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2017, l’année politique du grand chambardement en France

2017, l’année politique du grand chambardement en France

En matière de politique, 2017 aura été un « grand cru », une année émaillée de bouleversements, soldée par le triomphe d’Emmanuel Macron : 39 ans, ex-banquier et fondateur d’un parti (La République en Marche) à peine plus d’un an avant les élections présidentielles.

Respectivement reporters politique à France 2 et BFMTV, Jean-Baptiste Marteau et Neila Latrous – d’origine algérienne –, ont particulièrement suivi le FN lors de cette dernière campagne présidentielle, singulière à bien des égards. Ensemble, ils ont signé « Le Tsunami », un livre dans lequel ils nous immiscent dans les coulisses politiques, spécialement celles de la droite française, au cours de ces longs mois qui ont fait de cette année présidentielle, un formidable thriller politique.

Exit les anciens

Les premiers signes de ces bouleversements s’annoncent dès l’automne 2016, durant la période des primaires. Cécile Duflot, alors chef de file du parti Europe-Écologie – les Verts – (EELV), ouvre le bal des évincés surprises. Une première « victime » d’un souffle nouveau qui sera suivie par la débâcle de Nicolas Sarkozy et la défaite d’Alain Juppé à droite.

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Décidément, rien ne se passe comme prévu dans les premières heures d’une bataille à la présidence qui n’a même pas encore officiellement débuté. Cette aventure a une saveur différente, nourrie par de l’inattendu. Comme lorsque Macron annonce sa candidature avant même que François Hollande, président à bout de souffle et désavoué par une partie de ses troupes, dévoile sa décision de ne pas briguer un second mandat un soir de 1er décembre.

La nouvelle est historique. « Un chef d’État empêché de se représenter, c’est inédit dans la Ve République. » Depuis l’Élysée, le président socialiste soufflera au passage la vedette à François Fillon, qui venait d’entrer en campagne. Mais les lumières ne tarderont pas à être braquées sur lui. Certainement pas comme il l’aurait présagé.

Amateurisme, colère et fête au FN

Évidemment, l’affaire Fillon tient une place centrale dans le livre. L’épisode grave dans les annales de l’un des événements politiques les plus considérables de ces dernières années. Alors que l’Élysée lui tendait les bras, les révélations du Canard enchaîné sur l’affaire d’emploi fictif accordé à sa femme vont faire dégringoler l’homme en même temps que sa probité. Les semaines passent et l’ex-pensionnaire de Matignon est lâché par une partie de son équipe.

Chez Les Républicains, le bateau prend l’eau ; la campagne vire au naufrage. Après le Penelope gate, la rémunération de ses enfants pour des missions ponctuelles alors qu’ils étaient encore étudiants, le candidat à la présidentielle est sur l’échafaud. Il sera achevé par l’affaire des costumes Arnys, payés par Robert Bourgi, avocat et représentant sulfureux de la Françafrique. Le livre explique en filigrane que Bourgi aurait voulu se venger de Fillon après avoir été blessé dans son ego.

Nicolas Sarkozy ne serait pas non plus étranger à la chute de celui qu’il nommait son « collaborateur » du temps où il était président. « Sarko » aurait même eu cette exclamation après cette affaire des costumes : « On l’a bien niqué ! ». François Fillon maintiendra contre vents et marées sa candidature, ce qui enragera Juppé, à qui Fillon aurait laissé entretenir l’espoir de reprendre le flambeau. Impossible à entendre pour Sarkozy, préférant voir un candidat tué dans l’œuf que le maire de Bordeaux prendre le relais.

L’ouvrage a aussi d’intéressant en ce qu’il dévoile les arcanes du FN, le parti sans doute le plus clivant de France. On y découvre, à travers de multiples anecdotes, les colères noires de Marine Le Pen, l’amateurisme régnant autour de cette campagne, en particulier en ce qui concerne l’organisation médiatique, mais aussi les soirées de décompression suivant des victoires, comme après le succès d’un meeting ou un rendez-vous télé réussi. Des frontistes qui atteindront la finale de la présidentielle, mais dont l’entre-deux tours sera marqué par une grave erreur tactique, la chef lepéniste ayant jeté un mouchoir sur l’une des mesures phares de son programme (la monnaie unique) afin de gagner les voix du souverain Nicolas Dupont-Aignant.

La Macronie, un nouveau monde

Avec le président Macron, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre entre la relation journalistes – Élysée. Le nouveau chef d’État, qui a partagé avec le reste des « gros » candidats des critiques à l’égard des journalistes, incriminés de rouler pour l’un d’entre eux ou de faire le jeu du système, garde à distance les médias et laisse parfois pantois, comme lorsque l’Élysée avance « la pensée complexe du Président » pour justifier son refus de s’adonner à la traditionnelle interview du 14 juillet. La volonté de faire table rase du passé s’opère aussi dans l’hémicycle de l’Assemblée, modernisée à 74%, y laissant apparaître quelques tâtonnements au sein de la majorité tout de même. Oui, 2017 a bien été l’année du grand chambardement.

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