
Contribution. En tant qu’autorité monétaire du pays, la Banque d’Algérie adopte une approche globale et prudente, en tenant compte d’un ensemble plus large de variables, avant d’assouplir sa politique monétaire.
Elle suit une panoplie d’indicateurs économiques et financiers pour orienter ses décisions. Ces indicateurs permettent d’évaluer la santé globale de l’économie, la stabilité des prix et l’efficacité du système bancaire.
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La décision de la Banque d’Algérie d’abaisser le taux directeur et le taux des réserves obligatoires repose, d’après le communiqué du 28 août 2025 émanant du Conseil monétaire et bancaire, sur une analyse croisée effectuée à partir d’indicateurs liés à l’inflation, la croissance économique réelle appréciable, le crédit bancaire, la stabilité monétaire et enfin une position prudente par rapport aux risques externes.
Maîtrise de l’inflation
Le communiqué du 28 août 2025 mentionne que l’inflation globale est tombée à –0,35 % en juillet 2025, bien en dessous de l’objectif monétaire. Cette baisse durable sur plusieurs mois indique une absence de tensions inflationnistes, ce qui ouvre la voie à une baisse des taux sans risque de surchauffe.
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Plus encore, bien que les données précises sur l’inflation sous-jacente ne soient pas toujours publiées, la Banque d’Algérie relève également qu’elle est également en recul, passant de 3,92 % en juillet 2024 à 2,58 % en juillet 2025.
Il est à rappeler que l’inflation sous-jacente, appelée aussi inflation de base est une mesure affinée de l’évolution des prix permettant de capter la tendance de fond de l’inflation, par l’élimination des éléments les plus volatils (produits frais, prix réglementé). En les retirant, on obtient une vision plus stable et plus représentative des pressions inflationnistes durables.
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La dynamisation de l’activité économique hors secteur des hydrocarbures
La croissance économique réelle des secteurs hors hydrocarbures a atteint 5,7 % au premier trimestre 2025, contre 4,3 % l’année précédente.
Cela signifie que l’économie nationale commence à diversifier ses moteurs de croissance, avec un soutien accru aux entreprises, à l’agriculture, à l’industrie et aux services.
Aussi, le PIB a progressé de 4,5 % au premier trimestre 2025, avec une contribution notable des investissements privés et publics. Cela confirme que l’économie réelle est résiliente et se diversifie.
Stabilité monétaire
La croissance de la masse monétaire au sens large est restée modérée à 3,81 % à fin juin 2025. Cela signifie que l’augmentation des liquidités ne crée pas de déséquilibre, ce qui rassure sur la stabilité financière.
Par ailleurs, le communiqué de la Banque d’Algérie fait part d’une progression des crédits à l’économie avec 5,36 % en six mois, soit plus que sur toute l’année 2024. Ce qui dénote déjà d’un engagement des banques dans le financement actif de l’économie nationale.
Contexte international
La Banque d’Algérie reste attentive aux évolutions mondiales en termes de taux d’intérêt appliqués par les grandes banques centrales, les cours du pétrole brut, tensions géopolitiques, l’évolution du commerce extérieur.
Ces facteurs influent sur les flux de capitaux, la balance des paiements et les réserves de change. Les équilibres externes sont aussi déterminants, car pouvant moduler les décisions internes.
La décision prise par l’autorité monétaire d’abaisser le taux directeur de 3% à 2,75% ainsi que le taux des réserves obligatoires de 3% à 2%, tient compte de la marge de manœuvre existante au vu des indicateurs économiques obtenus pour soutenir l’économie nationale sans craindre une flambée des prix.
Aussi, les leviers monétaires que sont la baisse du taux directeur, la réduction des réserves obligatoires et le ralentissement de l’inflation, auront des effets directs et profonds sur l’économie nationale.
En premier lieu, il y a l’accès facilité au crédit. Les banques commerciales peuvent emprunter à moindre coût auprès de la Banque d’Algérie.
Cela se répercute sur les taux d’intérêt appliqués aux entreprises et aux ménages, qui deviennent plus attractifs. D’où plus d’investissements, plus de projets immobiliers, industriels ou agricoles, et une augmentation de la consommation. L’effet attendu est donc la relance de l’investissement et de la demande intérieure.
En deuxième lieu, il y a le renforcement du système bancaire du fait que la baisse du taux des réserves obligatoires libère des liquidités, permettant aux banques de financer davantage l’économie nationale. Cela favorise également l’inclusion financière.
En troisième lieu, un pouvoir d’achat stabilisé dès lors que les prix des biens et services essentiels évoluent plus lentement.
Enfin, une dynamique économique consolidée pour créer des emplois stables, l’amélioration des infrastructures socio-économiques et la réduction les disparités régionales.
En définitive, la politique monétaire actuelle, pratiquée par la Banque d’Algérie, n’est pas isolée, mais s’intègre dans une vision économique nationale dont la finalité est de bâtir une économie plus résiliente, moins vulnérable aux chocs pétroliers et capable de générer une croissance durable.
Brahim Guendouzi*