Un groupe d’experts* en médecine plaide dans une déclaration publiée, ce lundi 27 juillet, en faveur « d’une renonciation au sacrifice du mouton cette année 2020 », notamment à cause du risque sanitaire dû au Covid-19.

Cette déclaration intitulée « Déclaration du groupe d’experts nationaux au sujet de la célébration de l’Aïd El Adha », est signée par cinq experts dont le pneumo-phtisiologue membre du comité scientifique Covid-19, le Pr Noureddine Zidouni et son collègue dudit comité Pr Mohamed Belhocine (médecine interne).

Ces experts, redoutent les regroupements familiaux qu’affectionnent particulièrement les Algériens durant les fêtes de l’Aïd, alors qu’ils représentent un terreau favorable à la circulation importante du virus.

« Les données du Ministère de la Santé (…) tendent à démontrer  quotidiennement une alarmante persistance de la circulation du virus au sein de la population (…) », rappellent-ils.

« Dans toutes les wilayas remontent les exemples nombreux de familles entières atteintes par l’infection avec parfois, hélas, une issue fatale pour les membres les plus fragiles. Les regroupements créés par les évènements à caractère familial (mariages, funérailles, …) ou religieux (Aïd El Fitr) ont été pointés comme facteurs directement responsables de la flambée épidémique, anéantissant tous les efforts et sacrifices consentis depuis le début de la riposte », développe le groupe d’experts.

À l’approche de l’Aïd el Adha, le groupe d’experts estime que les leçons doivent être apprises « de ces récents revers subis dans notre combat contre la Covid-19 si l’on souhaite en toute responsabilité, éviter une nouvelle flambée, qui compliquerait singulièrement la riposte et annihilerait tous les efforts d’endiguement entrepris jusque-là ».

« C’est pourquoi, écrivent-ils, notre groupe joint sa voix à celle du Collectif des Professeurs en Sciences Médicales (Déclaration du 15 juillet 2020 à propos du « sacrifice de l’Aïd El Adha), relayée largement dans la presse et les réseaux sociaux (…) qui ont  pertinemment plaidé en direction des hautes autorités du pays, en faveur d’une renonciation au sacrifice du mouton cette année2020 ».

Au-delà des vies humaines que « cette sage et raisonnable décision » de renoncement au sacrifice du mouton pourrait épargner, ce groupe d’experts explique qu’il s’agira aussi d’ « alléger la charge de travail des personnels soignants et de les préserver » du Covid-19.

Épuisés physiquement et éprouvés moralement, les personnels soignants sont obligés de vivre séparés de leur famille et de repousser indéfiniment leur période de congé, pour assurer leur mission, rappellent les signataires de la Déclaration.

En second lieu, la décision de renoncer au rituel du sacrifice va « permettre aux autres malades notamment les malades chroniques, de pouvoir renouer avec les services de santé car obligés de renoncer aux soins durant cette longue période ; il en va de même  pour les enfants et nourrissons devant subir leur vaccination, et aux mères de pouvoir fréquenter les structures de protection maternelle », ajoutent les signataires.

Enfin, surseoir au rituel du sacrifice va « d’atténuer les conséquences socio-économiques et financières subies par de nombreux ménages du fait des stratégies de confinement, si la pandémie venait à se prolonger indéfiniment », expliquent ces experts.

*Pr Khaled Bessaoud, épidémiologiste, expert (ancien staff OMS) ;
Dr Sidi Allel Louazani, épidémiologiste, expert (ancien staff OMS) ;
Pr Leila Houti, épidémiologiste, Hospitalo-Universitaire Oran ;
Pr Noureddine Zidouni, expert en Pneumophtisiologie, Hospitalo-Universitaire, Alger ;
Pr Mohamed Belhocine, médecine interne, expert (ancien staff des Nations Unies) ;