Émigration clandestine : ce que révèle l’affaire des sept mineurs algériens

Sept adolescents algériens ont défrayé la chronique en cette rentrée sociale en rejoignant l’Espagne à bord d’une embarcation volée. Cette affaire a relancé le débat sur l’émigration clandestine en Algérie, et a donné lieu à une pléthore de réactions et de lectures, certaines justes, d’autres, hélas, biaisées.

On a vu pires situations depuis que la migration clandestine est devenue un phénomène mondial. Des embarcations bondées, des chavirements dramatiques, des familles entières qui prennent la mer avec des enfants en très bas âge… Il est même arrivé qu’un jeune soit retrouvé gelé après avoir voyagé caché dans le train d’atterrissage d’un avion.

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Une aventure à haut risque

Difficile alors de comprendre toute la médiatisation qui a suivi outre-mer cette affaire dite des sept mineurs.

Le phénomène est bien réel, mais il n’est pas une spécificité maghrébine, encore moins algérienne. La problématique de la migration clandestine est l’un des plus sérieux défis qui se posent à l’humanité en ce 21e siècle, au même titre que le changement climatique.

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Il y a aussi un fait indéniable : les flux vont dans un seul sens, des zones moins nanties économiquement vers celles plus prospères d’Europe et d’Amérique, globalement du sud vers le nord. Cela ne confère pas cependant une dimension économique exclusive au phénomène.

L’incidence de facteurs sociaux et psychologiques est également à prendre en compte, au risque de faire un faux diagnostic qui induit fatalement de faux remèdes.

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Du moins dans cette affaire des sept adolescents algériens qui ont pris un énorme risque dans cette aventure, la motivation économique ne peut être mise en avant. Les adolescents sont encore scolarisés et ont choisi la veille de la rentrée scolaire pour tenter l’aventure.

Affaire des sept clandestins : des lectures biaisées

Certes, beaucoup de migrants, légaux ou clandestins, partent pour fuir des conditions de vie difficiles ou tenter leur chance sous d’autres cieux qu’ils pensent plus cléments.

 Améliorer sa situation sociale est une quête légitime et devant la fermeture des frontières de l’Europe et l’inaccessibilité du visa, la traversée clandestine devient inéluctable.

Mais encore une fois, l’ampleur du phénomène laisse conclure qu’il n’est pas qu’économique.

Les réactions suscitées en Algérie par la traversée des sept mineurs vont de lectures très politiques à des analyses sociologiques pertinentes.

Si des partis comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ou le Mouvement de la société pour la paix (MSP) ont axé sur la détresse économique, pointant un échec des politiques publiques, des intellectuels ont pointé du doigt la dimension sociétale et psychologique du phénomène, révélée on ne peut mieux par cette nouvelle affaire.

“L’histoire de ces adolescents a aussitôt été interprétée comme la preuve que ‘le pays va mal’. Mais cette lecture simpliste passe à côté de l’essentiel : l’adolescence n’est pas un plébiscite national, c’est un âge universel de transgression, aujourd’hui nourri par des codes culturels mondialisés”, a analysé l’universitaire Zoubida Berrahou.

La lecture est très pertinente. De même que celle exprimée dans un commentaire contenu dans le numéro de ce mois de septembre de la revue de l’ANP, El Djeich.

« Agendas médiatiques malveillants »

“La migration clandestine constitue l’un des phénomènes mondiaux les plus marquants de la dernière décennie. Elle ne se limite plus à un seul pays, mais est devenue une réalité internationale complexe où s’entrecroisent les dimensions économiques, sociales, psychologiques et politiques”, y est-il écrit.

La revue de l’armée rappelle aussi que ce phénomène n’est pas spécifique à l’Algérie.

L’amplification de l’affaire des sept adolescents, qui est pourtant “un acte isolé”, relève d’autres visées qui n’ont rien à voir avec l’effort de compréhension du phénomène et la recherche de solutions.

Elle “révèle clairement l’existence d’agendas médiatiques malveillants visant à affaiblir l’image et la réputation de l’Algérie sur la scène internationale”, a accusé la revue El Djeich. À juste titre…