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Train Bechar-Tindouf et Gara Djebilet : deux projets majeurs pour l’avenir de l’Algérie

La ligne ferroviaire Béchar – Tindouf et le gisement de minerai de fer de Gara Djebilet sont deux projets hautement stratégiques pour l’Algérie.

Train Bechar-Tindouf et Gara Djebilet : deux projets majeurs pour l’avenir de l’Algérie
Lynda Hanna
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L’Algérie a lancé en 2023 deux projets d’une importance stratégique majeure. Simultanément, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a mis en chantier l’exploitation du gisement de minerai de fer géant de Gara Djebilet et la réalisation d’une ligne ferroviaire gigantesque de 950 km entre cette mine située à l’extrême sud-ouest du pays, et Béchar, concrétisant ainsi, d’un coup, deux projets qui vont transformer en profondeur le sud-ouest algérien, notamment la région de Tindouf, et qui sont restés longtemps dans les cartons, faute de moyens et de volonté politique. 

Utopique il y a seulement quelques années, le rail Béchar-Tindouf devient donc réalité. L’Algérie a mis les moyens pour surmonter toutes les contraintes et concrétiser ce projet de l’extrême, au vu de son importance économique, sociale et stratégique. 

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Ligne ferroviaire Tindour-Bechar, un levier pour transformer le sud-ouest algérien

Les premiers coups de pioche ont été donnés il y a vingt mois et deux tronçons sont déjà livrés. Les travaux du tronçon reliant la ville de Tindouf au gisement de minerai de fer de Gara Djebilet, sur 135 kilomètres, ont été achevés dimanche 6 juillet, au lendemain de la célébration du 63e anniversaire de l’indépendance nationale.

En avril dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a mis en service le tronçon Béchar-Abadla, long de 100 kilomètres.

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La ligne, d’une longueur totale de 950 kilomètres, est achevée à ses deux extrémités, soit un total de 235 kilomètres déjà livrés. Tout le projet devrait être achevé avant fin 2025, en avance de quelques mois sur le délai initial qui est de mars 2026. 

La ligne est réalisée par des entreprises algériennes, Cosider et Infrafer notamment, qui ont recours à l’expertise du Chinois CRCC, qui a une grande expérience dans la pose de rails en milieu désertique. 

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L’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet est un vieux projet envisagé dès les années 1970. L’Algérie a fini par l’attaquer, malgré la difficulté et le coût de la tâche, car le projet est hautement stratégique et a une grande portée économique et sociale pour l’ensemble du sud-ouest algérien.

Gara Djebilet, le réveil d’un géant endormi

En plus du développement du gisement de fer de Gara Djebilet dont les réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, la ligne de chemin de fer Bechar-Tindouf contribuera à « l’aménagement du territoire, à l’attractivité de la région du sud-ouest pour les investisseurs ainsi que pour l’essor de l’agriculture saharienne », explique dans un entretien à TSA l’économiste Brahim Guendouzi.

Beaucoup de pays au territoire immense se sont développés grâce au rail. C’est le cas notamment des États-Unis qui ont posé des milliers de kilomètres de chemins de fer au 19e siècle pour arrimer les territoires du Far west à la dynamique de développement du pays.  

L’Algérie a justement une surface immense et le rail constitue de ce fait un levier stratégique pour son développement économique et social, comme le souligne l’économiste Brahim Guendouzi, enseignant à l’université de Tizi-Ouzou. La nouvelle ligne de chemin de fer contribuera à désenclaver une très vaste région, tout le sud-ouest du pays en fait, de Béchar à Tindouf. 

Le train de Tindouf, une portée sociale, économique et stratégique  

Plusieurs gares sont prévues tout au long de l’itinéraire, ce qui améliorera la mobilité et l’approvisionnement des populations et boostera l’activité économique, en plus évidemment de l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet, l’un des plus grands au monde, susceptible de changer la face de la région par l’emploi et l’activité qu’il va générer.  

Des agglomérations pourraient aussi sortir de terre grâce à cette infrastructure.  Les mêmes effets sont attendus des deux autres projets similaires, les lignes en réalisation de Tamanrasset et Adrar devant aller jusqu’aux frontières du Niger et du Mali.

Si l’Algérie a décidé de réaliser maintenant la ligne de Tindouf après des décennies d’hésitation, c’est aussi parce qu’elle a inclu dans sa stratégie de développement et de diversification de l’économie, l’exploitation de son immense potentiel minier. Le même schéma est d’ailleurs adopté pour l’exploitation du gisement de phosphate de Tébessa, à l’extrême-est. Une ligne de chemin de fer est en réalisation entre la mine et le port d’Annaba. 

Le rail Béchar-Tindouf permettra donc à l’Algérie d’exploiter enfin l’immense gisement de fer de Gara Djebilet, avec de grandes retombées sur la diversification de l’économie et les recettes d’exportation du pays. Des recettes supplémentaires qui serviront à financer d’autres projets de développement social et économique. 

Avec trois milliards de réserves exploitables, le gisement fera de l’Algérie un acteur important sur le marché mondial de la sidérurgie, un secteur hautement stratégique, alors qu’elle est déjà un fournisseur fiable d’énergie, notamment pour le sud de l’Europe. 

Outre sa portée économique et sociale, la nouvelle ligne de chemin de fer a un autre intérêt lié à la défense nationale. Dans une région très sensible où sont stationnées d’importantes unités de l’Armée nationale populaire (ANP), elle pourra servir en cas de besoin pour le transport de troupes, le ravitaillement des unités ou encore l’acheminement de matériel militaire. 

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