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3 Mauritaniens tués dans la zone tampon : que cherche le Maroc ?

3 Mauritaniens tués dans la zone tampon : que cherche le Maroc ?

Trois mois après la mort de 3 routiers algériens dans une frappe marocaine, autant de chercheurs d’or mauritaniens sont tués au même endroit et dans des circonstances similaires. La coïncidence est troublante.

Selon l’agence de presse mauritanienne indépendante Al Akhbar, trois orpailleurs mauritaniens ont été tués dimanche 2 janvier dans une frappe dans la zone tampon entre les territoires du Sahara occidental et la Mauritanie, contrôlée par l’ONU.

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Le 1er novembre, 3 chauffeurs de camion algériens ont été tués dans cette même zone en pleine tension entre l’Algérie et le Maroc. La présidence de la République avait dénoncé un lâche assassinat » et promis que le crime ne « restera pas impuni ».

Les dénégations du Maroc, qui a tenté de faire croire que les victimes se trouvaient dans une zone « fréquentée par les éléments du Polisario », n’ont pas tenu devant les preuves matérielles, notamment les vidéos montrant les camions endommagés par ce qui semble clairement une frappe de drone.  L’Algérie a saisi les instances internationales dont elle est membre (ONU, Union africaine et Ligue arabe) dès le 4 novembre.

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La volonté du Maroc de « militariser » la question du Sahara était manifeste après cet attentat. Le meurtre de trois Algériens « relève d’une volonté délibérée de passer de la stratégie de la tension diplomatique permanente qui a montré ses limites à celle du choix de l’option de la pleine militarisation de la question du Sahara occidental » au moment où la communauté internationale appelle à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Pour bon nombre d’observateurs, cette audace du Maroc qui n’hésite même plus à s’attaquer aux ressortissants de ses voisins,  trouve son explication dans l’impunité qu’il croit avoir acquise après avoir conclu les accords d’Abraham sous l’égide des Etats-Unis il y a un peu plus d’une année.

« Ce qui est certain, c’est que les fameux accords d’Abraham avec la reconnaissance par les États-Unis, et donc Israël, d’un partenariat et de la marocanité du Sahara, ont effectivement dopé à la fois la diplomatie et la détermination marocaine pour faire reconnaître par tous les moyens la marocanité du Sahara », explique à RFI Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb et professeur à la Sorbonne.

Pour lui, « les événements qui se déroulent depuis un an et demi sont dans le cadre de cette reconnaissance américaine, qui n’a pas été démentie par l’administration Biden ».

Une coïncidence troublante

Le chercheur constate qu’il y a « une recrudescence des événements violents sur le terrain »,  « et ça ne donne lieu, bizarrement, à aucune intervention de l’ONU, aucun commentaire non plus de l’Union européenne, qui est divisée sur ce sujet ».

« On est dans une situation de ni guerre ni paix, mais à force de laisser les incidents se multiplier, c’est évidemment quelque chose de dangereux », met-il en garde.

Les protestations de l’Algérie auprès des instances internationales après l’attentat du 1er novembre n’ont pas été suivies d’effet. Même la mission des Nations-Unies pour le Sahara occidental (Minurso) qui a dépêché  une équipe sur les lieux de la frappe n’a pas dévoilé les conclusions de son enquête.

Devant le silence de la communauté internationale, le Maroc n’a pas hésité à récidiver 3 mois seulement après avoir tué 3 routiers algériens dans une frappe de drone.

Autre coïncidence troublante, la frappe qui a coûté la vie à 3 ressortissants mauritaniens est survenue 72 heures seulement après la fin de la visite en Algérie du président Mauritanien.

Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a effectué une visite de trois jours en Algérie entre le 27 et le 29 décembre dernier, au cours de laquelle plusieurs accords de coopérations ont été signés.

Après la frappe du 1er novembre, la première session du Comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien a eu lieu le 8 novembre. Les deux parties ont convenu de la nécessité du « développement et la sécurisation de la zone frontalière » et de réaliser l’axe routier Tindouf (Algérie)-Zouérate (Mauritanie).

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