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Égypte : le régime militaire de Sissi en difficulté

Égypte : le régime militaire de Sissi en difficulté

Un nouveau mouvement de contestation populaire gronde en Égypte contre le président Abdelfattah Al-Sissi, huit ans après le Printemps arabe qu’a traversé le pays et qui a mené au départ du dictateur Hosni Moubarak après trente ans de règne.

Ce vendredi, des centaines d’Égyptiens ont manifesté dans plusieurs villes du pays à l’image de la capitale Le Caire, Suez ou Alexandrie afin de demander le départ du président Sissi, bravant l’interdiction officielle de se rassembler publiquement imposée par le pouvoir autoritaire de l’actuel président égyptien depuis 2013.

À l’origine de cette pression populaire, la publication de vidéos sur internet par un entrepreneur dans le BTP dénommé Mohammed Ali, qui a accusé Abdelfattah Sissi et l’armée de corruption massive. Cet entrepreneur qui aurait travaillé pendant quinze ans dans des projets de construction est désormais en exil en Espagne.

Dans ses vidéos publiées, il appelle au renversement du régime égyptien et accuse l’armée d’avoir réalisé des bénéfices illicites pharaoniques sur des projets de construction, accusant également le président Sissi d’avoir dilapidé l’argent du peuple dans des palais et hôtels luxueux.

Les chiffres donnés interpellent, puisque Mohammed Ali parle d’un coût de 110 millions d’euros pour la construction d’un hôtel par une entreprise de l’armée dans la banlieue du Caire ou encore 12 millions d’euros pour la construction d’une résidence d’été du président sur la côte méditerranéenne, près d’Alexandrie.

Ces chiffres indécents sont révélés alors que plus d’un tiers des Égyptiens vit sous le seuil de la pauvreté et que les mesures d’austérité sont légion dans le pays miné par l’inflation et les coupes aux subventions imposées par le FMI.

« Après tout ça, tu dis que nous sommes très pauvres et nous devons nous affamer », fustige l’entrepreneur à l’attention du président égyptien. « Est-ce que toi tu t’affames ? Tu gaspilles des milliards. Tes hommes gaspillent des millions et des millions », dénonce Mohammed Ali dans ses vidéos, cité par le Washington Post.

Les accusations portées par l’entrepreneur ont à l’évidence été jugées suffisamment crédibles par les Égyptiens, puisque des millions d’internautes égyptiens ont bravé le risque de poursuites en relayant sur les réseaux sociaux le hashtag « ça suffit comme ça Sissi » avant de sortir dans les rues pour appeler au départ du président égyptien.

Les manifestations antigouvernementales sont rares en Égypte, où elles sont interdites en vertu d’une loi adoptée en 2013 après le coup d’État militaire dirigé par le général Sissi contre le président islamiste Mohamed Morsi. Sans surprise, cinq personnes ont été arrêtées ce vendredi pendant le rassemblement organisé de nuit sur la place Tahrir, lieu symbolique du Printemps égyptien en 2011.

La sévère répression contre l’opposition, avec l’emprisonnement de milliers d’islamistes, d’activistes de la société civile ou encore de blogueurs, a récemment mené le président des États-Unis Donald Trump à qualifier Abdefattah Al-Sissi de son « dictateur favori ».

L’information a eu un écho important chez le peuple égyptien, et les Égyptiens ont été nombreux dans ce contexte à appeler directement à « la chute du dictateur d’Égypte ». Une banderole à l’effigie du président égyptien a dans ce cadre été arrachée ce vendredi soir par les manifestants.

L’entrepreneur Mohammed Ali, en exil en Espagne, a pour sa part été sèchement critiqué par le célèbre cyber-militant Wael Ghonim, réfugié aux États-Unis. Ce dernier reproche à l’entrepreneur d’avoir pris la parole contre ses anciens associés seulement « parce qu’ils se sont moqués » de lui.

« Tu sais très bien que s’ils t’avaient parlé avant tes vidéos et donné tout l’argent que tu voulais on n’aurait jamais entendu parler de tes vidéos, toi l’homme aux principes en plastique », a affirmé le cyber-activiste cité par Francetvinfo, interpellant directement l’entrepreneur.

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