Résider de manière irrégulière en France sans aucune perspective de régularisation poussent certains étrangers à tout accepter s’ils espèrent trouver un titre de séjour à la clé.
Dans les Hauts-De-Seine, une douzaine de travailleurs sans-papiers algériens et marocains, ont donné de l’argent en échange d’un CDI et d’une régularisation. En fin de compte, ils se sont retrouvés licenciés et toujours en situation irrégulière, rapporte le journal Libération ce jeudi 22 mai.
Ces travailleurs sans-papiers sont arrivés en France avec des visas touristiques, d’études, ou via des embarcations de fortune. Ils ont fait divers petits boulots pour pouvoir subvenir à leurs besoins en attendant de décrocher un titre de séjour.
On leur promet des CDI et des régularisations, ils se retrouvent rackettés
Début janvier passé, ils font la connaissance d’un « intermédiaire » qui leur promet des postes en CDI payés 2.000 € net. En contrepartie, il exige des paiements allant de 2.000 à 2.500 € chacun. « Si vous vous demandez pourquoi on a accepté de payer, simplement, car on n’avait pas le choix. On est des sans-papiers, c’est ainsi que ça se passe pour nous », se justifie Hafid, 30 ans, cité par Libération.
Les sans-papiers paient ce qu’on leur demande et « l’intermédiaire » les met en contact avec le directeur de l’hypermarché Carrefour de Villeneuve-la-Garenne. Hélas, ils découvrent une fois sur place qu’ils seront payés au SMIC, via des contrats de professionnalisation et non des CDI.
Les travailleurs sans-papiers s’accrochent tout de même à leurs emplois, même s’ils occupent les postes les plus difficiles. Ils sont notamment chargés de porter les bouteilles d’alcool ou les packs d’eau de 5 h du matin à 11 h.
Bien qu’il s’est avéré être un « rabatteur », la personne qui les aurait mis en contact avec le directeur du magasin ne les a pas lâchés. Il a continué de les racketter en leur promettant toujours un CDI ou une régularisation. « En tout, j’ai dû leur verser 3.700 euros », témoigne Lakhdar, un travailleur sans-papiers algérien.
Ils dénoncent le racket qu’ils subissent et se font licencier
Ces jeunes sans papiers ont cependant fini par dénoncer ce chantage, mais ils ont vite été licenciés par Carrefour. « Ils ont dénoncé leurs conditions il y a 72 heures à la DRH nationale de Carrefour, et 48 h après, ils ont été licenciés malgré leur position de lanceur d’alerte », s’indigne la CGT.
Ces sans-papiers, désormais sans emploi, ont gardé leur uniforme de travail et, banderole à la main, ont entamé une action de protestation au niveau du magasin. 7 d’entre eux ont même entamé des procédures judiciaires contre leur employeur. Ils réclament la régularisation, une promesse d’embauche, et un CDI.
De son côté, Carrefour explique qu’il n’a pas eu d’autres choix que celui de licencier ces travailleurs vu qu’ils ne sont pas présents de manière régulière sur le sol français. La marque souligne cependant qu’elle leur a versé « une indemnité équivalente à au moins 3 mois de salaire » et qu’elle leur a offert « un engagement de réembauche en contrat à durée indéterminée aussitôt que leur situation administrative sera régularisée ».
Le géant de grande distribution a également confirmé que « plusieurs de ses salariés pourraient être directement impliqués dans cette affaire » dévoilant que « des procédures disciplinaires ont été immédiatement engagées à leur encontre ».
Bien que très soupçonné d’avoir joué un rôle direct dans cette affaire, il est impossible pour le moment de trancher sur le degré de l’implication du directeur de l’hypermarché. Contacté par Libération, ce responsable a préféré garder le silence.
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