
Après le tour de vis opéré dans le projet de Loi de finances complémentaire 2020, le gouvernement prépare un autre plan d’austérité pour 2021.
Dans une note d’orientation relative à la préparation du projet de Loi de finances et le budget de l’État pour 2021, le ministre des Finances fixe les grandes lignes de ce plan : réduction des dépenses, priorité absolue aux entreprises algériennes, gel des recrutements et lutte contre le gaspillage de l’argent public.
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Contexte « exceptionnel »
Dans cette note adressée le 13 mai aux ordonnateurs des dépenses du budget de l’État, Abderrahmane Raouia commence par expliquer le contexte « exceptionnel » des tensions budgétaires provoquées par les perturbations des recettes liées aux échanges extérieurs, fortement impactées par la récession mondiale induite par la crise sanitaire liée au coronavirus Covid-19.
Cette situation, ajoute Raouia, recommande la prudence et la rigueur dans l’anticipation des engagements budgétaires.
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Après avoir définit le contexte et dressé un bref tableau de la situation économique nationale et mondiale, le ministre des Finances égrène ses orientations.
« Dépenses incompressibles »
D’abord, il commence par fixer les priorités en précisant que les ressources disponibles doivent être affectées dans l’ordre aux « dépenses incompressibles comme les salaires, les indemnités, les transferts aux bénéfices des familles, les projets d’investissements prioritaires », aux « dépenses destinées au maintien des services de l’État et au service public », et, enfin aux « dépenses induites par de nouvelles décisions ».
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Le ministre des Finances explique ensuite que les dépenses de l’État pour 2021, qui ont été fixées initialement à 8.164,838 milliards par la LF 2020, dans le cadre de la politique budgétaire à moyen terme (2020-2022), sont compromises.
Parmi les raisons, il cite : la crise sanitaire provoquée par le coronavirus Covid-19 et la chute des prix du pétrole ainsi que le rétrécissement des ressources budgétaires à cause du ralentissement de l’activité économique et de la demande mondiale. « La redéfinition des priorités économiques et sociales s’imposent », écrit Roauia.
Pas de baisse d’impôts
Concrètement, le ministre des Finances demande de « ne proposer aucune mesure d’allègement ou de baisse » des impôts. « La priorité est d’élargir l’assiette fiscale », recommande-t-il dans le document de 12 pages que nous avons consulté.
Il demande d’« éviter toute proposition pour l’ouverture de nouveaux postes budgétaires, sauf ceux qui ont été décidés exceptionnellement par les pouvoirs publics ». Il préconise de « prioriser la mobilité interne » à l’intérieur des secteurs ou à l’extérieur et de « remplacer un poste sur cinq vacant (1/5), y compris les départs en retraite ».
Report des achats
Poursuivant ses orientations, Raouia demande de reporter les achats d’équipements et le mobilier de bureau en l’absence de raison valable pour le renouvellement, et ne prendre en considération que les besoins éventuels induits par la création de nouveaux services administratifs.
Le ministre des Finances propose aussi de réduire « les prises en charge des invités, les participants, les délégations étrangères en visite en Algérie dans le cadre des échanges bilatéraux, ou à l’occasion des différents évènements ».
« Il est fortement recommandé d’utiliser les techniques de visioconférence », recommande encore Raouia.
Le premier argentier du pays conseille aussi de ne pas intégrer dans les prévisions budgétaires la création de nouvelles entreprises publiques à caractère administratif, l’objectif « étant d’exploiter convenablement les structures existantes en procédant à leur redéploiement si nécessaire ».
Les ordonnateurs des dépenses publiques doivent justifier les crédits nécessaires à la couverture des dépenses de fonctionnement annuellement, et au « premier dinar », selon la note qui rappelle l’interdiction de reporter les crédits ouverts d’un exercice financier à un autre.
Limiter les dépenses d’équipements
Pour le budget d’équipement, Raouia lui consacre une page et demi. Ses orientations portent notamment sur « l’achèvement dans les délais des projets en cours qui ont atteint un taux de réalisation de 70% », « le report de l’enregistrement des nouveaux projets y compris les études, sauf en cas de nécessité absolue ».
Toujours pour les projets d’équipements, Raouia veut une évaluation détaillée de leurs coûts en devises. En d’autres termes, poursuit-il, il s’agit de « limiter les dépenses d’équipement à densité d’importation élevée ».
En clair, le ministre demande d’éviter d’inscrire les projets qui consomment des services et des produits importés. Pour y parvenir, pour la commande publique, il donne une orientation d’acter le « recours spontané » et « obligatoire » aux « entreprises nationales », et aux « produits fabriqués localement ».
Pour la méthodologie, Raouia demande l’implication des walis dans l’établissement des programmes publics pour la période 2021-2023.
Réunions d’arbitrage
Le ministre des Finances définit aussi les étapes pour élaborer les prévisions budgétaires pour les années 2021, 2022 et 2023, en demandant aux ordonnateurs des dépenses publiques de présenter leurs projets de budgets au ministère des Finances au plus tard le 28 mai.
Ensuite, le ministère des Finances va lancer les discussions budgétaires à partir du 9 juin, avec la participation des représentants des ministères, avec un calendrier qui sera fixé ultérieurement, selon la note.
Des réunions d’arbitrage se tiendront ensuite…de préférence en visioconférence.