Riyad Hamadi
2 minutes de lecture
2 minutes de lecture
Comme le soupçonnait la police parisienne, les têtes de cochon déposées devant des mosquées en France seraient le fait d’une “ingérence étrangère”. C’est du moins ce qui ressort des premiers éléments de l’enquête dévoilés par le Parquet de Paris.
Ce qui ne blanchit pas pour autant le courant islamophobe, pointé du doigt par une partie de la classe politique française. Bien au contraire, si la France en est arrivée là, c’est précisément par la faute de ce courant. La polarisation, les clivages et les stigmatisations ont préparé le terrain à de telles ingérences, si tant est qu’elles eurent réellement lieu.
A lire aussi : Jamel Debbouze : son restaurant à Paris épinglé pour vente de vins israéliens
La main étrangère
Mardi 9 septembre, les fidèles de plusieurs mosquées de Paris et sa région ont découvert très tôt le matin des têtes de cochon, neuf au total, devant leurs lieux de culte. L’affaire a suscité un grand tollé en France, faisant réagir de nombreux responsables politiques.
La police était partie d’un indice et d’un précédent pour soupçonner une “ingérence étrangère”. L’indice, c’est l’inscription à l’encre bleu du mot “Macron” sur certaines des têtes de cochon.
A lire aussi : Le Sahara occidental au Ticad 2025 : nouveau revers pour le Maroc
Le précédent c’est évidemment l’affaire des étoiles de David taguées sur des immeubles de Paris en octobre 2023 par des individus de nationalité moldave. L’opération visait à faire croire qu’il s’agissait d’un acte antisémite commis par les musulmans.
Ceux qui enquêtent sur cette nouvelle affaire de têtes de cochon ont très vite mis une nationalité potentielle sur les auteurs. Ils pourraient être des Serbes.
A lire aussi : Gaza : l’ONU déclare officiellement l’état de famine et accuse Israël
Selon le parquet de Paris, cité ce jeudi 11 septembre par plusieurs médias, dont France Info, un agriculteur normand a signalé que deux personnes lui ont acheté une dizaine de têtes de cochon.
La plaque d’immatriculation de leur véhicule serait serbe. Selon la même source, les auteurs présumés de cet acte ont quitté le territoire français. Ils sont de nationalité étrangère, assure le parquet, sans dire expressément qu’ils sont serbes.
France : qui prépare le terrain à l’ « ingérence étrangère” ?
Le parquet de Paris estime qu’il y a “une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation« .
En octobre 2023, les insinuations avaient ciblé la Russie, une grande puissance qui en voudrait à la France pour sa position vis-à-vis de la guerre en Ukraine.
La Russie ou un autre pays, ou peut-être même une partie interne, ce genre d’opérations montre qu’il y a volonté de monter les communautés les unes contre les autres.
Il faut dire aussi que ceux qui tireraient les ficelles agissent en terrain favorable, préparé par le discours extrémiste qui stigmatise au quotidien et depuis plusieurs années la communauté musulmane.
Lorsque Éric Zemmour crie au “grand remplacement” et répète que l’islam est incompatible avec la République, il stigmatise tous les musulmans de France, les exclue et les désigne comme cible.
De même que lorsque Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, pousse un retentissant “à bas le voile” dans un meeting public organisé par une association pro-israélienne, dans un contexte international marqué aussi par la guerre à Gaza.
Le communautarisme, c’est d’abord le fait de ce courant, du moins il a grandement contribué à l’exacerber.
Le projet d’Eric Zemmour
“C’est le projet d’Éric Zemmour, nous sommes en train de créer les conditions d’une guerre civile”, dénonce le journaliste anticolonialiste Jean-Michel Aphatie.
La France est en effet aujourd’hui un pays plus divisé que jamais, exposé à toutes les manipulations et ingérences. Un pays qui perd chaque jour un peu plus de sa cohésion nationale, seule assurance contre la situation extrême contre laquelle met en garde Aphatie.
Si l’ingérence étrangère venait à être formellement établie, la responsabilité en incomberait aussi à ceux qui ont fait de la France un terrain propice pour ce genre de manipulations.
En avril et mai dernier, lorsque deux musulmans ont été froidement tués, dont un était en train de prier dans une mosquée, les plus avisés n’avaient pas hésité à pointer du doigt ceux qui, par leur discours, ont mis une cible dans le dos de chaque musulman.
