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Ahmed Benbitour tire sur « les oligarques », juge « inévitables » les pénuries

Ahmed Benbitour tire sur « les oligarques », juge « inévitables » les pénuries

Ahmed Benbitour s’invite dans le débat sur les privatisations. Dans un entretien à TSA Arabi paru ce mercredi, l’ancien chef de gouvernement s’en prend à la charte sur le Partenariat public-privé signée récemment, la qualifiant d’inopportune.

« Pourquoi un partenariat public-privé ? Si c’est pour attirer des capitaux, je pense que c’est inopportun puisque nos entreprises ne sont pas déficitaires, et si c’est pour apporter de l’expertise dans la gestion, je ne pense pas que notre secteur privé ait acquis cette expérience dans la gestion qui lui permettra d’améliorer la situation de Sonatrach, d’Air Algérie, de Sonelgaz ou de la BNA », explique-t-il.

Oligarques

Pour M. Benbitour, les entreprises publiques ne sont donc pas déficitaires. « Où sont ces sociétés en faillite ? Air Algérie, les cimenteries… aucune entreprise n’est en faillite. Et puis, dans le budget de l’État, il n’y a aujourd’hui aucun chapitre lié au financement des entreprises publiques », dit-il en réponse à ceux qui parlent de gouffre financier que constitueraient les entités économiques publiques, précisant que celles qui étaient en faillite ont été dissoutes ou privatisées.

« Il faut savoir que toutes les entreprises en faillite ont été fermées à la fin des années 1990 et celles qui existent encore aujourd’hui sont dans une situation financière confortable. Il y a des contre-vérités concernant ces entreprises. Par exemple, j’ai entendu des experts faire l’amalgame entre les dettes des entreprises et leur déficit financier. Aucune entreprise ne peut financer ses investissements en comptant sur ses seuls revenus. Il est donc normal qu’elles aient des dettes. Cela dit, le niveau d’endettement de nos entreprises est inférieur à celui des entreprises américaines ou européennes. Ces entreprises ne sont pas déficitaires et je me demande donc pourquoi un partenariat public-privé », défend l’ancien chef de gouvernement.

Pour Benbitour, « des oligarques entourent aujourd’hui le pouvoir et l’amènent à prendre les décisions qu’ils veulent, sans en assumer la responsabilité ». « L’oligarchie est un phénomène qui a vu le jour en Russie à l’époque de Boris Eltsine, avant d’atteindre les États-Unis et d’arriver aujourd’hui chez nous », explique-t-il.

M. Benbitour se défend d’avoir privatisé une seule entreprise publique du temps où il était aux affaires, expliquant qu’à l’époque, il n’était pas question de privatiser, mais d’ouvrir le champ devant le privé pour « mettre fin aux monopoles qui constituaient un frein devant le développement de l’économie nationale ».

Au passage, il précise que la privatisation n’a jamais été imposée à l’Algérie par le FMI qui « ne se mêle pas de la gestion des entreprises, mais s’occupe plutôt des équilibres macro-économiques ».

Mais est-il normal que l’État continue à gérer les hôtels, par exemple ? M. Benbitour n’y voit aucun inconvénient, suggérant plutôt à ceux qui souhaitent entrer dans le capital des hôtels publics, de construire de nouvelles infrastructures avec leurs propres capitaux.

Une solution « illusoire »

Abordant la question de la dépréciation du dinar et du financement non conventionnel, l’ancien chef de gouvernement estime qu’il s’agit d’une solution « illusoire », puisque cela est de nature à encourager l’inflation.

Il estime, par ailleurs, que la convertibilité de la monnaie nationale peut s’avérer une option « dangereuse » dans la conjoncture actuelle du fait du manque de confiance des citoyens dans le dinar.

Dressant un tableau noir des perspectives économiques de l’Algérie, Ahmed Benbitour pense que la solution ne peut être que politique. « Nos recettes ne dépasseront pas les 30 milliards de dollars dans les dix prochaines années tandis que nos dépenses dépasseront les 60 milliards. Cela au moment où les réserves de change permettront de combler le déficit en 2019 et 2020 (…). Les pénuries arriveront inéluctablement et le citoyen n’acceptera pas de supporter seul les effets avec le maintien au pouvoir de ceux qui en sont responsables. Il faut un nouveau système qui expliquera aux gens les mesures qu’il faut prendre et ils les accepteront », plaide-t-il.

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