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Lakhdar Brahimi : les réformes et le « départ de tout le régime » prendront du temps

Lakhdar Brahimi : les réformes et le « départ de tout le régime » prendront du temps

Lakhdar Brahimi s’es exprimé, ce mercredi 13 mars, sur la télévision nationale à propos des décisions du président portant sur le report des élections, le prolongement du 4emandat et la tenue d’une conférence nationale.

L’ancien diplomate a reconnu que « des fautes ont été commises dans le passé lointain et proche et que le dialogue entre les parties n’était pas à la hauteur ». « Maintenant, il faut ouvrir un débat, avec un respect mutuel et une tentative de trouver des points communs pour la construction de la deuxième République », a-t-il poursuivi.

Lakhdar Brahimi est revenu, lors de son intervention sur ses rencontres avec les membres des partis de l’alliance présidentielles et ceux de l’opposition. « Je n’ai pas rencontré des milliers de personnes mais juste quelques-unes, du pouvoir et de l’opposition. Il y a un consensus chez ces personnes pour dire non au cinquième mandat et non à la tenue des élections le 18 avril », a-t-il dit.

Louisa Hanoune a, selon lui, « demandé à maintes reprises ce que Hocine Ait Ahmed revendiquait depuis 1963, à savoir une assemblée constituante ». Cette assemblée, « pourra naître à travers des élections mais ils disent que la loi électorale doit être modifiée. Alors, organiser les élections avec la loi existante ou réviser d’abord la loi ? », s’est interrogé le diplomate. Avant de poursuivre : « Par conséquent, des efforts doivent être faits, nous avons un consensus, ce qui est excellent, mais qu’allons-nous faire par la suite ? »

La conférence nationale annoncée par Bouteflika devrait mener à « un consensus très large, pas seulement une majorité », a expliqué M. Brahimi pour qui, le président de cette conférence « devra jouir du respect de tous car il sera l’intermédiaire entre les diverses parties ».

L’ancien ministre des Affaires étrangères a nié sa désignation comme président de la conférence. « Par qui serais-je nommé ? », a-t-il interrogé. « Je ne suis pas à la recherche d’un poste, au contraire, s’il m’était demandé (d’être président de la conférence) j’y verrais un poids et une responsabilité mais, et je dois le dire, ceci est mon pays et si on me demande et si je suis capable d’offrir quelque chose pourquoi n’accepterais-je pas ? Mais j’espère qu’ils trouveront quelqu’un de meilleur que moi, un homme ou une femme, qui présidera la conférence nationale », a-t-il argué.

Changement radical mais sans précipitation

Pour Lakhdar Brahimi, il y a un consensus sur la nécessité d’un « changement radical ». « J’ai dit que je suis optimiste parce que la plateforme commune est très large. Nous sommes d’accord sur la nécessité d’un changement et que celui-ci doit être radical et qu’il faut construire une deuxième république », a-t-il dit à ce sujet.

Toutefois, « le meilleur est l’ennemi du bien », pense Lakhdar Brahimi, pour qui « demander une situation idéale tout de suite va nous empêcher d’avancer ». Il promet « un changement total, en vitesse mais à la vitesse possible ».

« Nous parlons d’un pays qui sort d’une guerre civile, la confiance n’est pas rétablie entre les citoyens et les élections ne réunissent pas, elles divisent. Par conséquent, il faut créer les conditions adéquates pour organiser des élections réussies », a-t-il affirmé, expliquant que la conférence nationale prendra plus du temps, tout comme la tenue des élections présidentielles.

« Les discussions sont nécessaires mais combien elles vont durer, nous ne savons pas. Ils ont défini la fin de l’année comme délai mais c’est très court dans la vie d’une nation », a-t-il détaillé.

Les réformes, la conférence nationale, le « départ de tout le régime » prendront du temps a fait comprendre le diplomate. « Le changement immédiat créera un vide constitutionnel, administratif, non ce n’est pas possible. Il y a le ministère des Finances, il y a l’éducation, des examens, il y a le bac dans deux mois, le pays doit continuer à fonctionner », a-t-il expliqué, ajoutant : « le changement complet est nécessaire et nous devons tous travailler pour le réaliser mais avec sagesse et il faut restaurer la confiance perdue ». « Les discussions seront menées avec toute la célérité possible mais sans précipitation », a-t-il encore annoncé, comme justifier l’absence d’un calendrier précis pour la période de transition.

Bouteflika « ne veut pas participer à la construction de la deuxième république »

Les événements que vit actuellement l’Algérie sont « un grand virage », estime Lakhdar Brahimi pour qui, « les risques sont réels et nombreux » durant cette période qui est également « une occasion en or ».

Invitant à « éviter les erreurs » et à « travailler ensemble pour exploiter cette occasion en or de la meilleure façon », le diplomate avertit qu’il y a « à l’intérieur et à l’extérieur du pays des parties qui attendent pour exploiter la moindre brèche dans le pays ».

Revenant sur le parallèle fait par Ahmed Ouyahia entre la situation actuelle en Algérie et le chaos syrien, Lakhdar Brahimi a affirmé que contrairement à ce qui s’est passé en Algérie où manifestants et policiers ont été pacifiques, « les armes ont été utilisées rapidement en Syrie ».

« Nous avons nos spécificités, notre histoire, nos expériences et nos façons de nous comporter avec ce genre de situations mais ceci ne nous dispense pas de contempler ce qui se passe ailleurs. Ce qu’a dit Ahmed Ouyahia est vrai en Syrie, à Deraâ, le 15 mars 2011, il est vrai que les manifestations ont commencé de façon pacifique, mais les manifestants ont été interpellés et arrêtés et lorsque leurs parents sont allés demander après eux ils ont été arrêtés à leur tour », a-t-il rappelé.

Abdelaziz Bouteflika « ne veut pas participer à la construction de la deuxième république », selon Lakhdar Brahimi. Pour lui, « il attend qu’elle se construise pour partir ». « Je pense que le président Bouteflika fait ce qu’il doit en disant qu’il est partant et que nous devons nous préparer à lui faire nos adieux », a-t-il poursuivi, affirmant que le Président a « expliqué que le pays a besoin d’une deuxième république ».

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