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Quand la bureaucratie défie « les hautes autorités du pays »

Quand la bureaucratie défie « les hautes autorités du pays »

La suspension de la longue grève des enseignants du secondaire n’a été obtenue qu’après plusieurs semaines d’efforts de la tutelle et de supplications de la société civile, les élèves et leurs parents en tête.

Même les « plus hautes autorités du pays » – une expression utilisée par le Cnapeste – ont pesé de tout leur poids pour amener les grévistes à la raison et éviter le spectre d’une année blanche qui se profilait sérieusement. Juste après, les deux protagonistes du bras de fer, le Cnapeste et le ministère de l’Éducation, se sont mis autour d’une table et tout le monde a salué l’accord annoncé en grande pompe, concernant la prise en charge des retombées de la grève et des revendications ayant été à son origine.

Mais on a peut-être trop vite crié victoire. C’était en fait compter sans ces vieux réflexes qui collent à notre administration comme une seconde peau. Bureaucratie, excès de zèle, mauvaise interprétation des lois ou, plus grave encore, tentative de sabordage de la « paix » fraîchement signée, il y a sans doute un peu de tout cela dans l’attitude de certaines directions de l’Éducation qui traînent le pas dans la réintégration des enseignant radiés.

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C’est le cas notamment à Blida, wilaya la plus touchée par les radiations (581 au total), où des chefs d’établissements ont montré un tel zèle dans l’application des procédures qu’ils ont menacé de recourir à la force publique pour empêcher les enseignants licenciés de rejoindre leurs postes. Motif invoqué, le visa du contrôleur financier ayant été apposé sur leurs décisions de radiation, leur réintégration est plus compliquée, elle doit être précédée d’un recours et d’autres tracasseries.

C’est la loi et on ne badine pas avec la loi. Quitte à passer outre une instruction ministérielle et, surtout, une orientation de la présidence de la République. Car, on le sait maintenant, c’est la présidence qui a mis fin au conflit en donnant « des garanties » aux grévistes et en instruisant le ministère d’ouvrir les portes du dialogue.

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Aussi, l’instruction de Mme Benghabrit au lendemain de sa rencontre avec les représentants du Cnapeste ne souffre aucune ambiguïté concernant ce point précis : l’ensemble des enseignants radiés devront être réintégrés dans l’immédiat et sans conditions. Mais le refus de certains bureaucrates de s’y conformer risque de ramener la situation à la case départ.

C’est sans surprise d’ailleurs que le Cnapeste a menacé de reprendre la protesta et si cela venait à se produire, personne ne pourra crier à « la légèreté » ou à « l’abus du droit de grève ». Seul le ministère devra répondre de son incapacité à faire respecter ses instructions par ses propres agents. À moins que Mme Benghabrit ne se soit contentée de lire sa directive à la télévision, omettant de la consigner et de la faire parvenir à qui de droit par les voies réglementaires.

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Quoiqu’il en soit, il y a comme des bizarreries dans le fonctionnement de l’État algérien. Car ces situations ne sont, hélas, pas circonscrites au seul département de l’Éducation et quand elles ne font pas capoter les projets et initiatives des autorités, jettent le discrédit sur leur action. Tout au moins, elles entretiennent le flou, pour ne pas dire le doute et la suspicion.

Simultanément à cette petite bravade des responsables locaux de Blida, c’est un autre haut personnage de l’État, le Premier ministre pour ne pas le nommer, qui a vu une structure censée être sous sa pleine autorité, faire une application tronquée d’un de ses décrets, annoncé également en grande pompe et accompagné de toute la médiatisation voulue. Il s’agit du décret mettant fin au caractère systématique du contrôle au niveau de la douane.

Or, l’institution a fait savoir qu’à l’arrivée sur le territoire algérien, le scanner des douanes reste présent, après le contrôle de police, pour des raisons de « sécurité ». La présence du scanner signifie que le contrôle demeure systématique, n’en déplaise au décret.

À ce stade, on ne sait pas si les services des douanes ont décidé de le maintenir sur instruction du Premier ministre ou de leur propre initiative. Une explication ne sera pas de trop.

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