Le Pr Abderrazak Bouamra, chef du service d’épidémiologie et de médecine préventive au CHU de Blida, fait état d’une hausse des hospitalisations dues à la Covid-19 dans son établissement. Tout en regrettant le relâchement dans le respect des mesures barrières, il annonce la réouverture d’autres services dédiés à la prise en charge des personnes testées positives à la Covid-19 afin de « se préparer à toute éventualité ».

Comment évolue la situation épidémique au CHU de Blida ?

Les malades qui viennent en consultation pour Covid augmentent au même titre que les hospitalisations et les admissions en soins de réanimation. C’est logique de revoir la stratégie de communication et alerter les gens afin de les amener à respecter les mesures barrières.

Le ministre de la Santé a dit que les établissements hospitaliers devraient augmenter leurs capacités en lits d’hospitalisation pour anticiper une flambée de l’épidémie. L’envisagez-vous aussi au CHU de Blida ?  

Nous étions en réunion (hier lundi, ndlr) pour envisager la réouverture d’une partie de quelques services. Nous avons revu notre stratégie et la décision a été prise de rouvrir ces services. Nous sommes en train de nous préparer à toute éventualité. Il y a deux mois à peu près nous étions de 8 à 10 malades/jour (en réanimation, ndlr). Aujourd’hui  (lundi 26 octobre), nous avons 32 malades hospitalisés en réanimation (sur une capacité d’une soixantaine de lits, ndlr), ce qui signifie que le nombre a augmenté. Nous avons deux types de lits : ceux qui sont dotés de respirateurs et ceux qui ne le sont pas. Les malades hospitalisés en réanimation présentent des formes graves.

Vous confirmez que le relâchement concernant le respect des mesures barrières a causé cette augmentation des contaminations ?

Malheureusement, chez nous, on vit une période de relâchement total, c’est-à-dire qu’on ne porte plus de bavettes et on oublie la distanciation physique surtout avec la rentrée sociale. Et cela pourrait aggraver la situation. On peut vivre avec le virus mais on ne devrait pas oublier les mesures barrières. C’est ce qu’on appelle la cohabitation. Le virus est là sachant que cette période d’automne est caractérisée par une activité importante du virus du Covid mais aussi des autres types de virus comme celui de la grippe saisonnière. Le virus de la grippe saisonnière peut engendrer des formes graves qui nécessitent la réanimation. Avec la Covid, on va se retrouver devant des situations qui nécessitent de la vigilance. L’objectif à travers la mise en place de mesures préventives était de revenir à une vie normale.  On doit donc garder dans nos têtes que le virus circule toujours. Il est en activité surtout durant cette période.

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière débutera le 3 novembre. Quelle est votre recommandation ?  

Le vaccin antigrippal est cette fois-ci primordial, surtout pour la population à risque, c’est-à-dire les sujets âgés de +65 ans, la population avec des comorbidités ou encore les personnes souffrant d’obésité puisque il a été établi que celle-ci est un facteur de risque de contamination à la Covid. Toutes ces personnes sont appelées à se faire vacciner contre la grippe.

Plus généralement, la situation épidémiologique dans le pays vous inquiète-t-elle ?

La situation actuelle nous inquiète avec l’augmentation des contaminations ; et cela nécessite un effort supplémentaire de sensibilisation envers la population. On doit faire preuve de vigilance. Nous avons certes acquis une expérience dans la gestion de la première vague de cette épidémie mais avec ce nouvel effet rebond on doit fournir des efforts encore plus importants que ce qui a été fait durant l’été. Sachant que durant cette période automnale qui connaît une chute des températures, il y a une forte activité de l’ensemble des virus, il faut tenir compte de la situation avec beaucoup de vigilance.