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Blocage des importations : les partenaires commerciaux de l’Algérie inquiets

Blocage des importations : les partenaires commerciaux de l’Algérie inquiets

La décision de l’Algérie d’interdire l’importation de nombreux produits inquiètent ses partenaires commerciaux. De l’autre côté de la Méditerranée, cette décision nourrit bon nombre d’inquiétudes.

Certes, les industriels espagnols de la céramique, l’un des produits marqués par ces nombreuses restrictions, ont laissé échapper un ouf de soulagement depuis que l’Algérie a levé temporairement l’interdiction totale d’importation en octroyant des licences à une centaine de céramistes, en décembre dernier.

Le secteur de la céramique espagnole avait perdu a minima 20 millions d’euros, deux mois après l’instauration du blocus en avril dernier, révélait le journal El Mundo. Si aujourd’hui les Espagnols peuvent commercer avec leurs homologues algériens jusqu’à fin mai, qu’en adviendra-t-il par la suite ?

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L’industrie européenne de la céramique ébranlée

Dans une interview accordée, lundi 26 février, au quotidien ibérique, Renaud Batier, le directeur général de Cerame-Unie, l’association européenne de l’industrie céramique, a reconnu que les barrières commerciales imposées notamment par l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte et l’Arabie saoudite ont de quoi préoccuper l’industrie européenne, qui a été « particulièrement affectée par cette tendance croissante du protectionnisme ».

Interrogé sur le cas de l’Algérie, il avoue sans ambages que « ces quotas d’importation ont profondément affecté les producteurs européens, en particulier les exportateurs italiens et espagnols, pour lesquels l’Algérie est une destination majeure », ajoutant que « les exportations des tuiles et revêtements céramiques en provenance de l’UE a diminué de 44% en valeur et 45% en volume. »

Avant de préciser qu’un avis portant sur l’ouverture des contingents quantitatifs pour l’importation de produits enfreint les dispositions et les objectifs de l’accord UE-Algérie de 2005 (en particulier en liaison avec l’article 17.2 stipulant : « Aucune restriction quantitative à l’importation ou à l’exportation ou mesures ayant effet équivalent sera introduit dans les échanges entre la Communauté et l’Algérie »), détaille El Mundo.

Le directeur général finit par indiquer que la Commission européenne a été alertée sur le sujet et traite avec une délégation de l’UE basée à Alger.

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La France, deuxième pays fournisseur de l’Algérie, n’est pas non plus épargnée par ce vent d’angoisse. « La mise en place des licences d’importation sur plusieurs produits s’est notamment fait ressentir sur le poste tubes, tuyaux, profilés creux et accessoires correspondants en acier (de 109 M€ au premier semestre 2016 à 12 M€ pour le premier semestre 2017) », indique un document publié par le service économique de l’ambassade de France en Algérie.

Quatre-vingt entreprises traitant avec l’Algérie étaient quant à elles présentes à une réunion organisée le 15 février dernier par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Île-de-France (CCI) afin de s’informer sur la dernière réglementation régissant « l’autorisation de libre circulation des produits », indique la revue spécialisée du Moniteur du commerce international.

Un rendez-vous auquel a notamment participé Reda El Baki, le directeur général de la chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF). Pour l’heure, aucun des deux organismes n’a pu répondre à nos sollicitations.

Erdogan voit d’un mauvais œil les licences d’importation

Tandis qu’il a débuté ce lundi 26 février à Alger une visite diplomatique de deux jours, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont la venue en Algérie vise à impulser les relations économiques entre les deux pays, a tenu à partager son avis sur l’instauration de ces mesures commerciales restrictives.

« Le dispositif des quotas et des licences d’importation en Algérie influe négativement sur nos relations commerciales. Ces mesures font que l’Algérie importe plus cher les produits dont elle a besoin de l’Union européenne au lieu de la Turquie (…) Nous sommes prêts à fournir ces marchandises en meilleure qualité, avec des prix plus bas. Aussi, la suppression rapide de ce dispositif (quotas d’importation) va contribuer grandement à augmenter le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays », a déclaré le chef d’État au journal national Echorouk.

« Presque 1.000 entreprises turques travaillent en Algérie. Elles sont parmi les plus grands investisseurs étrangers avec un volume de 3,5 milliards dollars. Les autorités algériennes elles-mêmes disent que ces entreprises assurent le plus grand nombre d’opportunités d’emploi », a-t-il également indiqué, alors que la Turquie espère la signature d’un accord de libre-échange avec l’Algérie depuis 2005.

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