Politique

Sahara occidental : que fera l’administration Biden ?

Donald Trump a quitté mercredi 20 janvier le pouvoir aux Etats-Unis, après un mandat de quatre ans, durant lequel il a pris de nombreuses décisions controversées au plan international, dont la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé.

Son successeur, le démocrate Joe Biden, a pris les rênes de la première puissance mondiale hier mercredi 20 janvier. Son administration a déjà annoncé qu’elle va « examiner » certaines décisions prises par Trump et des accords conclus par la précédente administration notamment dans le cadre du processus de normalisation des relations diplomatiques d’Israël avec certains pays.

C’est ce qu’a indiqué ce mardi Antony Blinken, le nouveau secrétaire d’Etat présumé américain, rapporte le média qatari Al Jazeera.

Des promesses de réexaminer le dossier

« Le leadership américain compte toujours. La réalité est que le monde ne s’organise tout simplement pas seul. Lorsque nous ne sommes pas engagés, lorsque nous ne dirigeons pas, alors une de deux choses est susceptible de se produire. Soit un autre pays essaie de prendre notre place, mais pas d’une manière susceptible de faire avancer nos intérêts et nos valeurs, soit peut-être tout aussi mauvais, personne ne le fait, et puis vous avez le chaos », a affirmé M. Blinken lors de son audition de confirmation devant la Commission des affaires étrangères du Sénat américain.

Au sujet du Moyen-Orient, Antony Blinken a déclaré que la nouvelle administration Biden chercherait à s’appuyer sur les récents accords de normalisation négociés par les États-Unis entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, soulignant que l’engagement de son pays en faveur de la sécurité d’Israël est « sacro-saint ».

En parallèle, l’administration du nouveau président Biden examinera certains des engagements pris par l’administration Trump pour inciter les pays à conclure ces accords avec Israël, a fait savoir M. Blinken.

Le futur chef du Pentagone, Lloyd Austin, a abondé dans le même sens : « C’est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, Monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée ». Il répondait ainsi lors de son audition au Sénat à une question du sénateur, James Inhofe, président de la commission défense sur sa position concernant l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975.

Pour rappel, Donald Trump, le désormais ex-président des Etats-Unis, a annoncé en décembre la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc.

En échange, les Etats-Unis ont reconnu officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occupé. M. Blinken n’a pas apporté de précisions sur la nature de cet examen des engagements et n’a pas non plus évoqué l’éventualité de revenir sur ces accords.

Cité par le Washington Post, un responsable au sein de l’équipe de transition de Joe Biden a indiqué que chacune des décisions prises par l’administration Trump est en cours d’évaluation.

« Nous avons pris note de ces manœuvres de dernière minute. Chacune d’entre elles est en cours d’évaluation, et la nouvelle administration rendra un verdict basé exclusivement sur un critère: l’intérêt national », a affirmé ce responsable.

Le journal britannique Financial Times estime quant à lui que la possibilité que Joe Biden annule la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occupé est « improbable », citant notamment le vaste soutien dont dispose le Maroc au sein du Congrès américain.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita a fait part du souhait du Maroc de voir l’administration Biden maintenir l’accord signé sous la présidence de Donald Trump.

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 Le Maroc parle de package

« Nous espérons que la prochaine administration poursuivra cette dynamique positive et nourrira ce que nous avons construit parce que cela a été fait pour la paix. Ce que nous avons ici est un package qui a été signé et le premier engagement que tout le monde a pris a été de défendre, promouvoir et mettre à niveau ce package », a affirmé M. Bourita le 23 décembre dernier, cité par le média américain Axios.

Contrairement au Maroc qui s’est appuyé sur Trump pour légitimer son occupation des territoires sahraouis, l’Algérie, qui soutient la lutte des peuples pour leur indépendance dont celui du Sahara occidental, n’a rien demandé à Biden sur la question du Sahara.

Lors de la visite à Alger  du secrétaire d’Etat américain adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, David Schenker sous Trump, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum avait exprimé le désaccord de l’Algérie avec les Etats-Unis sur le Sahara occidental.

Il a dit à Schenker que l’Algérie souhaitait « l’impartialité » des Etats-Unis dans les questions liées à la résolution des conflits internationaux, allusion au Sahara occidental.

A Alger, le responsable américain avait dit que son pays était favorable au plan d’autonomie marocain du Sahara occidental, alors que l’Algérie et le Front Polisario ainsi que plusieurs pays réclamaient la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, en application des résolutions de l’ONU et du Conseil de sécurité.

De son côté, Israël s’attend à ce que les accords signés dans le cadre de son processus de normalisation sous l’égide des Etats-Unis soient maintenus sous la présidence de Joe Biden.

« D’après ce que nous avons entendu jusqu’à présent de la nouvelle administration Biden, nous pensons qu’elle soutiendra les accords d’Abraham », a fait savoir le chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi, cité par la même source.

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