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Les travailleurs en grève depuis une semaine : qui veut la tête du DG du port de Bejaïa ?

Les travailleurs en grève depuis une semaine : qui veut la tête du DG du port de Bejaïa ?

Cela fait une semaine que le port de Bejaia, l’un des plus importants ports du pays, le deuxième peut-être, est à l’arrêt, sans que cela ne fasse réagir ni l’entreprise de gestion des services portuaires, Serport, ni le ministère des Transports.

Le port de Bejaïa est en effet paralysé par une grève des travailleurs, déclenchée le 20 juillet à l’appel de la section syndicale UGTA de l’Entreprise du port de Béjaïa (EPB).

Les grévistes réclament le départ sans conditions du directeur de l’entreprise. Ils ont cessé toute activité, avec néanmoins un service minimum assuré au niveau du port pétrolier.

Les exportations de pétrole et de gaz se poursuivent donc normalement, mais le reste de l’activité est à l’arrêt. Une énorme perte quand on connaît l’importance de cette infrastructure notamment pour le tissu industriel de la région.

Première estimation chiffrée des pertes, 150 millions DA de chiffre d’affaires. Elle a été faite jeudi dernier, au quatrième jour du débrayage, par le principal concerné, le directeur Halim Kasmi, dont les travailleurs réclament le départ. Le manque à gagner devrait aussi être colossal pour le Trésor public mais aussi aux entreprises qui risquent de voir leur activité freinée par manque de matières premières ou d’équipements.

Au septième jour de la grève, toutes les parties campent sur leurs positions. « J’ai été nommé par voie réglementaire et je ne partirai que par la voie réglementaire », assure le directeur contesté. « Le Conseil syndical demande mon départ sur des aspects qui ne sont pas légitimes. Pourquoi ? Parce que les résultats de gestion sont là et sont très positifs (…) Nous avons maîtrisé la situation née de la crise du Covid. Ils demandent mon départ sur des objectifs qui ne sont pas étayés et matérialisés », se défend-il.

Si le directeur exclut son départ, pour les travailleurs, il s’agit de la principale revendication et elle est « non négociable ». Ils ont interdit à la section syndicale d’entamer des discussions sur ce point avec la direction. Le blocage est total et rien dans l’attitude des uns et des autres ne permet jusque-là d’entrevoir un début de solution.

Le port de Béjaïa connait des perturbations de plusieurs mois. Des préavis de grève avaient été déposés en décembre et février derniers, et un débrayage a été déclenché en juin. C’était pour une histoire de représentation du partenaire social à l’assemblée générale ordinaire et une prime annuelle que les travailleurs avaient jugée dérisoire. Un mois après, ils sont de nouveau en grève pour réclamer un changement à la tête de l’entreprise.

Sans préjuger de la justesse des revendications travailleurs et des arguments de la direction, il reste que le statu quo ne profite à personne et que le port de Béjaïa ne peut rester bloqué plus longtemps, a fortiori dans une conjoncture économique et sanitaire difficile.

Une grande partie de l’activité économique dans la vallée de la Soummam, en Kabylie, à l’Est du pays et dans d’autres régions dépend de cette infrastructure. Une semaine d’arrêt, c’est la limite du tolérable pour un port d’une telle importance.

Il est incompréhensible que son blocage se poursuive presque dans l’indifférence. Incompréhensible aussi est le silence de Djeloul Achour qui connaît très bien le Port de Bejaia qu’il a dirigé avant d’être promu à la tête de la Serport.

Tout comme l’attitude de la centrale syndicale qui a même délégué un de ses cadres nationaux pour assister à l’assemblée générale qui a entériné le recours à cette option extrême. Alors qui veut la tête du PDG du port de Bejaïa, pour quelles raisons et quels objectifs, alors que le concerné se défend d’avoir les résultats de son côté ? Des questions qui, pour le moment, demeurent sans réponse.

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