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Pourquoi Facebook est dans la tourmente

Pourquoi Facebook est dans la tourmente

Facebook, qui revendique plus de 2 milliards d’utilisateurs sur la planète, a reconnu lundi 19 mars qu’un cabinet d’analyses spécialisé dans le « profilage d’électeurs » travaillant pour la campagne électorale de Donald Trump en 2016, avait pu collecter les données personnelles de 30 à 50 millions d’utilisateurs du réseau social.

Une enquête du Guardian avait déjà révélé en 2015 que la société britannique Cambridge Analytica (CA) s’était procuré des données Facebook pour le compte d’un sénateur ultra-conservateur.

Mais les nouvelles révélations du New York Times et de The Observer publiées samedi 17 mars viennent sérieusement entacher la réputation du géant Facebook déjà bien écornée.

Selon ces deux journaux, Cambridge Analytica (CA) a récupéré – via une application « thisisyourdigitallife » créée sur le réseau social – les données de 30 à 50 millions d’utilisateurs sans leur consentement, afin d’élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs et d’améliorer la visibilité et l’efficacité de la campagne électorale de Donald Trump. Un certain Steve Bannon, ex-conseiller du président des États-Unis, avait investi dans cette compagnie créée en 2014, avant d’en prendre la direction.

Les 50 millions de profils d’utilisateurs représentent environ un tiers de membres actifs du réseau social en Amérique du Nord et près d’un quart des électeurs américains, selon l’hebdomadaire britannique. D’après le témoignage d’un des fondateurs de Cambridge Analytica, Christopher Wylie, ce logiciel était capable de dresser un portrait des utilisateurs et de leur adresser des publicités ciblées. Des accusations que Cambridge Analytica a « nié fermement » lundi dans un communiqué.

Facebook a reconnu que l’application avait également permis l’accès aux données personnelles des « amis » des utilisateurs ayant téléchargé l’application. Parmi ces données potentiellement collectées figurent notamment l’identité des utilisateurs mais aussi les pages aimées ou postées sur leur mur.

Ce scandale intervient dans un contexte où Facebook est accusé de participer à la diffusion de fausses informations ou à caractère haineux (à l’encontre des Rohingyas notamment), et de ne pas avoir pris au sérieux les tentatives d’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine en 2016. Cette fois, les révélations sous-entendent que des données ont été collectées à l’insu des utilisateurs à des fins politiques.

Hasard du calendrier ? Le New York Times a rapporté lundi 19 mars que Alex Stamos, le responsable de la sécurité des systèmes d’information de Facebook, va quitter son poste en août. Selon la même source, ce départ ne serait toutefois pas directement lié à cette affaire.

À la suite de ces révélations, le titre du réseau social a chuté de 6,77% en Bourse. En quelques heures, la capitalisation boursière du groupe, qui s’établissait à 538 milliards de dollars (436 milliards d’euros) au cours de clôture de vendredi, a fondu d’environ 30 milliards, selon Reuters. Facebook continue de chuter mardi et perd 2% en début de séance.

Tandis que l’action dégringole en Bourse, l’affaire est également prise très au sérieux du côté des autorités. Bloomberg rapporte que la Commission fédérale américaine du Commerce (FTC) enquête sur l’utilisation par Facebook des données personnelles de ses abonnés. Une commission parlementaire britannique a également convoqué le patron de Facebook Mark Zuckerberg à venir s’expliquer sur cette collecte de données personnelles à des fins politiques.

Enfin, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a fait savoir que les eurodéputés allaient « enquêter pleinement » sur cette « violation inacceptable des droits à la confidentialité des données ».

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