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Difficile exercice d’explications pour Amar Ghoul

Difficile exercice d’explications pour Amar Ghoul

Au moment où les Algériens émergeaient d’un lendemain de fête, Amar Ghoul convoquait la presse, un 1er janvier, pour une clarification de texte. L’ancien ministre des Travaux publics ressentait l’urgence de rectifier des propos tenus. C’était début décembre, quand il avait dégainé son projet de conférence nationale de consensus, placée sous l’égide du président de la République, et devant se tenir avant la présidentielle de 2019, pour «réinventer Novembre 1954».

Sûr de son fait, le patron de TAJ avait certifié que son projet avait reçu l’aval des autres formations politiques. «Tous les partis contactés à cet effet se sont montrés attentifs », avait-il affirmé et d’assurer qu’aucun parti «n’a refusé notre offre, y compris les partis de l’opposition».

Rapidement, cette proposition réitérée le 15 décembre lors du congrès de Taj en présence des leaders de l’Alliance présidentielle, est perçue comme une décision de reporter le scrutin et de prolonger, de facto, le mandat du président au pouvoir depuis bientôt 20 ans. Quinze jours plus tard, changement de ton et recadrage des propos.

Heure de gloire

Mardi 1er janvier, devant les micros et les caméras, le leader de TAJ se déjugeait publiquement. « Nous avons proposé la tenue d’une conférence nationale, avant ou après l’élection présidentielle. Elle est valable en tout moment, et tout lieu. Nous n’avons pas lié cette initiative au report de la présidentielle. Jamais. Nous ne l’avons pas liée à l’échéance présidentielle et notre initiative est toujours valable », a-t-il affirmé.

Une conférence après les élections ? Comment peut-on envisager sérieusement une conférence après la présidentielle ? Dans quel but et pour quoi faire ? A quelle logique peut répondre une conférence nationale une fois que la présidentielle a eu lieu ? Là encore, l’ancien ministre s’emmêle les pinceaux pour sortir de la polémique qu’il a déclenchée. Si on ne peut écarter un faux pas du patron de TAJ, on ne peut écarter une volonté du régime de lancer des ballons-sondes pour jauger des réactions de la population, et surtout de la communauté internationale.

Dans le premier cas de figure, le leader de TAJ s’est fait taper sur les doigts par les décideurs, qui lui reprochent d’avoir enfreint l’ordre de silence décrété sur la présidentielle et d’avoir mis à mal un plan élaboré pour faire passer l’idée d’un report de l’élection. Depuis le début des conciliabules entre les partis de l’alliance et la Présidence, les formations politiques sont tenus à ne pas divulguer les décisions, prises pour 2019.

Les autres partis de l’Alliance présidentielle (FLN-RND et MPA), l’ont bien compris et restent silencieux sur la question et s’en remettent à la décision du président Bouteflika. «Nous attendons la décision du président », a répété, dimanche soir, Ahmed Ouyahia.

Ballon-sonde

En brulant la politesse aux autres leaders de l’alliance présidentielle, l’ancien ministre des Travaux Publics, sénateur du tiers présidentiel dont la carrière politique était en veilleuse, a vu là l’occasion de revenir dans la lumière, à moindre frais. En annonçant la tenue d’une conférence nationale, Amar Ghoul s’est offert un premier rôle et laissé supposer une proximité avec les centres de décisions, qu’il n’a pas.

Peut-on imaginer le président Bouteflika accepter de s’en remettre à un parti de 13 députés pour organiser son futur politique ? Impensable. En 1994, alors que les militaires lui proposaient d’être désigné au poste de chef de l’Etat, par la conférence de la concorde nationale que présidait Abdellhak Benhamouda, secrétaire général de l’UGTA, Bouteflika avait décliné l’offre.

Dans l’autre cas de figure, Amar Ghoul a été l’instrument d’une opération utilisée pour tester une offre politique et jauger des réactions. Comme lorsque l’avocat Farouk Ksentini, proche du président, déclarait l’année dernière à TSA qu’il avait rencontré le président et que celui-ci lui avait fait part de son « grand désir de se représenter ». Ce qui a été démenti le lendemain par la présidence. C’était un ballon-sonde pour tester les réactions, pour un 5ème mandat. Cette fois, la présidence n’a rien démenti.

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