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Importation de véhicules : la surprenante « solution » d’un ministre

Importation de véhicules : la surprenante « solution » d’un ministre

Le feuilleton de l’importation de véhicules neufs n’en finit pas de faire des vagues en Algérie. Le ministre de l’Industrie, en charge du dossier, s’est de nouveau exprimé sur la question ce jeudi 10 février.

Plutôt que de fixer une échéance précise pour le retour à l’importation, suspendue depuis 4 ans, Ahmed Zeghdar a suggéré une solution surprenante, dans la mesure où elle encourage les citoyens à recourir au marché des devises pour importer des véhicules.

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Interrogé lundi dernier par la radio nationale, le ministre a fait savoir que le nouveau cahier des charges pour les concessionnaires est prêt. « Nous avons reçu des instructions du président de la République pour réviser le cahier des charges. Nous avons apporté quelques ajustements. Il sera publié prochainement. Il y a quelques nouveautés et nous avons levé quelques obstacles », a-t-il indiqué.

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La révision « dans les plus brefs délais » du cahier des charges a été ordonnée le 8 décembre dernier par le président de la République. Le même ministre a annoncé que le cahier des charges sera prêt au plus tard fin janvier 2022. Mais le document n’est toujours pas publié.

Les observateurs sont sceptiques quant à un retour rapide à l’importation, qui, selon toute vraisemblance, ne se fera pas avant le second semestre de l’année en cours, voire pas avant l’année prochaine. Ce n’est pas la première fois en effet que le cahier des charges est revu sans toutefois être mis en œuvre.

Ce jeudi 10 février, un député de l’Assemblée populaire nationale (APN) est revenu à la charge et interpellé le ministre de l’Industrie sur la situation. Non seulement les prix des véhicules neufs et d’occasion ont flambé, le parc automobile national a aussi besoin d’être renouvelé, car même l’activité de montage est suspendue. Sans compter la rareté des pièces de rechange automobile et les conséquences sur la sécurité des automobilistes.

Dans sa réponse, le ministre a rappelé que l’importation de véhicules par les particuliers n’est pas interdite, à condition que le véhicule soit neuf et le paiement soit réglé par l’acquéreur.

Le ministre n’a pas expliqué comment un Algérien peut-il financer l’acquisition d’un véhicule de l’étranger, alors qu’il n’a pas le droit d’utiliser son compte devises en Algérie. Pour les pièces de rechange, les Algériens doivent-ils aussi les importer directement, étant donné qu’elles ne sont pas disponibles pour les véhicules neufs sur le marché algérien.

Une solution qui encourage le recours au marché noir des devises

L’idée de laisser aux citoyens la charge d’importer eux-mêmes leurs véhicules  remonte à 2019 avec l’autorisation de l’importation des voitures d’occasion (moins de 3 ans). Mais elle a été abandonnée à cause de la difficulté de sa mise en œuvre. Il était prévu que le paiement se fasse en monnaie étrangère à partir de comptes ouverts en Algérie, or, le seul moyen d’acquérir des devises c’est de recourir au change parallèle, qui est interdit.

L’importation de véhicules neufs a toujours été autorisée. Le ministre de l’Industrie n’a fait que le rappeler, mais le faire maintenant, c’est suggérer qu’elle peut constituer une alternative à l’importation par les concessionnaires.

Or, comme pour les véhicules d’occasion, le financement ne peut se faire qu’à partir du marché parallèle, hormis pour les résidents à l’étranger. Recourir à ce procédé est donc une autre manière d’encourager le marché noir de la devise, qui n’est régie par aucune réglementation.

Surtout, les véhicules ainsi importés reviennent excessivement cher au vu du taux de change parallèle. La preuve, l’importation par les particuliers a toujours été possible mais les nouvelles immatriculations se font au compte-gouttes.

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