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Change : 2020, une année noire pour le dinar algérien

Le dinar algérien a fortement baissé en 2020 sur le marché officiel. L’euro est passé de 133,57 dinars l’unité à 162,42 dinars. Il a franchi trois caps successifs en une année.

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Aicha Merabet
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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Dans une conjoncture de double crise, sanitaire et économique, le dinar algérien a fortement chuté durant l’année 2020, perdant plus de 20 % de sa valeur par rapport à la monnaie européenne.

Le 2 janvier, premier jour de cotation de l’année 2020, l’euro et le dollar s’échangeaient respectivement pour 133,57 et 119,15 dinars. Ce 31 décembre, le tableau des cotations sur le marché interbancaire publié par la Banque d’Algérie affiche 162,42 dinars pour un euro et 132,13 pour un dollar.

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Après une fluctuation de deux mois, la monnaie nationale a pris une nette courbe à la baisse dès fin février-début mars, franchissant des caps psychologiques successifs : 140 dinars pour un euro le 1er mai, 150 dinars le 30 juillet puis 160 à trois semaines de la fin de l’année, le 6 décembre.

La baisse était prévisible, mais semble néanmoins accélérée par la conjoncture fortement défavorable de la crise sanitaire qui a aggravé les difficultés économiques de l’Algérie, ramenant notamment le baril de pétrole à des valeurs négatives en avril.

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Dans la Loi de finances pour l’exercice 2020, le gouvernement avait prévu une cotation moyenne de la monnaie nationale à 123 dinars pour un dollar américain.

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Bien que la baisse puisse sembler significative, les experts estiment que le dinar n’est pas échangé à sa valeur véritable.

Autrement dit, il est surévalué. Voici ce que disait l’économiste Brahim Guendouzi à TSA en octobre dernier, alors que les cours étaient à 152 dinars pour un euro : « La valeur du dinar par rapport aux principales devises que sont le dollar et l’euro, reste surévaluée, ce qui accentue le déficit de la balance commerciale, qui reste aussi une autre source d’inquiétude. La dépréciation constatée de la monnaie nationale ces dernières semaines reste encore insuffisante par rapport au niveau espéré qui puisse apporter un tant soit peu une amélioration du déficit courant extérieur ».

La crise sanitaire a évité une flambée du marché parallèle

Ce que le gouvernement ne nie pas. La dépréciation est même devenue son ultime levier de gestion d’une économie presque entièrement dépendante des fluctuations du marché pétrolier.

Selon les prévisions triennales de la Loi de finances 2021, la dévaluation devrait se poursuivre presque au même rythme pendant les années à venir (142,20 dinars/un dollar en 2021, à 149,31 DA en 2022 et à 156,78 DA en 2023).

Les réserves de change, principal paramètre censé réguler la valeur de la monnaie nationale, ne suivront pas tout à fait la même courbe. Après une baisse à la fin de l’exercice prochain à 46,84 milliards de dollars, elles reprendront à partir de 2022 à 47.5 milliards avant d’atteindre de nouveau en 2023 les 50 milliards de dollars, selon les prévisions officielles.

Des prévisions très hypothétiques car reposant sur une éventuelle reprise de l’économie grâce aux réformes envisagées mais qui tardent à être entamées.

Parallèlement à la dégringolade chronique du dinar en 2020, le marché parallèle de la devise a connu une relative stabilité, terminant l’année presque aux mêmes niveaux qu’en janvier, à un peu plus de 200 dinars pour un euro.

Le marché est plombé par la fermeture des frontières et la suspension des liaisons aériennes et du pèlerinage pour cause de crise sanitaire, mais il faut retenir que même de telles mesures extrêmes, auxquelles s’ajoute le rétropédalage des autorités sur le dossier de l’importation des véhicules d’occasion, n’ont pas causé ne serait-ce qu’un léger recul des principales devises étrangères.

Pour beaucoup, une flambée de l’euro, du dollar et des autres monnaies dès la levée des mesures restrictives n’est du coup pas à exclure, avec des conséquences encore plus désastreuses sur le pouvoir d’achat des citoyens, déjà fortement ébranlé par les péripéties de cette année 2020.

Désinvestissement, tétanisation des centres de décision, absence d’initiative, chute drastique des revenus pétroliers et dégringolade continue de la monnaie nationale, c’est assurément une année noire qui s’achève pour l’économie algérienne.

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