Société

Des Algériens réclament la réouverture des frontières

Les frontières de l’Algérie sont fermées depuis mars 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. Des opérations de rapatriement ont été opérées, ce qui a permis à des milliers d’Algériens de regagner le pays.

Depuis le 1er mars dernier, les vols internationaux de rapatriement ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre, après l’apparition du variant britannique du Covid-19 en Algérie. De nombreux Algériens restent bloqués à l’étranger et n’ont aucun moyen de rentrer chez eux, en dépit des appels et des demandes de rouvrir partiellement les frontières.

Un groupe d’associations vient de lancer un nouvel appel au président de la République Abdelmadjid Tebboune en vue de permettre aux Algériens de rentrer au pays dans le respect des mesures sanitaires.

« Nous vous implorons donc, Monsieur le Président, d’autoriser vos concitoyens de l’étranger à rentrer dans leur pays. Vos équipes seront certainement aptes à éditer des règles sanitaires (tests, isolement…) qui permettront ces voyages en toute sécurité et qui seront acceptées de bon cœur par tous », écrivent les membres signataires de l’appel.

La reprise des vols d’Air Algérie, qui est « probablement salutaire » pour la compagnie aérienne nationale, « ne laissera pas à la seule compagnie Air France le privilège de ramener ses nationaux », ajoutent-ils, en exprimant l’espoir que leur appel soit entendu par M. Tebboune.

Ce groupe d’associations et de collectifs sont regroupés sous la Coordination des associations de la société civile de l’immigration algérienne et des cadres algériens à l’étranger et en Algérie.

Dans leur lettre, dont TSA détient une copie, ces associations se disent prêtes à se conformer à toutes les mesures sanitaires qu’impose la situation sanitaire marquée par l’apparition des variants du Covid-19 en Algérie.

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« Les Algériens contraints à une séparation sans fin »

« Bien que les conditions sanitaires ne soient toujours pas idéales, surtout en France ces temps-ci ; la vaccination pour certains, les tests PCR pour tous, voire une période de septaine, permettent les déplacements entre de nombreux pays. Surtout, la majorité des nations, même si elles excluent le tourisme, autorisent leurs ressortissants, enfants du pays, à rentrer dans leur pays, même s’ils résident à l’étranger », soutiennent les signataires de l’appel, contraints malgré eux « à une séparation sans fin » de leurs familles en Algérie.

« L’effroyable pandémie qui a touché l’ensemble de la population mondiale (…) elle a obligé des hommes, des femmes et des enfants à une séparation qui ne trouve pas de fin. C’est le cas de très nombreux Algériens qui vivent en France et à l’étranger et n’ont pas pu rentrer dans leur pays, revoir les leurs, serrer leurs enfants dans leurs bras », déplorent ces associations.

« Plus que tout autre, vous-même qui avez souffert de cette maladie qui vous a obligé à l’éloignement, nous sommes sûrs que vous n’aviez qu’une hâte : retrouver votre cher pays et votre famille », concluent les signataires.

Parmi les ressortissants qui ont émis la volonté de revenir au pays se trouvent des médecins, à l’exemple du Dr Houssam Korib. Médecin-chirurgien algérien établi en France, il est président d’une association médicale et a été à la tête d’un collectif d’Algériens ayant fourni des aides médicales aux hôpitaux algériens durant les moments difficiles de la pandémie de Covid-19.

Le Dr Korib est également le porte-parole de l’Association des compétences et des cadres algériens à l’étranger, née il y a six mois. À ce titre, le médecin algérien rappelle que l’association a, en octobre 2020, transmis une lettre au chef de l’État par le biais des représentations diplomatiques et consulaires de l’Algérie à l’étranger, pour une ouverture « progressive, suivant une vision réaliste » des frontières aux ressortissants algériens.

« Malheureusement, cette demande n’a pas été acceptée, et la lettre est restée sans aucune réponse », déplore dans une vidéo ce médecin signataire de l’Appel.

« La souffrance a trop duré, des gens pleurent leur séparation avec leurs familles et proches », a martelé le médecin. Il considère qu’ « il n’y a aujourd’hui aucun prétexte scientifique pour le maintien de la fermeture des frontières », alors que les moyens de dépistages (PCR) sont disponibles.

« Un moyen adopté par tous les pays du monde », s’exclame le Dr Korib qui réitère l’engagement des Algériens de la diaspora à présenter un test PCR avant d’embarquer vers l’Algérie.

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« Notre destin est d’être nés Algériens »

« Le test PCR est capable de détecter y compris les variants (du Covid originel) », appuie le médecin. À son argumentaire en faveur de la réouverture des frontières, le Dr Korib ajoute le facteur relatif aux vaccins contre la Covid.

« On se demande dès lors pourquoi on ne rouvre pas les frontières aux enfants du pays ? On ne dit pas de les ouvrir aux étrangers ou les touristes », ajoute-t-il citant les cas de plusieurs pays qui n’ont pas fermé les frontières à leurs ressortissants.

« Notre destin est d’être nés Algériens. Par conséquent, priver un Algérien de pleurer sur la tombe de son père ou de sa mère est inhumain, voire illégal et anticonstitutionnel », estime ce médecin.

« Ces Algériens ont le droit de rentrer chez eux », plaide, dans une déclaration à TSA le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) qui a relayé l’appel de son confrère et des autres Algériens pour la réouverture des frontières.

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