Louisa Hanoune voit l’avenir en noir. Dans un long discours prononcé ce vendredi de la réunion du BP de son parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) s’est exprimée sur la guerre en Ukraine et la situation en Algérie. Elle a livré de sombres prévisions sur l’avenir du monde.

Louisa Hanoune a entamé son discours par la guerre en Ukraine, qui oppose selon elle, « l’OTAN agissant sous contrôle de l’impérialisme US à la Russie. » 

Pour elle, « l’impasse tragique sanguinaire et ravageuse dans laquelle l’impérialisme US enferme la Russie, l’Ukraine et l’Europe, impactant violemment toute la planète peut entraîner la civilisation humaine vers un désastre sans précédent. En effet, la menace du recours à l’arme nucléaire est désormais brandie par les deux parties en conflit », a-t-elle dit.

La patronne du PT affirme que « l’impérialisme US veut disloquer la Russie, la mettre à genou par le biais des sanctions et l’arsenal de guerre fourni à Zelenski (Volodymyr Zelenski, président de l’Ukraine). Il veut la dépecer. »

Louisa Hanoune enchaîne par les retombées socio-économiques « effrayantes » de cette guerre. « C’est une véritable guerre sociale », a-t-elle dit, en pointant l’inflation « meurtrière » qui « accélère l’effondrement du niveau de vie par l’approfondissement et l’accélération des politiques  antisociales. ».

À cause des sanctions occidentales contre la Russie, « plus de 20 millions d’Africains sont déjà frappés par la famine alors que l’Europe sombre dans une décadence effrayante », explique Louisa Hanoune.

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La patronne du PT, ajoute en citant le PNUD et le Programme alimentaire mondial (PAM) que « jusqu’à ce jour des centaines de millions de personnes de par le monde sont menacées de famine ».

Louisa Hanoune dresse un tableau sombre de la situation en Algérie

Louisa Hanoune précise qu’elle est « contre les guerres d’occupation ». « Nous sommes contre la guerre en Ukraine, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », a-t-elle dit, en affirmant que l’Algérie ne sera pas « épargnée » par les conséquences de la guerre en Ukraine.

La SG du PT dresse un tableau sombre sur la situation en Algérie, en évoquant une « dégradation épouvantable des conditions de vie et d’enseignement pour la majorité des familles. »

« Des parents incapables d’assurer les fournitures scolaires pour l’ensemble de leurs enfants  faute de moyens, les prix ayant augmenté de 300%, et pointe à l’horizon l’exclusion des filles du système scolaire, sacrifiées…la prime de scolarité de 5000 DA par enfant  destinée aux familles dites démunies ne couvrant même pas 10% du coût de la rentrée alors que la pauvreté s’étend désormais à de très larges couches », énumère Louisa Hanoune, qui parle d’une « régression qui interpelle toutes les consciences ».

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Toujours au plan social, la SG du PT affirme que la surcharge des classes est  « effrayante dans toutes les régions qui atteignent jusqu’à 60 élèves par classe, y compris à Alger. »

« Quant à l’introduction de l’anglais  en 3ème année primaire, dans l’improvisation, sans aucune préparation également, elle a induit une situation irréelle, un enseignant d’anglais pour 6 écoles, parfois situées dans des APC différentes ou encore, un enseignant d’anglais pour un CEM et plusieurs écoles primaires à la fois. Et là aussi syndicats et experts ont tiré en vain la sonnette d’alarme », critique encore Louisa Hanoune.

Elle déplore que sur « 20 000  enseignants d’anglais qui devaient être  recrutés ce qui ne couvre même pas 50% des besoins réels, seuls 5000 l’ont finalement été c’est-à-dire 25%, comme contractuels. »

« Donc dans ce domaine aussi est consacrée une discrimination entre les élèves algériens. Les conséquences seront là aussi pire que celui qu’a entrainé l’arabisation, sans transition, c’est-à-dire dans l’improvisation, car pour des motivations avant tout idéologiques, par le passé et dont les conséquences ont été néfastes à ce jour sur l’enseignement en général et des langues en particulier », met en garde Louisa Hanoune.

Poursuivant dans son constat, la SG du PT s’alarme de la dégradation des conditions sociales des Algériens et de la flambée de la criminalité. Comment ne pas s’inquiéter de la dégradation des conditions sociales lorsque le dernier rapport de la gendarmerie alerte sur l’explosion du nombre d’homicides volontaires, que l’insécurité, le banditisme se propagent expressions de la décomposition sociale », a-t-elle dit.

D’une façon générale, Louisa Hanoune décrit une situations sociale intenable en expliquant que « l’endettement des familles auprès des banques, dans l’incapacité désormais de rembourser, prend des proportions alarmantes », que les enseignants et les médecins du secteur public « sont plongés dans la précarité, nos cadres sont appauvris. Ce qui met en danger nos services publics vitaux et de ce fait la pérennité de l’État. »

« La majorité des familles n’arrivent plus à boucler les fins de mois,  des pans entiers de la société sont devenus des déclassés », alerte encore Louisa Hanoune qui réclame la libération des détenus d’opinion, et dénonce le « transfert du journaliste Mohamed Mouloudj vers la prison de Ain Oussera suite à une grève de la faim qu’il a observée avec d’autres détenus pour protester contre l’abus de détention préventive ». 

Menaces de sanctions américaines contre l’Algérie

Dans son discours, Louisa Hanoune a abordé la question relative à la demande adressée par le sénateur américain Mario Rubio, au secrétaire d’État Antony Blinken pour imposer des sanctions contre l’Algérie en raison de l’achat d’armes à la Russie. Pour elle, cela « vient nous rappeler que nous ne sommes pas immunisés  contre l’ingérence et le chantage étrangers. »