Société

Signes extérieurs de richesse : les fonctionnaires sous surveillance

La récupération des fonds détournés et transférés à l’étranger est érigée en priorité par les autorités algériennes depuis le lancement des enquêtes sur la grande corruption qui a suivi la chute du président Abdelaziz Bouteflika.

Un bilan a été dressé et rendu public en mai 2021 concernant les opérations de saisie en Algérie de fonds et de bien indûment acquis.

Pour ce qui est des biens se trouvant en dehors du territoire national, il n’y a pas encore de bilan chiffré, mais 200 dérogations judiciaires ont été lancées par l’Algérie pour récupérer l’argent détourné et déposé dans des banques étrangères ou investi par les hommes d’affaires incarcérés pour corruption.

Le chiffre a été révélé ce jeudi 8 décembre par le secrétaire général de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, Chaalal Moulay Larbi, qui a précisé que de nombreux pays se sont montrés coopératifs, sans donner le nombre, ni le montant des fonds détournés.

Une agence spécialisée dans la gestion des biens saisis sera créée prochainement, a-t-il ajouté.

Le responsable, qui s’exprimait sur les ondes de la radio algérienne, a évoqué également la lutte contre la corruption et le rôle de l’autorité mise en place à cet effet.

Signes extérieurs de richesse

Parmi ses missions, a-t-il indiqué, la surveillance et l’investigation sur les cas d’enrichissement illicite. L’Autorité traque les signes extérieurs de richesse chez les agents publics, fonctionnaires, responsables politiques ou gestionnaires d’entreprises publiques.

Lorsque la fortune ne cadre pas avec les revenus connus de l’agent en question, une enquête est ouverte et dans le cas où il n’arrive pas à justifier l’origine de ses biens, le dossier est transféré vers le pôle économique et financier de Sidi M’hamed, selon le même responsable. La mission de surveillance est confiée à un service spécialisé créé au niveau de l’autorité.

Le rôle du citoyen est important dans la lutte contre la corruption, mais M. Chaalal a regretté que beaucoup hésitent à dénoncer les cas dont ils ont connaissance, faute de garanties suffisantes pour leur protection.

Bien que l’autorité de lutte contre la corruption ne dévoile jamais l’identité des lanceurs d’alerte, ceux-ci préfèrent recourir aux lettres anonymes. Or, ce procédé n’est pas pris en compte depuis l’instruction du président de la République Abdelmadjid Tebboune en 2020.

« Beaucoup de lettres anonymes arrivent quotidiennement, mais aucune suite ne leur est donnée. Certains font néanmoins des dénonciations à visage découvert. Les garanties qu’offre la réglementation actuelle sont insuffisantes, d’où la nécessité de revoir la législation pour offrir des garanties plus solides et plus claires à ceux qui dénoncent la corruption à tous les niveaux », a estimé le responsable.

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