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Lyes Merabet : « On ne peut pas concevoir une élection dans le climat actuel »

Lyes Merabet : « On ne peut pas concevoir une élection dans le climat actuel »

Vous faites partie de la vingtaine de personnalités qui viennent de lancer un appel au report de l’élection présidentielle. Pourquoi tant d’instance sur cette revendication ?

Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). On ne peut pas ignorer la colère de la rue qui s’exprime à travers de nombreuses villes algériennes. À titre d’exemple, plus de trente villes ont connu vendredi passé des marches populaires imposantes durant lesquelles le peuple a réitéré ses revendications non satisfaites.

Nous estimons que les élections présidentielles sont inévitables, mais seulement dans un climat qui garantisse toutes les conditions d’une élection, ce qui n’est pas le cas jusque-là. La preuve, le hirak se poursuit toujours.

Tous les indices montrent que le climat général du pays va hypothéquer le succès de l’élection présidentielle à cause du refus des citoyens de s’inscrire dans ce processus. Cela induira un fort taux d’abstention et le pays vivra toujours sous des institutions en manque de légitimité, y compris le président de la République.

Le scrutin du 12 décembre débouchera sur l’élection d’un président à la légitimité tronquée. Or, nous aspirons à avoir un président doté d’une très forte popularité car nous partons du principe que les élections doivent être le début d’un processus de changement et de réformes, avec un président fort, soutenu et disposant d’une légitimité populaire qui lui donnera la force nécessaire pour attaquer tous les dossiers de réformes.

Mais certains soutiennent l’option d’aller vers les élections…

Nous redoutons l’affrontement dans la rue entre les pro et les anti-élections. Le débat aujourd’hui entre les Algériens est caractérisé par une divergence entre ceux qui soutiennent cette option et ceux qui s’y opposent, ce qui nous fait craindre d’arriver, pendant la campagne, à des échauffourées et des affrontements. Il est à craindre aussi que l’abstention atteigne dans certaines régions le taux de 100%, ce qui nourrirait un autre dossier, celui du fédéralisme et du séparatisme que des parties aux objectifs inavoués encouragent. Je ne parle pas d’une région précise du pays mais d’un danger qui pourrait survenir si les conditions adéquates ne sont pas réunies.

Un troisième report de la présidentielle ne serait-il pas préjudiciable pour l’image de l’Algérie ?

L’image de l’Algérie intéresse les Algériens en premier lieu. À partir du moment où l’on admet que la souveraineté et le pouvoir appartiennent au peuple et que toutes les institutions parlent et agissent en son nom, l’image qu’il faudra préserver c’est celle de l’unité du peuple, de l’unité nationale qui doit être au-dessus de tous. La solution inclusive et consensuelle doit être l’unique boussole qui nous guidera vers un havre de paix.

Nous estimons que la campagne électorale débutera dans un climat de protestations et nous ne pouvons pas concevoir une élection présidentielle au milieu de tous les problèmes que nous vivons. Nous voulons arriver à cette étape avec une acceptation populaire. Nous voulons un taux de participation élevé pour avoir un président fort qui s’attaquera aux dossiers de réformes, à commencer par la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives.

Qu’est-il advenu de l’initiative de la société civile et de la conférence nationale ? Avez-vous abandonné l’idée à cause de ce que vous appelez l’indifférence du pouvoir vis-à-vis de toutes les initiatives ?

Nous sommes encore au stade de l’évaluation de l’initiative. Une réunion des commissions est prévue ce samedi pour étudier les voies encore disponibles pour travailler sur un projet consensuel.

Nous souhaitons que le pouvoir adhère à cette initiative qui ne peut aboutir en l’absence d’une partie, en l’occurrence le pouvoir que nous considérons comme un acteur important pour arriver à une solution. Autrement, la conférence de consensus ne sera d’aucune utilité.

On ne peut pas parler de consensus en l’absence du pouvoir, parce que ce que nous recherchons, ce sont des solutions consensuelles pour la période de transition.

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