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« Bloquons tout » : la crise en France vue d’Algérie

La France renoue avec les protestations avec le mouvement bloquons tout, dans un contexte de grave crise politique et économique.

« Bloquons tout » : la crise en France vue d’Algérie
La France renvoie aujourd'hui au monde l'image d'un pays qui va mal / Par Mikhail Nilov / Pexels pour TSA
Riyad Hamadi
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La France a connu ce mercredi 10 septembre, avec le mouvement « Bloquons tout » une journée de protestation sociale de grande ampleur, sur fond de crise politique doublée d’un marasme économique et social.

L’actualité française est évidemment scrutée à Alger, sous l’angle de la probable incidence des événements sur la crise qui dure entre les deux pays depuis plus d’une année.

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Du reste, instabilité ou pas, ce qui se passe en France a toujours suscité un vif intérêt en Algérie du fait de l’importante communauté algérienne qui réside de l’autre côté de la Méditerranée.

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La possibilité de la nomination d’un Premier ministre socialiste, évoquée dans les jours qui ont précédé la chute du gouvernement de François Bayrou, était accueillie avec un certain enthousiasme par les analystes et commentateurs algériens.

Pendant toute la durée de la crise diplomatique, tous les partis de gauche ont exprimé des positions qui tranchent avec le ton provocateur de la droite et de l’extrême-droite. La gauche de nouveau au pouvoir est susceptible au moins de faciliter la reprise du contact entre les deux capitales.

Crise politique d’ampleur

Le président Emmanuel Macron a finalement écarté cette option en nommant très vite un de ses fidèles, le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Toutefois, pour la relation avec l’Algérie, l’identité du Premier ministre est moins importante que celle du ministre de l’Intérieur, tant Bruno Retailleau s’est posé ces derniers mois comme un frein à tout rapprochement.

L’Algérie avait signifié par la voix du président Abdelmadjid Tebboune qu’elle n’en veut en aucun cas comme interlocuteur. Le flou ne commencera donc à se dissiper que lorsque la composante du nouveau gouvernement sera dévoilée.

Le maintien de Bruno Retailleau sera synonyme de statu quo. En revanche, avec son départ, c’est un énorme verrou de blocage qui sautera, sans toutefois aucune garantie d’un rapide retour à la normale. Car en Algérie, on ne perd pas de vue que la France est en crise. Une crise profonde et structurelle.

Le quotidien El Khabar estime dans une analyse sur la situation interne en France que la nomination d’un Premier ministre ne réglera pas la crise.

« Macron est fini »

Pour le journal algérien, « Macron est fini » et le mieux qu’il a à faire est de démissionner. La composante du Parlement depuis la dissolution et les législatives de l’été 2027 est, en effet, inconciliable. La preuve, le président vient de nommer un troisième Premier ministre en une année.

Le député Mohamed Hani, qui est membre de la commission des Affaires étrangères de l’APN, a applaudi la chute du gouvernement Bayrou et le départ de Bruno Retailleau.

« Urgent : Retrait de confiance au gouvernement français. Mr Retailleau, bonnes vacances », a-t-il écrit sur Facebook. Son collègue Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de France, a retracé le parcours du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, en s’interrogeant : « Question capitale : Combien de temps tiendra son gouvernement !? »

La crise n’est pas que politique. Elle est aussi, et surtout, économique et sociale. Le pays croule sous une dette colossale, plus de 3.300 milliards d’euros. Un record.

« Bloquons tout »

Ce mercredi 10 septembre, des dizaines de milliers de Français sont sortis dans la rue aux quatre coins de la France. La journée de protestation est intitulée « bloquons tout ». Le mouvement n’a pas tenu sa promesse de paralyser la France, mais il a mobilisé des milliers de Français.

En début d’après-midi, 430 actions et 29.000 manifestants ont été recensés à travers le pays. La protestation a dégénéré dans plusieurs villes, avec des blocages de services publics, des incendies et des interventions musclées des forces de l’ordre. La police a procédé à près de 300 interpellations.

Le bilan est arrêté à 13 h et il est appelé à augmenter. Cette journée rappelle le mouvement des Gilets jaunes qui a marqué pendant de longs mois le premier mandat du président Macron.

Un pays qui va mal

La France renvoie aujourd’hui au monde l’image d’un pays qui va mal, avec une forte dette, une inflation intenable, un pouvoir d’achat en berne, une société bouillonnante, la montée dangereuse des extrêmes, et une crise politique qui paraît insoluble, du moins dans l’immédiat, du fait des clivages profonds qui traversent la société et la classe politique.

La France, plus que jamais divisée, devra voir son avenir se jouer aux élections présidentielles de 2027, peut-être avant si Emmanuel Macron est contraint de s’en remettre au peuple avant cette échéance, sans garantie que l’extrême-droite ne sera pas portée au pouvoir. L’avenir de la relation avec l’Algérie sera également en jeu.

TSA +