Les cours du brut s’effondrent de plus de 25% alors que l’Opep n’a pas réussi un trouver un accord pour réduire la production.
Le baril de pétrole à 20 dollars ? Encore inenvisageable il y a encore quelques semaines, cette hypothèse est désormais évoquée par les analystes de Goldman Sachs. Lundi, les cours du brut s’effondraient déjà de plus de 25%, le baril de WTI retombant même sous la barre symbolique des 30 dollars.
Cette chute est alimentée par la guerre des prix déclenché par l’Arabie saoudite, qui a décidé unilatéralement de baisser ses prix à la livraison. Ryad réagit à l’échec de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de la Russie, incapable de trouver la semaine dernière.
Face aux incertitudes économiques causées par l’épidémie du nouveau coronavirus, les ministres du cartel pétrolier avaient tenté de conclure un accord avec les autres pays producteurs de pétrole pour réduire la production et maintenir les prix du brut. Mais la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole et qui n’est pas membre de l’Opep, s’est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour.
En réponse, l’Arabie saoudite s’est lancée dans une vaste braderie en effectuant la plus importante réduction de ses prix pétroliers en 20 ans, a rapporté dimanche Bloomberg News. Pour Jeffrey Halley, analyste chez Oanda, « l’Arabie saoudite semble avoir l’intention de punir la Russie ».
« Sans précédent »
Ainsi, le prix pour le pétrole à destination d’Asie a diminué de 4-6 dollars par baril alors que celui pour les Etats-Unis a été réduit de 7 dollars par baril. Aramco a vendu son baril d’Arabian Light à un prix sans précédent: 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg.
« Une chute de 30% des prix du brut est sans précédent et envoie une onde de choc énorme à travers les marchés financiers », a souligné Margaret Yang, analyste pour CMC Markets. Les marchés d’actions ont dans la foulée plongé en Asie et dans le Golfe. Ils devraient aussi chuter en Europe et aux Etats-Unis.
Le marché du pétrole va probablement rester au tapis durant les prochains mois, les rabais de l’Arabie saoudite se conjuguant avec le coup d’arrêt donné à la croissance économique mondiale par le coronavirus, qui a fait chuter la demande d’or noir, a ajouté cet analyste.
« Quelque chose comme cela pourrait avoir plus de répercussions dans le monde qu’une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis parce que le pétrole est lié à beaucoup de secteurs dans l’économie mondiale » a souligné de son côté Rohitesh Dhawan, directeur de l’énergie, du climat et des ressources naturelles à la société de conseil Eurasia Group à Londres.
Margaret Yang de CMC Markets a émis l’espoir que l’effondrement pourrait faire revenir la Russie à la table de négociations avec l’Opep pour trouver un accord.
En partenariat avec La Tribune