsi, évalué à 100,6 milliards de dinars. Le Trésor a déjà encaissé réellement, au titre du principal, un montant de 82,6 milliards de dinars, soit 82% du montant prévu.
  • Les terrains : 225 hectares de terrain d’assiettes ont été récupérés et transférés aux services des Domaines pour leur affectation aux projets d’investissement nouveaux.
  • Les investissements directs : à la fin de 2011, les engagements d’investissements par les repreneurs totalisaient 155 milliards ; 77% des engagements pris, soit 120 milliards de DA, ont été effectivement réalisés. C’est là une confirmation tangible que la privatisation est un acte d’investissement.
  • Le rachat de l’endettement : sur un montant total de 55 milliards de DA de dettes en capital, les repreneurs ont déboursé 41 milliards de DA, soit un taux de 74,5%.
  • L’emploi : c’était là la crainte la plus importante. Or, on a constaté que : (i) l’emploi a été largement maintenu. À fin 2011, plus de 30.360 postes de travail étaient maintenus sur les 39.990 existants lors de la privatisation, soit un taux de 76%. (ii) Les départs ont été largement compensés par la création d’emplois nouveaux. À la fin de 2011, 93% des 14.725 postes de travail que les repreneurs s’étaient engagés à créer l’étaient en effet.
  • Les contentieux : sur les 454 opérations de privatisation, les contentieux et litiges ont concerné plus du tiers (153). La très grande majorité des problèmes ont été le fait de repreneurs nationaux. L’exécution des opérations par les investisseurs étrangers n’a rencontré pratiquement aucun problème.

Peut-on sincèrement parler d’échec ?

Peut-on parler de réussite quand on constate que très peu de ces entreprises ont réussi ?

La seule étude de ce point de vue a été faite en juin 2009 dans le cadre du ministère de l’Industrie. Tout en tenant compte de réserves de handling statistique, l’étude arrivait à la conclusion claire que toutes les cessions ont entraîné une augmentation de la valeur de la production vendue (chiffre d’affaire), avec trois précisions :

  • (i) les cessions d’EPE aux étrangers ont entraîné un maintien significatif des effectifs, un recrutement de cadres et une amélioration des rémunérations;
  • (ii) les cessions aux privés nationaux ont entraîné une forte compression des effectifs, qui a frappé plus les cadres, une plus forte réduction de la masse salariale;
  • (iii) les cessions aux salariés ont entraîné le maintien des effectifs, et une très faible amélioration du niveau des salaires.

Comme tout investissement, je répète, la privatisation est un pari sur un futur d’efficacité et de compétitivité de l’entreprise algérienne. Les chiffres en main indiquent que ce pari s’est avéré dans l’ensemble payant pour les entreprises privatisées -notamment en comparaison à la situation des EPE. Les opérations de privatisation réalisées ont permis de faire d’un grand nombre d’entreprises publiques inefficaces, endettées, dépassées sur le plan technologique, en un mot condamnées à la disparition à terme, des entreprises actives et en bonus des milliers d’emplois sauvés.

Certains, dont Louisa Hanoune, insistent sur l’échec du processus de privatisations en donnant en exemple El Hadjar et évoquent la fermeture d’entreprises publiques. Que répondez-vous ?

En ce qui concerne l’échec du processus, j’ai déjà indiqué toutes les données quant aux résultats. À chacun de juger donc s’il y a eu échec ou succès. Maintenant, si des cas d’échec existaient, il serait souhaitable qu’ils soient clairement indiqués par ceux qui les constatent. À la justice de les examiner, j’ai déjà indiqué qu’il y avait des contentieux avec les acquéreurs nationaux.

Maintenant, en ce qui concerne El Hadjar, la décision de privatiser partiellement l’entreprise a été pénible pour nous tous. Mais il est nécessaire de rappeler le contexte de l’époque et les raisons de la privatisation. La situation financière d’El Hadjar était si mauvaise qu’elle mettait en danger sa banque, la BEA. L’État intervenait massivement pour maintenir l’emploi, régler les salaires et financer les importations des intrants. Alfasid avait bénéficié d’opérations d’assainissement qui totalisaient 68 milliards DA de l’époque et, malgré cela, l’entreprise accusait en 2001 au moment de la privatisation un déficit de 7.6 milliards DA et un niveau d’endettement (hors Trésor) de 34 milliards DA dont la moitié en exigible à court terme. Les filiales concernées par la privatisation totalisaient un endettement de 70 milliards. DA. Sur le plan de la production, l’aciérie ne fonctionnait qu’à 40%.

Je rappelle que le baril de pétrole n’était pas à 120 dollars à ce moment là. Les ressources de l’État, bien qu’améliorées, restaient très limitées au vu des besoins immenses et immédiats de reconstruction du pays. Le choix était donc clair : trouver un repreneur ou fermer le complexe. Il s’agissait de sauver près de 10.000 emplois directs sans compter la sous traitance. Alors en toute responsabilité, quelle était la solution? Assurer des revenus à des milliers de famille ou rester sur une posture idéologique ?

Il faut préciser en outre qu’aucun investisseur ne voulait considérer la reprise d’une entreprise vétuste et en état de faillite. Avoir trouvé un repreneur partiel tenait du miracle et cela a incontestablement permis de sauver la situation d’El Hadjar et de l’avoir encore aujourd’hui.

Quelle est donc la portée d’une politique de privatisation maintenant. Est-elle encore opportune ?

Elle n’est pas opportune, elle s’impose car je ne vois pas d’autres solutions étant donné que l’actionnaire (l’État) ne peut plus recapitaliser les EPE. Mais elle doit se réaliser dans un cadre de restructuration de l’ensemble économique. C’est une des dimensions de la stratégie de réforme du fonctionnement de l’économie nationale. Et dans cette perspective, un certain SPM doit être maintenu.

L’évaluation de l’organisation et du fonctionnement du Secteur public marchand fait clairement ressortir une situation ambivalenteLa situation de ce secteur entraîne des coûts directs et d’opportunité élevées pour la nation et freine la croissance, mais parallèlement le secteur comprend un potentiel de développement industriel tangible. Exploité et géré dans des conditions de rationalité économique, il peut constituer un levier majeur de développement industriel.

Comment ?

Un grand nombre d’entreprises publiques opèrent dans des branches qui ont un impact direct sur le développement d’une capacité de croissance significative. Celles-ci doivent être maintenues sous leur forme publique ou dans des partenariats minoritaires pour en faire un levier majeur de développement industriel du pays. On peut retenir les branches qui peuvent assurer une spécialisation sur les marchés régionaux/internationaux (pétrochimie et polymères, fertilisants, fibres textiles chimiques, produits pharmaceutiques) et les activités structurantes (métallurgie, mécanique, l’électrique/électronique, véhicules industriels).

Ce sont certes des activités que les entrepreneurs privés peuvent investir et ils seraient heureux qu’ils le fassent. Mais les entrepreneurs nationaux ne le feront pas car d’une part, ils préfèrent les investissement de rentabilité rapide et d’autre part, ils ne disposent ni de l’expertise (en gestion) pour ce genre d’activité ni des financements conséquents que cela demande. Les investisseurs étrangers ne viendront pas du fait de la législation présente en matière d’investissement. Aussi l’Etat se doit de ne pas laisser mourir les entreprises qui opèrent dans ces branches industrielles.

Que devrait donc faire l’État ?

Cela doit amener l’État, à côté de groupes privés nationaux et/ou internationaux s’il en est, à promouvoir la création d’un nombre limité de grands groupes industriels, à capitaux publics mixtes à même de porter et de développer les industries ciblées. Tout le reste des entreprises publiques irait à la privatisation et au partenariat afin d’assurer la pérennité des activités économiques, leur développement, le maintien et l’accroissement de l’emploi et l’accroissement des revenus. Avec en bonus, des recettes immédiates (produit des ventes) et futures (produit de l’impôt) pour le Trésor.

Cette proposition a été retenue par le Gouvernement en 2009 mais elle a été déviée de sa trajectoire. Les groupes publics ont bien été créés mais en fait pour retenir l’ensemble du SPM sous une nouvelle dénomination juridique.

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de ramener le débat à sa juste mesure. Je ne terminerai pas sans signaler que l’ensemble de la problématique du SPM, de son redéploiement et de la privatisation sont exposés d’une manière complète et détaillée dans le Tome III de mon ouvrage « l’Économie Algérienne » publié par l’OPU. Je vous en indique les pages : 309 à 552.

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