Politique

36e vendredi : un avant-goût d’un 1er novembre qui s’annonce historique

C’est à croire que le mouvement se nourrit des déclarations des dirigeants dont il réclame, en vain le départ depuis le 22 février dernier, et de la proximité de l’échéance électorale du 12 décembre.

Il aura suffit qu’Abdelkader Bensalah, pourtant effacé, évoque devant le président russe, Vladimir Poutine, dont le sourire semble avoir agacé beaucoup d’Algériens, la situation politique en Algérie pour aiguillonner le mouvement.

Malgré un temps maussade, parfois pluvieux, dans plusieurs villes du pays, comme à Jijel, Constantine ou à Médéa, les Algériens sont sortis de nouveau ce vendredi pour réitérer leur rejet des élections, et réclamer le départ des symboles du système et réclamer un changement radical du régime.

De l’avis de tous, particulièrement à Alger, les manifestations de ce vendredi étaient plus importantes que lors du 35e acte du hirak. Une mobilisation qui semble préfigurer des contours de celle dont on annonce « historique » de vendredi prochain, coïncidant avec la célébration du déclenchement de la révolution.

« Allah Akbar, Awal Novembre », a scandé la foule notamment à Constantine malgré la pluie, selon plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux et les comptes-rendus de presse.

À Alger, les trois principales avenues, au cœur de la ville, étaient noires de monde en milieu d’après-midi. Jeunes, vieux et femmes, tous ont tenus à être de la partie, devant des éléments des services de sécurité impassibles, pour dénoncer l’ingérence et les propos de Bensalah vécus comme une « humiliation ».

« Une honte nationale », selon les commentaires de certains. « L’Algérie n’est pas la Syrie », proclamait une pancarte, comme pour suggérer que la solution au problème algérien ne viendra pas de la Russie qui a joué un rôle clé dans la sauvegarde du régime de Bachar El Assad.

Cette sortie de Bensalah a réussi à re-polariser de nouveau les revendications sur l’exigence de son départ, mais également celui de Bedoui et des autres symboles du système.

Comme lors des autres vendredis, les manifestants ont promis de ne pas s’arrêter jusqu’au départ de la « Issaba ». Outre les flèches adressées au chef d’État par intérim, ils ont réitéré également leur rejet de l’élection, appelé à la libération des détenus dont l’emblématique moudjahid Lakhdar Bouregâa, omniprésent à travers ses portraits déployés et des slogans à sa gloire, et à l’avènement d’un État civil.

Sur les réseaux sociaux, les internautes n’ont pas pardonné à Bensalah. Au cours des manifestations, ils n’ont pas manqué d’ironiser, photos à l’appui, sur le propos de Bensalah sur « quelques éléments qui sortent dans la rue », comme pour signifier l’importance de la mobilisation de ce vendredi.

« Il faut que ces photos parviennent en Russie pour voir les quelques éléments qui scandent les slogans », a ironisé un internaute. « Alger, aujourd’hui, 36e marche, réponse cinglante, verdict sans appel du peuple, pas d’élections du 12 décembre. Pour un changement effectif du système. Pour la libération des détenus », s’est réjoui, de son côté, Said Salhi, vice-président de la LADDH.

Rendez-vous est déjà pris pour le vendredi prochain dont on veut faire un jour de « libération ». « L’Algérie va se libérer, novembre arrive », proclamaient plusieurs pancartes à Alger.

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