L’Algérie veut relancer son industrie automobile, après l’échec de la politique d’assemblage de voitures, en priorisant le véhicule utilitaire.
Cette relance se fera sur la base d’un nouveau cahier des charges qui sera promulgué d’ici le mois de juillet, annonce le ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali, qui a révélé ses grandes lignes.
L’Algérie va exiger des investisseurs « un niveau minimum d’intégration de composantes locales de 30% ainsi que la fabrication de la carrosserie localement », selon le ministre, qui s’exprimait hier lors d’une rencontre avec des journalistes, selon le compte-rendu de l’agence officielle.
Après la suppression de la règle 49/51 pour l’industrie automobile, Ferhat Ait Ali veut toutefois encourager des investissements nationaux ou mixtes. Ainsi, le nouveau cahier des charges va « faire la différence entre les investissements étrangers à 100%, les investissements d’Algériens en partenariat avec des étrangers et les investissements algériens, avec un régime spécifique pour chacun. »
« Il peut y avoir des tentatives d’industrialisation à petite échelle pour des modèles low-cost qui seront initiés un jour par des Algériens. Ce n’est pas la mer à boire, surtout pour certains segments de véhicules », anticipe le ministre.
La nouveauté dans le cahier des charges automobile version Ait Ali réside dans le fait que l’Algérie va prioriser la production des véhicules utilitaires.
« Pour l’utilitaire, on peut intégrer en Algérie jusqu’à 60%. Nous allons donc donner la priorité à ce type de véhicules qui comprend même les tracteurs, les camions semi-remorques et les bulldozers et nous n’allons pas appliquer les mêmes clauses contraignantes du véhicule touristique », soutient Ait Ali.
Mais, avertit le ministre, l’Algérie ne va pas offrir « des concessions démesurées ou des sacrifices fiscaux », pour attirer les investissements étrangers dans le domaine de l’automobile.
« Nous n’avons jamais dit que nous avons un plan pour un véhicule algérien. Nous plaçons les jalons de ce qui devrait être une industrie automobile. Si les opérateurs estiment qu’ils peuvent trouver leurs intérêts en Algérie, qu’ils soient les bienvenus, dans le cadre de ces repères. S’ils estiment qu’ils ne peuvent pas trouver leurs intérêts chez nous, nous n’obligeons personne à venir (…) Nous ne sommes pas acharnés à avoir une industrie automobile touristique », développe le ministre.
Toutefois, l’Algérie veut mettre le paquet pour attirer les équipementiers automobiles, à travers notamment des avantages fiscaux et financiers, note M. Ait Ali.
Pour lui, ces équipementiers ne sont pas obligés de travailler avec des assembleurs puisque ils peuvent opérer sur le marché de la pièce de rechange.
Pour les industries relevant du ministère de la Défense nationale, elles ne sont pas concernées par les clauses du nouveau cahier de charges.
« Ces industries participent à une mission autre que celle de satisfaire les besoins des consommateurs ou de créer des plus-values commerciales. Il n’y a aucune raison d’appliquer les clauses de cahier des charges à une institution qui assure la sécurité du pays et qui s’alimente du budget public », soutient encore le ministre.