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Hôpitaux : les sanctions pleuvent sur les résidents grévistes

Hôpitaux : les sanctions pleuvent sur les résidents grévistes

Les résidents en sciences médicales ne sont pas sortis indemnes de leur mouvement de protestation qui a duré huit mois. La plupart d’entre eux ont été lourdement sanctionnés par leurs établissements hospitaliers et chefs de services.

La décision de valider ou non l’année pédagogique des résidents grévistes a été laissée aux seuls chefs de services qui ont été nombreux à refuser l’admission des grévistes au niveau supérieur.

Dans certains CHU, comme ceux de Bab El Oued, Ben Aknoun et Tizi-Ouzou, une grande partie des résidents en première année ont été recalés alors que dans les autres CHU du pays, les résidents de la même spécialité et de la même année ont été admis au niveau supérieur alors qu’ils étaient grévistes au même titre que les recalés.

Ce traitement des résidents qui varie d’un établissement à l’autre et d’une spécialité à l’autre est vu par certains d’entre eux comme une vengeance de la part des chefs de service alors que d’autres y voient le résultat de l’application stricte du règlement qui veut qu’un résident qui s’absente pendant plus d’un mois de son service ne puisse pas être admis à l’année supérieure. Selon cette logique, les chefs de service qui ont déclaré que leurs résidents étaient grévistes ont été obligés de les recaler alors que les chefs qui n’ont pas signalé les absences de leurs résidents ont pu valider leur année.

Le sort des autres promotions de résidents dans les autres spécialités reste inconnu jusqu’à ce jour mais, selon des résidents approchés par TSA, il est probable que les résidents connaissent des sorts différents selon leurs chefs de service et leur passé de grévistes ou de non-grévistes.

« Saqués au DEMS »

Autre « acte de vengeance » dénoncé par de nombreux résidents, le traitement qu’ont reçu les résidents en dernière année lors de l’examen du DEMS (diplôme d’études médicales spécialisées). Plusieurs résidents ont affirmé à TSA avoir été  « Saqués au DEMS ».

Pour certaines spécialités, les résultats à l’examen national de DEMS qui sanctionne la fin des études médicales spécialisées ont été très faibles, comparés à ceux des années précédentes. En pédiatrie et en gynécologie, seuls 30% de résidents ont été admis, en pneumologie, 25%, en radiothérapie et oncologie, le taux de réussite a été nul. Des résultats catastrophiques pour ces spécialités alors que le taux de réussite est chaque année supérieur à 70% dans la quasi-totalité des spécialités.

Ces faibles résultats ne sont toutefois pas la règle. Dans certaines spécialités, les taux de réussite ne sont pas différents de ceux des années précédentes. C’est le cas notamment pour la spécialité d’ophtalmologie où près de 70% des résidents ont réussi à l’examen.

Atmosphère tendue dans les services

Depuis l’arrêt de la grève par les résidents, les services hospitaliers connaissent des tensions sourdes qui sont le fait des professeurs et chefs de service qui « ne digèrent pas que leurs résidents aient pu déserter les services pendant plusieurs semaines », a expliqué à TSA une résidente d’Alger qui a tenu à rester anonyme par peur des représailles.

Dans certains hôpitaux, les résidents n’ont pu retourner à leurs services que difficilement, beaucoup d’entre eux s’étant heurtés au refus catégorique de leurs chefs de les réintégrer. Certains chefs de service prétextant un abandon de poste par leurs résidents ont tenté d’exclure définitivement ces derniers alors que dans d’autres hôpitaux, des résidents grévistes ont été traduits devant des conseils de discipline sans que des sanctions sévères ne soient toutefois prononcées. C’est le cas au CHU de Sidi Bel Abbes où les résidents traduits en conseil de discipline s’en sont sortis avec de simples avertissements.

Plusieurs chefs de service ont « mis au placard » leurs résidents grévistes, les affectant à des tâches subalternes qui ne relèvent ni de leur spécialité ni de leur formation et dans quelques cas, plus rares, les chefs de service ne confient aucune tâche aux anciens grévistes tout en les obligeant à être présents dans le service tout au long de la journée et pendant leurs gardes.

L’atmosphère est tendue dans les services hospitaliers où les résidents avaient fait grève et avec ces sanctions et ce froid qui s’est installé entre les résidents et leurs formateurs, c’est le lien intergénérationnel, garant d’une bonne formation pour les futurs médecins spécialistes qui est rompu.

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