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Ramtane Lamamra au chevet de la crise aux Comores

Ramtane Lamamra au chevet de la crise aux Comores

L’ancien ministre algérien des Affaires étrangères (2013-2017), Ramtane Lamamra, grand diplomate et spécialiste des médiations en Afrique, reprend du service.

L’ancien Commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine est arrivé samedi 23 juin à Moroni, dans la capitale des Comores, un archipel situé dans le canal du Mozambique dans l’océan Indien.

Envoyé spécial de l’organisation panafricaine, il aura la tâche de désamorcer la crise politique qui se profile dans le pays en raison d’un différend sur l’interprétation d’une recommandation des Assises nationales de février 2018 portant sur la réforme du mécanisme de la présidence tournante de l’Union des Comores.

Une réforme controversée

Le principal objet de la discorde entre le pouvoir central, l’opposition et les autres îles de l’Union des Comores que sont Grand Comore, Mohéli et Anjouan, est l’interprétation de l’une des recommandations des Assises nationales de février 2018, portant sur la réforme des institutions du pays dont celle de la présidence tournante entre les trois îles de l’Union des Comores.

Alors que les Assises nationales recommandent la possibilité de renouveler une seule fois le mandat d’une île à la présidence, l’actuel président comorien, Azali Assoumani veut faire adopter par référendum le 29 juillet prochain, un projet de réforme constitutionnel qui lui permettrait d’organiser des élections présidentielles anticipées en 2019.

Alors que la Constitution actuelle ne lui permet pas de renouveler son mandat de 5 ans commencé en 2016 à la tête de l’Union, le président Azali Assoumani a fait savoir qu’il se présenterait aux élections anticipées si le projet de révision constitutionnelle devait être approuvé ou qu’il quitterait le pouvoir en cas de rejet.

Beaucoup, aussi bien au sein de l’opposition que dans le propre camp du président, soupçonnent Azali Assoumani, ancien officier putschiste porté une première fois au pouvoir en 1999 à l’issue d’un coup d’Etat, de vouloir mettre en place un régime dictatorial.

Lui s’en défend, et assure vouloir mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales dans leur totalité afin, selon lui, « de réduire le train de vie de l’Etat, consolider la stabilité des institutions, unifier l’administration et réaffirmer l’Unité nationale ».

Pourtant, le président actuel a fait dissoudre la cour Constitutionnelle du pays au profit de la Cour suprême et a fait mettre en résidence surveillée l’ancien président comorien, Ahmed Mohammed Sambi, qui a été convoqué par une commission parlementaire pour des suspicions de corruption et de détournement de fonds.

Les partisans de l’ex-président Sambi, nombreux sur l’archipel, sont très mobilisés.

Climat tendu aux Comores

La dissolution de la Cour constitutionnel a provoqué une vague de manifestations hebdomadaires à Moroni, la capitale et à Matsumudu, sur l’île d’Anjouan d’où est originaire le président.

Ces manifestations qui ont lieu chaque vendredi depuis le 25 mai, et au cours desquelles les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles, ont été interdites par le gouvernement.

Le mécanisme complexe de la présidence tournante instauré par la Constitution comorienne de 2001, qui consiste à ce que chacune des îles des Comores assure la présidence de l’Union tous les 5 ans, a permis aux Comores de retrouver une certaine stabilité politique après une multitude de coups d’Etat et de crises séparatistes.

Pour avoir déjà eu à gérer les conséquences de la crise comorienne dès sa nomination en tant que Commissaire Paix et Sécurité de l’UA en 2008, Ramtane Lamamra ne connait que trop bien l’importance de préserver les équilibres du pouvoir instaurés aux Comores par la Constitution de 2001, et dont la présidence tournante fait partie.

Ramtane Lamamra a déjà été reçu par le président Azali Assoumani, dans une rencontre qu’il a qualifié d’ « enrichissante ».

Interrogé par des journalistes à l’issue de sa rencontre, l’envoyé spécial de l’UA n’a pas souhaité répondre dans le détail à la question sur la position l’UA concernant l’organisation du référendum du 30 juillet prochain, selon la version en ligne du journal Al-watwan.

Il a aussi déclaré seulement qu’il n’était qu’au début de sa mission et qu’il aurait l’occasion de reparler de ce sujet, toujours selon Al-watwan.

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