Le géant pétrolier britannique BP a annoncé ce lundi sa décision de déprécier fortement la valeur de ses actifs, anticipant un prix du pétrole moins élevé au cours des trente prochaines années provoqué par un « impact durable » de la pandémie du coronavirus, rapportent ce lundi plusieurs médias.
BP mise désormais sur une moyenne de 55 dollars par baril de Brent entre 2021 et 2050. « La pandémie de la Covid-19 s’étant poursuivie au cours du deuxième trimestre 2020, BP voit désormais la perspective d’une pandémie ayant un impact durable sur l’économie mondiale, avec un potentiel de baisse de la demande d’énergie pendant une période prolongée », indique le géant pétrolier dans un communiqué.
« La direction de BP s’attend également de plus en plus à ce que les conséquences de la pandémie accélèrent le rythme de la transition vers une économie et un système énergétique à plus faible intensité de carbone, les pays cherchant à ‘’reconstruire mieux’’ afin que leurs économies soient plus résilientes à l’avenir », explique la compagnie pétrolière.
« Les hypothèses de prix révisées à long terme de l’évaluation des investissements de BP sont désormais en moyenne d’environ 55 dollars par baril pour le Brent et de 2,90 dollars par million de BTU pour le gaz Henry Hub, de 2021 à 2050 », fait savoir BP.
« Ces hypothèses de prix à long terme inférieures sont considérées par BP comme globalement conformes à une gamme de voies de transition cohérentes avec les objectifs climatiques de Paris. Cependant, ils ne correspondent à aucun scénario spécifique cohérent avec Paris », précise la compagnie britannique.
Dans ce contexte, BP a annoncé sa décision de déprécier la valeur de ses actifs entre 13 et 17 milliards de dollars après impôts sur le trimestre en cours. « Je suis convaincu que ces décisions difficiles – inscrites dans notre ambition de neutralité carbone et réaffirmées par la pandémie – nous permettront d’être plus compétitifs durant la transition énergétique », a estimé Bernard Looney, président exécutif de BP.
BP n’est pas le premier pétrolier à réaliser une telle dépréciation d’actifs, rappelle le site spécialisé Novethic. Le pétrolier espagnol Repsol a annoncé à la fin de l’année dernière une dépréciation de presque 5 milliards d’euros et le géant américain Chevron une dépréciation de 10 à 11 milliards de dollars.
Dans les deux cas, les groupes anticipaient déjà la faiblesse du prix du baril, le renforcement des réglementations nationales sur les émissions de CO2, en passant par la montée en puissance des véhicules électriques, précise la même source.