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L’Arabie saoudite lance une guerre des prix inédite depuis 20 ans : sombres perspectives pour le pétrole

L’Arabie saoudite lance une guerre des prix inédite depuis 20 ans : sombres perspectives pour le pétrole

Les perspectives des cours mondiaux de pétrole s’annoncent sombres suite à l’échec des négociations entre l’Opep et son allié russe visant à réduire la production de pétrole pour contrecarrer les effets négatifs de l’épidémie de coronavirus.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie n’ont pas réussi à s’entendre vendredi à Vienne sur des coupes supplémentaires de la production, en réaction à la baisse de la consommation mondiale d’or noir. Alliée de l’Opep et acteur majeur dans l’accord baptisé Opep+, la Russie s’est en effet opposée à une réduction de la production censée enrayer la chute des cours du brut affectés par l’épidémie de nouveau coronavirus.

Selon le média américain Bloomberg, le ministre russe de l’Énergie aurait justifié à son homologue saoudien la décision de son gouvernement en arguant que des réductions supplémentaires de la production seraient un cadeau béni à l’industrie américaine du schiste, affirmant que ceux-ci avaient fourni des millions de barils de pétrole au marché mondial tandis que les compagnies russes maintenaient leurs puits au repos. La Russie a ainsi exposé à son partenaire saoudien la stratégie qu’elle prévoit de mettre en place pour confronter le schiste américain.

Offensive saoudienne

« Le Kremlin a décidé de sacrifier l’Opep+ pour stopper les producteurs de schiste américains et punir les États-Unis pour avoir perturbé Nord Stream 2 », explique Alexander Dynkin, président de l’Institute of World Economy and International Relations, un think-tank géré par le gouvernement russe, cité par Bloomberg. « Évidemment, contrarier l’Arabie saoudite pourrait être risqué, mais c’est la stratégie actuelle de la Russie – une géométrie flexible d’intérêts », indique en outre M. Dynkin.

La réaction de l’Arabie saoudite ne s’est pas fait attendre. Visiblement contrarié, le pouvoir saoudien a en effet annoncé avoir réduit ses prix de vente officiels pour le mois d’avril de son pétrole à toutes destinations, rapporte Reuters.

Ainsi, l’Arabie saoudite offre une réduction de l’ordre de 3,1 dollars de ses ventes de pétrole pour le mois d’avril à destination de l’Asie, tandis que la réduction s’est établie à 3,75 dollars pour son pétrole vendu à destination des États-Unis durant le même mois. Aramco a également réduit de 10,25 dollars le prix de son pétrole à destination de l’Europe par rapport à la référence de l’Ice Brent, en baisse de 8 dollars le baril sur un mois. Selon l’agence russe Sputnik, cette réduction constitue un niveau minimum record jamais atteint depuis vingt ans.

« L’Arabie saoudite, le plus grand exportateur de pétrole au monde, a entamé une guerre des prix samedi en réduisant les prix de son brut pour les marchés étrangers comme il ne l’a jamais fait depuis au moins 20 ans, offrant des rabais sans précédent aux acheteurs en Asie, en Europe et aux États-Unis pour inciter les raffineurs à acheter du brut saoudien au détriment d’autres fournisseurs », explique dans ce cadre le média belge l’Echo.

En parallèle, l’Arabie saoudite a déclaré en privé à certains acteurs du marché qu’elle pourrait augmenter sa production beaucoup plus fortement si nécessaire, allant même jusqu’à un record de 12 millions de barils par jour, rapporte la même source.

Vers un baril à 26 dollars

« La manœuvre saoudienne pourrait être une tentative d’exercer un impact maximal sur la Russie et les autres producteurs, dans le but de les ramener à la table des négociations », estime la même source, citant Bloomberg. Cette dernière explique que la Russie sur le court-terme est en bonne position pour résister à une chute des cours du pétrole, étant donné que le prix d’équilibre budgétaire russe est à 42 dollars le baril et que le gouvernement de Vladimir Poutine a thésaurisé plusieurs milliards de dollars dans un fonds de régulation.

Cependant, des analystes à Wall Street préviennent que l’impact du coronavirus encore peu clair et la surabondance de pétrole sur les marchés pourraient mener le pétrole à se rapprocher dangereusement du seuil de 26 dollars le baril.

Ce dimanche, les Bourses en Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe ont atteint leur plus bas niveau depuis plusieurs années après l’absence d’accord entre l’Opep et la Russie sur des coupes de production de pétrole. La Bourse saoudienne a ainsi plongé de 7,7%, alors que les marchés à Dubaï ont perdu 8,5% de leur valeur tandis qu’au Koweït et à Abu Dhabi ont connu une chute de plus de 7%. La Bourse du Qatar a quant à elle chuté de 3,5%.

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