La direction du FLN a envoyé un courrier au président de la République pour lui demander officiellement de se présenter pour un 5e mandat en 2019.
« Nous avons saisi Monsieur le président de la République par un long courrier avec les motions (de soutien) des 48 wilayas et des 120 mouhafed, au nom des 700.000 adhérents, pour exprimer le souhait de toute la base militante de voir le président poursuivre sa mission à la tête de l’État. Le courrier est chez lui, le dernier mot lui revient. Il n’a pas encore répondu. Quand il répondra, on vous appellera et on vous le dira. Vous savez que je suis copain des journalistes… », a déclaré, ce samedi 14 juillet, Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, lors d’une conférence de presse à Ain Defla, après une réunion avec les cadres de son parti.
Le patron du FLN a appelé les journalistes à faire la différence entre « se porter candidat » et « continuer son action à la tête de l’État ». « J’ai passé une semaine à réfléchir pour trouver cette formule. Il ne faut pas parler de candidature mais de poursuite de la mission. Il faut saisir la nuance », a-t-il conseillé.
« Il faut demander à Luka Modric… »
Un journaliste a voulu savoir si le SG du FLN a eu « une rencontre officielle » avec le président Bouteflika pour aborder la question. « Là, vous entrez dans les six mètres. Il faut demander à Luca Modric (capitaine de l’équipe de Croatie, finaliste de la coupe du Monde 2018), il va te répondre », a-t-il ironisé.
Ould Abbes a rappelé que le FLN a été le premier parti à demander au président « de continuer sa mission dans l’intérêt du pays et dans l’intérêt général » (en mars et en avril 2018). « Nous avons été suivis par l’UGTA, par le RND, le TAJ, l’ANR, les organisations estudiantines et les enfants de Chouhada. C’est notre initiative mais le FLN n’a pas le monopole. Il faut qu’il y ait un consensus. Le président de la République et président du FLN est le président de tous les Algériens. Il ne sera pas le candidat du FLN. Nous avons donc espoir pour qu’il y ait un consensus. Mais, le dernier mot revient au président », a-t-il insisté.
| LIRE AUSSI : Les pièces du puzzle du 5e mandat pour Bouteflika assemblées par petits mouvements
Selon lui, vingt-six organisations et partis ont déjà lancé un appel au chef de l’État pour rempiler pour un autre mandat de cinq ans en 2019. « Nous ne parlons pas du 5, 6 ou 7e mandat. Nous parlons de la continuité de la mission du président de la République. Sans monopole de notre part, nous ferons un travail collectif autour d’un candidat du consensus(…) Je le dis en toute responsabilité, la majorité du peuple algérien veut que le président continue son action », a-t-il proclamé. Il a ajouté que l’époque des alliances était révolue.
« La Présidence de la République n’est pas un bien vacant »
Manière à lui de dire que l’Alliance avec le RND autour du projet du président ou avec d’autres partis n’est plus à l’ordre du jour. Le FLN, le RND et le MSP (rejoint par TAJ) ont constitué durant les derniers mandats de Bouteflika « une Alliance présidentielle » qui devait appliquer sur le terrain le programme du locataire du Palais d’El Mouradia.
Lors de la rencontre avec les cadres à Ain Defla, Ould Abbes a rappelé que la candidature à la présidentielle est ouverte dans la mesure où la Constitution le permet. « Au FLN, nous présentons qu’un seul candidat. Celui qui veut mettre le burnous du FLN pour nous faire le coup comme en 2004, c’est fini ! J’ai entendu que dans une wilaya, pas loin d’ici, l’un d’eux à présenter à un groupe, « le future président de la République ». La Présidence de la République n’est pas un bien vacant. Elle n’est pas un Souk El Fellah ni un Prisunic », a-t-il lancé.
En 2004, Ali Benflis, ancien chef du gouvernement, s’était présenté contre Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle. Une rude bataille a été engagée pour contrôler le FLN (la justice a invalidé les travaux d’un congrès organisé par Ali Benflis, alors secrétaire général du parti).
Bouteflika et « le don du pouvoir »
Interrogé par les journalistes sur l’éventualité d’un remaniement du gouvernement, Ould Abbes a botté en touche en analysant « le mode de gouvernance » du chef de l’État actuel. « Je le connais mieux que quiconque. J’ai dit qu’il ressemblait à un lion qui observe et attend. Au moment opportun, il donne son coup de patte. Le lion est le chef, le roi. Quand il le faut, il intervient. Peut-être qu’il prépare quelque chose. Il nous a habitués à la surprise. C’est cela la magie du pouvoir. Certain ont le don artistique et d’autres le don du pouvoir », a-t-il souligné.
Il a évité de répondre à une question sur la prochaine réunion du Comité central (reportée sine die). Djamel Ould Abbes a, par contre, répondu à Hocine Khaldoune, ancien membre du Bureau politique (BP), qui vient de lancer une initiative pour « sauver le FLN ».
« Je n’ai pas ramené les 19 membres du BP de Tel Aviv »
« À mon arrivée à la direction du FLN, j’ai hérité de Khaldoune qui a démissionné après. Il est allé déclarer aux chaînes de télé que Ould Abbes était un dictateur. Pourquoi serais-je dictateur ? Il s’est retiré de lui-même. Avant les élections législatives, il est revenu pleurer pour qu’on le mette dans la liste. Il m’a fait de la peine. Son nom a été inscrit en deuxième position. Malgré cela, il n’a pas décroché de siège pour le parti. Pire, dans la commune où il est né, il a obtenu 0 voix. Peut-il parler aujourd’hui aux noms des autres ? », s’est-il interrogé.
Dans une récente interview à TSA, Hocine Khaldoune a déclaré que Ould Abbes n’a jamais été favorable au 5e mandat pour Bouteflika. « Et ce n’est pas parce qu’il le dit qu’il le pense vraiment », a-t-il appuyé.