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À la veille de l’Aïd, les soldes peinent à attirer les clients à Alger

À la veille de l’Aïd, les soldes peinent à attirer les clients à Alger

Pour ceux qui sont à la recherche de bonnes affaires, c’est le bon moment : à Alger, les magasins de vêtements affichent des réductions allant jusqu’à 50%, voire 70%.

Sauf que, de l’avis des commerçants, les clients ne se bousculent pas. Et la raison est toute simple : d’autres dépenses guettent les foyers algériens qui ont de la peine à joindre les deux bouts.

Parcourir les ruelles d’Alger ne peut se faire sans qu’on remarque les centaines d’affiches collées sur les vitrines des boutiques qui annoncent des réductions alléchantes.

Les prix qui reviennent le plus souvent sont 1 000 Da et 500 Da. « Nous sommes en train de liquider ce que nous avons pour renouveler les stocks », explique un commerçant, exerçant à rue Hassiba Ben Bouali, dans le centre d’Alger, qui se plaint toutefois de la lenteur avec laquelle la marchandise est écoulée.

« Il y a certes une affluence. Les gens visitent le magasin. Mais rares justement ceux qui achètent. Heureusement que nous importons nous-mêmes et que nous sommes aussi dans le commerce de gros », ajoute le même commerçant, les yeux rivés à l’écran de son smartphone.

Même son de cloche du côté d’un marchand de vêtements pour enfants. « En dépit des prix abordables, les gens ne sont pas prompts à mettre la main dans la poche », dit-il.

Le magasin, malgré son emplacement – il n’est pas trop visible –, grouille du monde.  Des « combien ça ? », auxquels le commerçant ne se presse pas de répondre, sont lancés par-ci, par-là. Et, souvent, les clients sortent comme ils sont entrés : sans rien acheter.

Un peu plus haut, c’est un autre magasin dont le propriétaire se targue de « sa » marchandise turque, qui se plaint de la mauvaise marche des affaires. « Ce sont des ensembles de 3 500 Da. Je les cède à 2 500 Da. Mais, j’ai l’impression d’insulter les gens », dit-on en montrant un rayon de vêtement pour enfants.

Pour les enfants, 500 Da l’article

À la rue Hassiba Ben Bouali, devenue, depuis un certain temps, l’un des meilleurs endroits du shopping à Alger, les prix affichés sont le moins qu’on puisse dire, alléchants. Des pulls qui se vendaient, il y a quelques semaines, entre 1200 et 1500 Da, sont proposés à 500 Da, des chemises qui étaient à 3 000 Da sont soldées entre 800 et 1 200 Da, des pantalons « dégriffés » affichent 1 500 Da, parfois même 1 000 Da…

« C’est très raisonnable, déclare un jeune homme, tournant des pulls exposés pêle-mêle. Il faut en profiter ». Les marchandises concernées par les grandes réductions sont souvent exposées dans des chariots au grand-milieu des magasins. Et, souvent, une foule de personnes les tournent et les retournent à la recherche de l’article idéal.

« Deux pour 1 500 Da », peut-on lire sur une affiche collée à un chariot dans un magasin. « Deux pour 1 000 Da », peut-on lire sur une autre. Dans un autre magasin, c’est un homme à la voix rauque qui annonce : « Trois pour 1 000 Da ». Et de répéter sans cesse : « Laissez vos sachets à l’entrée et choisissez. Il y a pour tous les goûts. Trois pulls pour 1 000 Da… »

« L’Aïd c’est surtout pour les enfants », dit une femme d’un certain âge qui scrute un petit pantacourt pour enfants.  « C’est 500 Da », lui lance le vendeur derrière un comptoir. C’est une production algérienne. La qualité, comme pour la plupart des productions algériennes, n’est pas fameuse.

« Mais ce n’est pas du top top », rétorque la femme qui remet le pantacourt à son rayon avant de sortir. Les gens achètent ce genre de produits ? « Non ! », répond sèchement le vendeur.

Le mouton, la rentrée et l’été qui s’achève

Du côté rue Ferhat Boussaad, ex Missonnier, dans le cœur d’Alger, c’est presque la même ambiance : des réductions à tous les coins et des magasins bondés de monde. Les affiches annonçant des « prix chocs » sont collées sur toutes les vitrines.

Des « 1 à 1000 Da, 2 à 1 500 Da » ou encore « 1 à 800 Da, 2 à 1 500 Da » sautent continuellement aux yeux. Là aussi, les marchandises s’écoulent lentement. « Les gens n’achètent pas. On dirait qu’ils ont des scorpions dans les poches », déclare un commerçant qui garde un œil sur les clients comme par peur d’être volé.

« C’est tout à fait normal, rétorque un sexagénaire. On n’a pas que les vêtements à acheter. Il y a le mouton de l’Aïd, il y a la rentrée scolaire, il y a… ». Et à son ami, un peu moins âgé que lui, de poursuivre : « Il y a les légumes, il y a les fruits, il y a les factures… ».

« Que l’Aïd soit à quelques jours d’intervalle de la rentrée sociale n’arrange personne », déclare une femme rencontrée dans un magasin qui vend des articles pour enfants. « Les foyers algériens auront du mal à joindre les deux bout », assure-t-elle, avant de rappeler la saison estivale qui n’a manqué de mettre à rude épreuve les petites bourses.

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