Société

Coronavirus : ces pays entament le déconfinement partiel, entre inquiétude et espoir

Alors que la pandémie du coronavirus continue de se propager à travers le monde, certains des pays les plus affectés ont entamé les procédures de déconfinement partiel et progressif de la population, signe d’une accalmie dans ces régions même si les inquiétudes sur les risques d’un déconfinement trop hâtif sont présentes.

En Chine, à Wuhan précisément, berceau initial de la pandémie, le déconfinement a été entrepris très progressivement depuis mercredi dernier, après 77 jours de confinement quasi-total. Les habitants sont cependant toujours incités à rester chez eux, les contrôles sanitaires restent poussés et les arrivées et sorties de cette mégapole de 11 millions d’habitants sont surveillées. Dans le reste du pays, la reprise du travail est pour sa part largement entamée.

En Espagne, bien que le confinement se poursuive, le gouvernement a autorisé trois millions de travailleurs, sous conditions strictes, à reprendre le chemin des usines et des chantiers, après deux semaines d’« hibernation » de toutes les activités économiques non essentielles, selon les médias. Dix millions de masques ont été distribués par des policiers et volontaires dans les métros et les gares dans le but de relancer la fragile économie espagnole tout en évitant un rebond des contagions.

L’un des pays les plus durement frappés par l’épidémie, la France, a prolongé ce lundi d’un mois son confinement.

« L’épidémie commence à marquer le pas », a déclaré le président Emmanuel Macron dans une allocution télévisée, annonçant le 11 mai comme date du début du déconfinement partiel, avec une réouverture « progressive » des écoles et des crèches.

Il s’agira cependant d’une sortie progressive. Alors que les écoles devraient rouvrir peu à peu à partir du 11 mai, les bars, restaurants ou cinémas resteront fermés jusqu’à nouvel ordre, tout comme les frontières avec les pays non-européens. Le masque de protection pourrait quant à lui devenir systématique dans certaines situations, comme les transports en commun.

En Italie, le confinement et l’arrêt quasi total de l’activité économique imposé depuis plus d’un mois a été prolongé jusqu’au 3 mai. Cependant, quelques commerces, comme les librairies ou les laveries, sont autorisés à rouvrir mardi dans certaines régions. Cet allègement, annoncé le 10 avril par le chef du gouvernement Giuseppe Conte, reste toutefois marginal, explique la même source.

En Autriche, le déconfinement débute ce mardi très progressivement. Ce sont d’abord les parcs et certains commerces comme les jardineries qui vont rouvrir. Les masques seront néanmoins obligatoires partout. Le retour à la normale n’est quant à lui pas prévu d’ici un mois, le chancelier Sebastien Kurz incitant la population à se montrer responsable et raisonnable, malgré l’assouplissement des mesures.

En République tchèque, les autorités estiment que le pays a dépassé le pire et réussi à arrêter une propagation incontrôlée du coronavirus. Le gouvernement prépare dans ce cadre « un retour progressif et sous contrôle à la vie normale ». Des mesures prises pour lutter contre la maladie, comme le port du masque dans l’espace public, ont déjà été assouplies. Par exemple, depuis une semaine, les habitants peuvent déjà retourner dans certains commerces, comme des magasins de bricolage.

Aux États-Unis, le conseiller scientifique du président Trump, Anthony Fauci, a estimé que l’économie américaine pourrait redémarrer graduellement en mai grâce à un début d’amélioration des principaux indicateurs de la propagation. « Le pire est passé si nous continuons à être intelligents » et à suivre les mesures de confinement, a estimé de son côté Andrew Cuomo le gouverneur de New York, état le plus touché par le coronavirus dans le pays.

Au Royaume-Uni, l’heure est encore au confinement. Les « mesures actuellement en vigueur » ne devraient pas être levées immédiatement, le pays n’ayant « toujours pas passé le pic » de l’épidémie, a annoncé ce lundi le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, qui dirige provisoirement le gouvernement en l’absence de Boris Johnson, malade.

En Suisse, la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga, considère que « les premiers assouplissements devraient pouvoir se produire déjà avant fin avril », avec comme condition préalable qu’il n’y ait plus d’augmentation des contaminations.

Les mesures actuelles, qui comprennent l’interdiction des rassemblements de plus de 5 personnes, la fermeture des frontières ou des commerces non essentiels ont été prolongées jusqu’au 26 avril, mais « avant la fin du mois, les mesures seront progressivement assouplies avec toute la prudence qui s’impose », affirme la présidente de la Confédération, citée par des médias.

L’Allemagne prévoit de son côté de lever progressivement les restrictions, profitant d’une situation moins tragique que dans d’autres pays européens. L’Académie nationale des Sciences Leopoldina, institution sur laquelle se base le gouvernement de la chancelière Merkel, a prôné un retour « par étapes » à la normale si notamment les chiffres des nouvelles contaminations « se stabilisent à un bas niveau » et si « les mesures d’hygiène sont maintenues ».

OMS : l’immunité après une première infection est une « inconnue »

L’heure est cependant à la prudence. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet réitéré ce lundi son appel à l’extrême prudence, prévenant qu’une levée prématurée des mesures de confinement pourrait entraîner une « résurgence mortelle » de la pandémie et préconisant dans ce cadre un déconfinement « lent ».

Des inquiétudes demeurent également sur l’immunité à une rechute des patients déjà atteints par le coronavirus, alors qu’en Corée du Sud, des patients guéris ont été à nouveau testés positifs quelques jours plus tard. « En ce qui concerne la récupération puis la réinfection, je pense que nous n’avons pas les réponses. C’est une inconnue », a admis le docteur Mike Ryan, directeur exécutif des programmes d’urgence de l’OMS, cité par BFM TV.

« On pourrait s’attendre à ce qu’une personne qui génère une réponse immunitaire avec des anticorps détectables soit protégée pendant un temps », a estimé le docteur Ryan. Néanmoins, « nous ne savons tout simplement pas quelle est la durée de cette période. Nous pourrions nous attendre à une période de protection raisonnable, mais il est très compliqué de le dire avec un nouveau virus », a estimé le responsable de l’OMS, cité par la même source.

Dans la même veine, la ministre des Affaires étrangères sud-coréenne, Kang Kyung-wha, a annoncé ce lundi que des patients infectés au Covid-19 et considérés comme « complètement guéris » ont été « testés positifs quelques jours plus tard ».

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