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Équipe nationale : le mal est profond

Équipe nationale : le mal est profond

Une parenthèse, qui n’aurait jamais dû s’ouvrir, se ferme pour l’équipe nationale de football. Le public algérien, qui n’a jamais accepté la nomination de Rabah Madjer à la tête de la barre technique des Verts et qui n’a eu de cesse de réclamer son départ, peut maintenant souffler : l’ancien joueur de Porto va partir, ce n’est plus qu’une question de jours.

La décision de son limogeage lui aurait même été signifiée, avant son entérinement lors de la réunion du bureau fédéral du 24 juin, ou peut-être même bien avant. À moins d’un revirement de dernière minute.

Est-ce à dire qu’il faut maintenant se frotter les mains et s’attendre à revoir les Verts redevenir un ogre d’Afrique bientôt ? Sans doute pas, même si le départ de l’entraîneur le plus contesté de l’histoire du football algérien est de nature à ramener cette sérénité qui faisait la force de la sélection dans un passé pas très lointain et qui lui fait défaut depuis quelque temps.

Le public ne doit pas raisonnablement jubiler car, que l’on soit fan de Madjer ou pas, le mal qui ronge l’équipe nationale est plus profond que la personne du sélectionneur, fut-il incompétent et sans références comme le soutiennent ses détracteurs.

Il est vrai qu’avec Madjer, l’équipe a atteint le fond et rien n’indique qu’elle relèvera la tête de sitôt, dans un climat plus que malsain marqué par une contestation sans précédent du staff technique et un abattement psychologique des joueurs, pourtant aguerris et habitués à la pression du haut niveau pour la plupart.

Alors qu’on aurait pu croire que la défaite face au Cap-Vert est un accident de parcours, le match face au Portugal a fini par dépiter les derniers optimistes et de les convaincre que Madjer n’est définitivement pas à sa place.

Des joueurs évoluant sans âme ni envie, un schéma tactique illisible, des lignes disloquées, outrageuse domination de l’adversaire avec à la clé trois pageots et le sentiment d’avoir échappé à une correction historique au vu du nombre incalculable d’occasions nettes ratées par Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers.

En cette soirée de jeudi 7 juin, les Verts ont bu le calice jusqu’à la lie. Et comme si cela ne suffisait pas, le commentateur de l’ENTV, Sami Nouredddine, y est allé de ses railleries de bas étage pas seulement à l’égard du joueur Salim Boukhanchouche mais sur toute l’équipe. Mais comment une équipe qui a joué d’égal à égal un huitième de finale de Mondial contre le futur champion du monde, peut-elle tomber si bas en l’espace de quelques années, au point de susciter de telles moqueries ?

Mettre tout sur le dos de Madjer serait assurément injuste, même s’il endosse une grosse part de responsabilité dans ce qui arrive à l’équipe nationale. L’homme à la talonnade n’est pas aussi doué comme entraîneur qu’il ne l’était en tant que joueur, mais il n’a jamais voulu l’admettre, refusant, sans doute par suffisance, de passer les stages nécessaires pour apprendre le métier.

Limité donc sur le plan de la culture tactique, Madjer a prouvé qu’il l’est aussi concernant la gestion du groupe et la communication. Même avec de telles carences, il ne s’est pas empêché de crier à la marginalisation pendant des années, réclamant le poste de sélectionneur comme s’il lui revenait de droit, alors qu’il a eu sa chance plutôt deux fois qu’une dans les années 1990 et 2000.

Tel un enfant gâté, il finira par obtenir ce qu’il voulait avec l’appui des autorités politiques qui, hélas, ne peuvent rien pour lui une fois sur le terrain. Madjer doit partir, quitte à l’indemniser fortement, là n’est pas la question.

Cela dit, son départ constituera-t-il la panacée qui fera de nouveau des Verts une machine à gagner ? Tout dépendra en effet des futurs choix de la FAF où, semble-t-il, les « erreurs de casting » sont devenues monnaie courante. Aussi, le mal qui ronge l’EN semble bien plus profond.

Avant Madjer, l’Espagnol Lucas Alcaraz n’avait rien pu faire, tout comme ceux qui l’avaient précédé, le Serbe Milovan Rajevac et le Belge Georges Leekens.

En fait, l’équipe d’Algérie a entamé sa descente aux enfers le jour où la FAF a laissé partir Christian Gourcuff. Ayant succédé au Bosnien Vahid Hallilhodzic au lendemain du Mondial brésilien, le technicien français a fait un excellent travail avec l’équipe d’Algérie.

Avec lui, les coéquipiers de Mahrez étaient libérés, développaient un jeu léché et porté vers l’avant et gagnaient par des score lourds. La démission de Gourcuff sera le point de départ d’une longue période d’instabilité puisqu’elle entraînera aussi le départ du chevronné président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui laissera sa place à une nouvelle équipe dirigée par Kheireddine Zetchi, volontaire à souhait mais, hélas, très peu expérimentée.

Les erreurs de casting et autres se succéderont, comme cette incroyable décision de confier les rênes de l’EN à un entraîneur sans diplômes et qui n’a pas exercé pendant plus de 15 ans, sous la pression, semble-t-il, des pouvoirs publics. Toutes ces erreurs ainsi que les scandales à répétition et le climat malsain qui prévaut dans l’entourage de la FAF ont fini par déteindre sur l’ambiance au sein de l’équipe nationale et ses résultats.

Il appartient aujourd’hui à Zetchi et son bureau de diagnostiquer le mal, d’assainir la situation et de prendre les bonnes décisions, notamment celle relative à la désignation du nouveau coach. Leur inexpérience ne saurait justifier une autre erreur. En un mot, la FAF et l’équipe nationale ne sont pas un terrain de stage.

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