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Le panel annonce le début effectif du dialogue : le fait accompli se précise

Le panel annonce le début effectif du dialogue : le fait accompli se précise

Boudée par tous les poids lourds de la classe politique et de la société civile, l’instance de médiation et de dialogue annonce tout de même le début des consultations dès ce mercredi 7 août.

Une rencontre avec des « représentants du hirak », dont les noms n’ont pas été dévoilés, est programmée pour l’entame du processus de dialogue.

Presque simultanément, une très lourde peine de prison était requise contre un détenu du hirak à Annaba, confirmant définitivement que les mesures d’apaisement réclamées ne seront pas décrétées et que le dialogue et la présidentielle auront lieu dans les conditions que le pouvoir aura lui-même fixées.

Et comme pour mieux signifier à la rue et à l’opposition que le pouvoir ne lâchera rien, pas même sur la demande de changement du gouvernement, le chef de l’Etat par intérim reçoit son Premier ministre contesté pour faire le point sur les préparatifs de la rentrée sociale.

La veille, le panel de Karim Younès avait essuyé des camouflets supplémentaires émanant de l’organisation des moudjahidine et de celle des oulémas et des critiques acerbes de Abdallah Djaballah, l’un des principaux animateurs du Forum du dialogue tenu le 6 juillet à Aïn Benian. Surtout, l’instance a perdu en moins d’une semaine le tiers de sa composante initiale avec le retrait de Azzedine Benaïssa et Smaïl Lalmas.

Ce dernier a prédit lundi l’échec de la mission. « Ce panel n’a aucun avenir. Il est voué à l’échec. Pourquoi ? Parce que sa réussite repose sur l’adhésion populaire. Or, ce n’est pas le cas », a-t-il estimé dans un entretien accordé à El Watan.

Fuite en avant

Le même pessimisme sera exprimé quelques heures plus tard par Mohand Ouamar Benlhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM : « Nous ne pensons pas que ce panel arrivera à un résultat, parce qu’il a été désigné par une seule partie. Au moins, il doit être désigné par deux parties, c’est-à-dire le pouvoir et le hirak. Le peuple doit être partie prenante, or ce n’est pas le cas. Ce n’est pas ce que nous avons proposé, je pense que ce n’est pas ce qu’il faut ».

Ces deux avis résument en fait celui de la rue, qui l’exprime sans ambages chaque vendredi, et d’une bonne partie de la classe politique et de la société civile dont aucun représentant de poids n’a fait part de sa disponibilité à prendre part au dialogue annoncé.

Difficile de comprendre à ce stade ce qui motive encore Karim Younès à continuer à engager sa crédibilité dans un processus qui fait l’unanimité contre lui et qui n’a que très peu de chances de déboucher sur des résolutions acceptées, de surcroît sans le moindre effort du pouvoir ne serait que pour lui sauver la face.

Le 26 juillet, soit au lendemain de la constitution du panel, M. Younès avait brandi la menace de l’autodissolution si les conditions posées ne sont pas satisfaites. Le 1er août, il dépose sa démission suite au discours du chef d’état-major de l’armée qui a rejeté les préalables, mais il revient vite à de meilleurs sentiments et accepte de poursuivre sa mission sur l’insistance des autres membres du panel.

Certes, il a assuré qu’il n’a pas abandonné le préalable des mesures d’apaisement, mais l’annonce du début effectif du dialogue contre l’avis de tout ce que le pays a comme organisations représentatives et personnalités crédibles et au moment même où un procureur requérait dix ans de prison contre un porteur de drapeau, s’apparente à une fuite en avant.

Une attitude qui traduit peut-être la décision du pouvoir de tenter le fait accompli comme ultime solution après l’échec de tout ce qu’il a entrepris depuis le début de la contestation.

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