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Importations en Algérie : quel impact des nouvelles mesures ?

L’Algérie a pris de nouvelles mesures restrictives sur les importations. L’économiste Brahim Guendouzi livre son analyse.

Importations en Algérie : quel impact des nouvelles mesures ?
Par pitb_1 / Adobe Stock
Lynda Hanna
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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L’Algérie a pris début juillet de nouvelles mesures restrictives pour encadrer les importations et lutter contre la fraude.

L’obligation faite aux entreprises de présenter un Programme prévisionnel d’importation (PPI) pour le second semestre 2025 est la principale mesure prise par le ministère du Commerce extérieur et de la promotion des exportations. Dans cet entretien, l’économiste Brahim Guendouzi analyse l’impact de ce durcissement sur les entreprises algériennes et l’importation.

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L’Algérie a pris de nouvelles mesures pour renforcer le contrôle sur les importations. Certains contestent la forme, sans remettre en cause le fond de cette décision. Est-ce que c’est la bonne méthode ?

Il y a tout d’abord une volonté de maîtriser l’évolution des importations pour éviter un déficit commercial contraignant. Ensuite, il y a l’option d’une politique de substitution aux importations afin d’élargir la base productive nationale.

La protection d’une industrie naissante et du produit local s’avèrent être indispensables pour une diversification industrielle et pour rassurer les investisseurs.

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Les restrictions administratives imposées vont avoir un effet d’éviction sur un certain nombre d’importateurs. La lutte contre la surfacturation fait partie également des objectifs du nouveau dispositif de contrôle des importations. Au demeurant, cela engendre un alourdissement du climat des affaires et des contraintes sur la célérité des approvisionnements du marché national.

Il s’agit d’un volontarisme qui gêne la flexibilité dont ont besoin les entreprises qui évoluent dans un environnement fortement contraignant. Aussi, les résultats d’une telle démarche risquent d’être en deçà des espérances. Le tissu économique national est largement dominé par des PME privées dont les patrons présentent une aversion face aux risques et à la bureaucratie.

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Le ministre du Commerce extérieur et de la promotion des exportations Kamel Rezig a justifié lundi dans une réponse à un député les nouvelles sur les importations par les dépassements enregistrés dans le domaine de l’importation. Il décrit une situation chaotique. Pourquoi le secteur de l’importation est-il à ce point gangrené par la fraude ?

La démarche du ministère du Commerce et de la promotion des exportations, à travers l’exigence d’un programme prévisionnel d’importation pour mieux contrôler et maîtriser les pratiques frauduleuses, a en réalité créé un malaise auprès des opérateurs économiques.

La suspicion envers eux a suscité des réactions de rejet d’une telle démarche et des doutes sur ses résultats. Le PPI ne fait qu’alourdir encore de façon bureaucratique les procédures de commerce extérieur déjà lourdes.

Aussi, le ministère aurait pu effectuer des recoupements grâce aux bases de données de la direction générale des Impôts, des douanes, des banques domiciliataires et de la Banque d’Algérie.

De même, on aurait pu mobiliser les directions de wilaya en charge du commerce, de l’industrie, de l’environnement, de l’énergie, de l’agriculture et de la santé, car elles disposent toutes de données sur toutes les entreprises en activité en Algérie.

En définitive, le ministère du Commerce, en voulant anticiper sur les fraudeurs, a pénalisé plus les entreprises, particulièrement les PME, en leur mettant plus de pression alors qu’elles sont déjà soumises à un environnement changeant et difficile.

Le ministère du Commerce et de la promotion des exportations a un rôle déterminant pour ériger l’économie nationale vers plus de compétitivité et de performance. Il est clair que la sécurité et la régularité des approvisionnements de l’appareil productif doivent être un souci permanent du fait que l’économie algérienne n’a pas atteint un degré de diversification, et donc reste largement dépendante des marchés étrangers.

Ceci est d’autant plus qu’il faudra assurer aussi la prise en charge des besoins de la population en différents biens,  dont une large part provient de l’importation, et ce, pour éviter les pénuries. En définitive, les importations de biens et services pour le bon fonctionnement de l’économie nationale sont déterminantes aussi bien pour la production que pour la consommation ainsi que pour assurer le rythme de la croissance économique, sans cela, il y a le risque de la stagnation économique et le mécontentement populaire.

Ne faut-il pas changer de stratégie en essayant de développer davantage les exportations hors hydrocarbures pour avoir plus de devises ?

Sur le plan de la promotion des exportations, l’Algérie est face à un défi pour permettre à son tissu économique de se diversifier tout en ayant des parts de marché à l’international. Le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations a la charge d’organiser l’accompagnement des entreprises nationales à l’approche des marchés extérieurs pour leur permettre d’être compétitives.

Les engagements de l’Algérie dans le cadre de la ZLECAF et avec l’Union européenne, imposent plus de rigueur dans les actions ayant trait à la promotion du  » made in algeria » à l’étranger. La synergie entre les entreprises, les institutions d’accompagnement et le ministère du Commerce sont déterminantes pour que l’Algérie puisse occuper la place qui lui sied sur les marchés extérieurs.

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