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Qu’est-ce qu’une ville intelligente ?

Qu’est-ce qu’une ville intelligente ?

Qu’est-ce qu’une ville intelligente ? Une question à laquelle les pouvoirs publics semblent incapables de répondre, à voir ce qu’est devenue la nouvelle ville de Sidi Abdellah, première tentative algérienne de créer une cité intelligente ou smart city.

Une première partie de la ville nouvelle de Sidi Abdellah, à savoir 10.000 logements, a été livrée en décembre 2016 et d’autres parties ont été réceptionnées depuis, mais à part les logements et la domiciliation de quelques entreprises, le cyber park est resté à l’état de projet.

L’échec de la réalisation de cette « ville intelligente » qui est devenu un chantier perpétuel où il ne fait pas bon vivre, est reconnu par le Premier ministre lui-même qui a affirmé ce mercredi 27 juin que l’Algérie ne dispose toujours pas de ville intelligente.

Les domaines d’intelligence d’une ville

Une ville peut être intelligente sur plusieurs domaines de sa gestion, selon la Commission française de régulation de l’énergie (CRE).

Économie, mobilité, environnement, habitants, mode de vie et administration sont les six domaines d’intelligence des villes qui doivent être améliorés par celles-ci en utilisant les dernières technologies et une réflexion innovante, selon la définition de la ville intelligente donnée par le Professeur Rudolf Giffinger, expert en recherche analytique sur le développement régional et urbain et un des spécialistes les plus renommés en matière de villes intelligentes.

Même si les définitions théoriques et les manifestations pratiques de la ville intelligente varient énormément d’un pays à l’autre, il reste que l’intégration des dernières technologies de l’information et de la communication soit un élément commun à toutes.

Ainsi, Joëlle Simard, chercheuse canadienne en urbanisme définit la ville intelligente comme étant « une ville qui utilise et qui insère les nouvelles technologies de l’information et des communications dans ses différents secteurs dans le but d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes. Que ce soit en matière de transport, de bâtiment, de gouvernance ou d’environnement, les nouvelles technologies peuvent contribuer à répondre aux défis urbains actuels ».

Toutefois, il ne faut pas confondre ville connectée et ville intelligente qui sont deux concepts proches mais pas tout à fait identiques. Une ville connectée est celle qui dispose d’équipements et de systèmes permettant la collecte et la diffusion des données concernant la ville alors qu’une ville intelligente étend son intelligence sur bien de nombreux autres domaines en plus de la connectivité.

Selon la CRE la connectivité d’une ville n’est pas synonyme de son intelligence mais seulement un de ses éléments.

Les technologies de l’information et les technologies vertes sont les deux piliers essentiels dans la construction d’une ville intelligente. Les technologies de l’information permettent de récolter des données en temps direct qui permettent d’optimiser la gestion de la ville et les technologies vertes étant indispensables à une gestion efficiente des ressources en eau, en énergie et à l’amélioration du cadre de vie.

Le retard de l’Algérie par rapport à l’intelligence des villes européennes

Selon une étude qu’a menée la commission Industrie, recherche et énergie du Parlement européen, en 2014, environ 90% des villes européennes de plus de 500.000 habitants étaient des villes intelligentes. L’étude considère une ville comme étant intelligente si celle-ci a lancé au moins une initiative visant à réaliser un des six caractères d’une ville intelligente, tels que désignés par Rudolf Giffinger.

Sur les villes européennes de 100.000 à 200.000 habitants, 43% sont considérées par l’étude comme étant intelligentes. Au total, l’étude a comptabilisé 240 villes intelligentes dans toute l’Union européenne.

Même si on prend en compte un critère de qualification de ville intelligente plus strict, à savoir la réalisation ou le pilotage réel des initiatives visant à la réalisation des caractères des villes intelligentes, le taux de villes européennes répondant à cette exigence, à savoir la moitié, est largement supérieur à celui des villes algériennes qu’on pourrait qualifier d’intelligentes selon les six critères de Giffinger, à savoir zéro.

Des exemples de réussite

Les villes deviennent de plus en plus intelligentes à travers le monde et selon les spécificités régionales, culturelles et même climatiques, la priorité est donnée à différents éléments des villes pour développer leur « intelligence ».

Barcelone fait partie des villes intelligentes pilotes en Europe. Elle est, à côté d’Helsinki, Amsterdam, Hambourg et Oulu (en Suède), l’une des cinq villes qui ont « un grand nombre d’initiatives » et « une grande qualité des initiatives » caractéristiques des villes intelligentes.

La capitale catalane s’est équipée de détecteurs en grande quantité qui permettent de gérer en temps réel les feux de signalisation, l’éclairage public et les espaces verts. La circulation des véhicules et des piétons est au cœur de la stratégie de Barcelone pour être une cité intelligente. La collecte de déchets et les schémas de circulation automobile sont optimisés pour réduire les distances parcourues et la consommation d’énergie.

À Guangzhou, en Chine où l’industrie et la circulation automobile posent de grands problèmes de pollution de l’air, la priorité est donnée aux piétons dans Liuyun, un de ses « quartiers intelligents ».

Le quartier a été pensé pour permettre aux piétons de circuler en toute sécurité et à moindre effort tout en étant proches des zones commerçantes, des administrations et des écoles, ce qui a permis de rendre le quartier plus vert, plus vivable.

Montréal a quant à elle mis les habitants en avant de ses priorités. La ville pionnière parmi les villes intelligentes a mis à la disposition de ses habitants une boîte à idées électronique pour leur permettre de faire des suggestions qui sont toutes étudiées par la ville.

Diffusion des informations et « données ouvertes », développement des télécommunications et des transports, encouragement des moyens de transport verts par la mise en place de solution accessibles pour le rechargement des véhicules électriques ou encore le renforcement des liens entre les habitants sont autant de réalisations de Montréal, classée première ville intelligente au monde lors du sommet annuel de « l’Intelligent Community Forum », en juin 2016.

Smart Nation est une initiative lancée par le gouvernement de Singapour en novembre 2014, elle vise à mobiliser les nouvelles technologies pour créer des solutions intelligentes pour le pays.

Un objectif qui a été atteint et qui a permis à la ville de Singapour d’optimiser sa consommation d’énergie, d’eau, de diminuer et de fluidifier le trafic automobile et de mettre un terme à de nombreux problèmes urbains.

La « ville jardin » est un autre projet de Singapour, il vise à créer une ville verte où la végétation domine le paysage sans rien céder du confort et du bien-être procurés par les nouvelles technologies. Le résultat est une petite ville avec des tours jardins, des fermes verticales et des jardins communautaires où sont cultivées des plantes ornementales et potagères.

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