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Elle n’a rien lâché : le témoignage poignant d’une Algérienne en France

Une Algérienne raconte comment elle s’est débrouillée en France alors qu’elle manquait de moyens pour y poursuivre ses études. Face à la précarité, elle n’a rien lâché.

Elle n’a rien lâché : le témoignage poignant d’une Algérienne en France
Cette finalité n’est pas souvent aussi simple qu’on le croit / Dom Fou sur Unsplash
Merzouk A
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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Poursuivre ses études en France promet certes un meilleur avenir. Mais cette finalité n’est pas souvent aussi simple qu’on le croit. Ces dernières années, les étudiants sont de plus en plus nombreux à être confrontés à la pauvreté et à la précarité, dans le cadre de la poursuite de leurs cursus.

Rencontrée par Radio France à Paris, lors d’une distribution alimentaire organisée par l’association Linkee, Linda, une ressortissante algérienne qui est aujourd’hui bénévole, a raconté le calvaire qu’elle a vécu pendant ses années d’études dans l’Hexagone.

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Linda se souvient de la précarité dont elle a vécu ses années d’études en France

Chaque jeudi, rendez-vous de la distribution, la file d’attente formée par les étudiants venus chercher des aides alimentaires, s’étend sur une centaine de mètres, constate le média public, dans un reportage diffusé ce mardi 9 septembre.

Une étude menée récemment par l’association Linkee démontre que sur 22.000 étudiants bénéficiaires de ses aides, 78 % disposent de moins de 100 euros par mois pour manger, soit 3,3 euros par jour, ce qui est loin d’être suffisant. Certains étudiants sautent même des repas et d’autres songent à arrêter les études.

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Poussée par la volonté de changer sa vie et de réaliser ses rêves, Linda avait décidé d’émigrer en France pour poursuivre ses études. Elle avait même tenu tête à son père qui était contre ce projet, faute de moyens financiers.

Linda, qui vient d’une famille modeste en Algérie, avait rassemblé ce qu’elle avait pu, soit 2.000 euros, avec l’aide de ses parents et de ses sœurs, et a posé ses valises en France. Elle s’est inscrite à l’université de Mulhouse.

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« Ma première fois au resto du cœur, je me suis sentie mal à l’aise »

« J’ai fait mon possible à bien gérer la somme de 2.000 €, mais ça partait assez vite », dit-elle. Entre les inscriptions, la mutuelle et la caution du CROUS, elle a dépensé presque 800 euros en moins d’un mois.

Face à toutes ses dépenses quotidiennes, elle n’arrive même pas à se concentrer en cours. « Je n’étais pas tout à fait concentrée, parce que je ne savais plus quoi faire ». À un certain moment, elle était obligée de demander, à contrecœur, un peu d’argent à ses parents en Algérie, sachant que la situation n’est également pas facile pour eux.

« Tout l’argent que je recevais de mes parents partait dans le loyer (car elle avait par la suite emménagé avec une amie dans un 20 m²). Pour manger, j’ai toujours été assidue et je me présentais tout le temps aux Restos du cœur et au Secours populaire ».

Face à la précarité, son seul objectif était de ne plus dépenser « ne serait-ce qu’un centime » sur la nourriture. Mais le plus difficile pour elle en venant aux restos du cœur, c’était d’affronter sa fierté. « La première fois, je me suis sentie mal à l’aise, car je n’avais jamais imaginé me retrouver obligée de demander à une association pour… manger », se souvient l’étudiante algérienne.

« Je me trouvais à faire le jeûne intermittent »

« Au resto du cœur, on nous donnait des quantités limitées, pour toute une semaine ». Il faudra donc savoir aussi gérer cette quantité, explique Linda, ajoutant qu’à certains moments, elle était contrainte de sauter des repas. « Je me trouvais à faire le jeûne intermittent ».

Pour ce qui est des soins, le seuil de pauvreté que vivait cette étudiante, tout comme de nombreux autres cas, l’a poussée à se dire qu’elle n’avait pas le droit à tomber malade, « car j’ai mis trois ans pour avoir un numéro de Sécurité sociale définitif ».

Par la suite, elle a trouvé un petit job, en donnant des cours d’anglais à domicile, ce qui lui a permis de payer le loyer et le transport (Pass Navigo).

« Je suis très fière de moi-même, car je n’ai pas traversé tout ça pour rien »

Après avoir traversé tant d’épreuves dans la pauvreté et la précarité en tant qu’étudiante, Linda a validé son premier diplôme de licence en anglais, puis une licence en gestion de l’information et un master en conseil et développement des compétences.

Ses études lui ont permis de décrocher un travail en tant que formatrice d’anglais dans des entreprises et des centres de formation avec un revenu de 2.000 euros par mois comme premier salaire. « J’étais très fière de moi-même, car je me suis dit que je n’avais pas traversé tout ça pour rien. Mes parents étaient aussi très contents pour moi ».

De même, elle peut aussi mettre de l’argent de côté pour l’envoyer à ses parents en Algérie, pour leur rendre la pareille. Dans cet état d’esprit, elle a également intégré les rangs de l’association Linkee en tant que bénévole, pour aider les étudiants qui sont en train de vivre ce qu’elle a enduré, étudiante.

TSA +