Société

L’Algérie risque-t-elle un séisme comme celui de la Turquie ?

Le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a frappé la Turquie et la Syrie lundi, faisant plus de 5.000 morts, relance le débat sur la vulnérabilité de l’Algérie face aux séismes.

L’épicentre de la secousse a été localisé dans la région de Gaziantep, zone frontalière avec la Syrie.

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En Turquie, le bilan provisoire s’élève à 3419 morts et 20 534 blessés selon le vice -président de la République de Fuat Oktay cité par l’agence turque Anadolu ce mardi 7 février. En Syrie, le bilan s’élève à 1970 morts, selon Al Arabiya.

Les images provenant des zones touchées par le séisme renseignent sur la puissance de la secousse qui a été suivie par plusieurs autres répliques assez fortes depuis lundi.

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Les vidéos d’immeubles qui s’effondrent comme des châteaux de cartes sont impressionnantes. Plusieurs bâtiments sont tombés dans le sud de la Turquie et dans le nord de la Syrie.

Quand on voit l’ampleur des dégâts, une question se pose. L’Algérie qui est située dans une plaque sismique au niveau du bassin méditerranéen peut-elle être confrontée à un séisme de cette ampleur ?

L’Algérie est-elle prête pour faire face à un séisme destructeur ?

Le docteur en géophysique Aidi Chafik, chargé du suivi de l’activité sismique au niveau du centre algérien de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) a détaillé les différences entre la plaque tectonique située en Turquie et celle qui traverse l’Algérie.

« La Turquie et la Syrie sont situées entre plusieurs plaques tectoniques : la plaque arabienne au sud, la plaque eurasienne au nord, la plaque anatolienne à l’ouest sans oublier la plaque africaine au sud-ouest. Le contexte tectonique de cette région est très complexe. Cette région est connue par les séismes forts pouvant atteindre une magnitude de 8 », explique à TSA le Dr Aidi Chafik au sujet de la zone sismique située dans la Méditerranée orientale qui englobe la Turquie et la Syrie.

Pour ce qui est de l’Algérie, le contexte tectonique dans la Méditerranée occidentale est moins complexe, indique le géophysicien.

 « L’Algérie se situe entre les plaques eurasienne et africaine. La sismicité y est modérée. On enregistre au niveau du CRAAG une moyenne de 4 à 5 événements de magnitude entre 0 et 2 qui atteignent 3 ressenti par la population. Il y a parfois des secousses fortes comme celles enregistrées l’année dernière à Béjaïa et Mila », ajoute-t-il.

Bien que l’activité sismique est moins importante que dans la région orientale de la Méditerranée, l’Algérie a connu de forts séismes par le passé à l’image de celui d’El Asnam (actuellement Chlef) en 1980 de magnitude 7,3 (2633 morts et des milliers de blessés) et de Boumerdes en 2003 de magnitude 6,8 qui a fait 2200 morts et plus de 10.000 blessés.

La leçon de Boumerdes a-t-elle été retenue ?

Une autre question mérite d’être posée. Les constructions en Algérie sont-elles conçues de sorte à résister à un grand séisme ? L’Algérie a pris des mesures pour intégrer l’étude des structures suite au séisme de Boumerdes en 2003 néanmoins, la loi est parfois peu respectée sur le terrain comme le précise Zakia Alouane, vice-présidente du syndicat national des ingénieurs en génie-civil, contactée par TSA ce mardi 7 février.

«La situation est inquiétante. Il y a un énorme problème. Les ingénieurs en génie civil sont exclus des études de structures dans les projets publics. Dans le privé, les permis de construction sont octroyés sans l’avis d’un ingénieur en génie civil», pointe Zakia Alouane.

Cette dernière met en avant le travail de suivi fait par le contrôle technique de la construction CTC, mais elle pointe néanmoins l’absence de normes.

«Depuis le séisme 2003, et malgré la loi de 2004 qui exige la présence des ingénieurs, la loi n’est pas appliquée. S’il y a un séisme, les bâtisses risquent de tomber sans laisser le temps aux habitants de se sauver», met en garde la porte-parole du syndicat des ingénieurs en génie civil.

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