
La capitale tchadienne, N’Djamena, est au cœur d’une vive concurrence entre Air Algérie et la Royal Air Maroc (RAM). Au-delà de la rivalité commerciale entre les deux compagnies, desservir cette destination se révèle être hautement stratégique.
Lors de l’inauguration de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), tenue à Alger le 4 septembre dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a demandé au PDG d’Air Algérie l’ouverture d’une ligne aérienne directe avec N’Djamena.
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Le chef de l’État a particulièrement insisté auprès du patron du pavillon national sur la nécessité d’inscrire cette ligne parmi ses priorités. D’ailleurs, Hamza Benhamouda, le premier responsable de la compagnie, a fixé une échéance pour son lancement : l’hiver prochain. La date exacte n’est pas déterminée.
Avec l’ouverture de la ligne Alger – N’Djamena, Air Algérie renforcera davantage sa présence sur le marché aérien africain, une démarche qui fait partie de ses objectifs stratégiques, avec à la clé le renforcement du rôle de l’aéroport d’Alger, comme hub entre l’Afrique et le reste du monde.
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En avril dernier déjà, une responsable de la compagnie a cité N’Djamena parmi plusieurs autres nouvelles destinations en Afrique prévues au programme d’Air Algérie à compter de l’hiver 2025/26.
D’ailleurs, la réaction immédiate de la compagnie aérienne marocaine, Royal Air Maroc, en lançant deux vols hebdomadaires vers N’Djamena, confirme aussi l’aspect stratégique de cette ligne pour les compagnies aérienne et les aéroports de l’Afrique du nord.
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Le vol inaugural Casablanca – N’Djamena a été opéré ce mercredi 17 septembre. Toutefois, lancer une desserte le premier ne donne pas à la compagnie marocaine un avantage quelconque sur Air Algérie qui a de meilleurs atouts sur cette ligne.
Pour l’atteindre, la compagnie aérienne nationale devra survoler un seul pays étranger qui est le Niger, alors que la RAM doit faire le tour des pays du Sahel pour y arriver.
En plus, Air Algérie a déjà montré qu’elle était redoutable en matière de tarifs et de flexibilité, et son hub à l’aéroport d’Alger est idéalement situé pour faire la jonction entre l’Afrique et le reste du monde.
Pourquoi le marché africain, en particulier N’Djamena, est-il si stratégique ?
Air Algérie, qui attend la livraison de 16 nouveaux avions, prévoit de lancer plusieurs autres nouvelles routes aériennes en Afrique, dans le cadre d’un plan d’action élaboré sur trois ans, visant à doubler le nombre de capitales desservies au départ de l’aéroport d’Alger.
L’offensive des deux compagnies sur le continent africain, confirmée par le cas de la capitale tchadienne, met clairement en évidence le caractère stratégique de ce marché. Chaque nouvelle ligne ouverte renforce la position des hubs des deux compagnies dans la connectivité de l’Afrique au reste du monde.
L’objectif d’Air Algérie et de la RAM est en effet de connecter au maximum l’Afrique au réseau Europe, Amérique, Asie et Moyen-Orient avec des vols directs, et ainsi faire des principaux aéroports algériens et marocains de véritables hubs du trafic aérien international.
Au-delà de l’aspect économique de rentabilité, ces liaisons, en particulier celle au départ de N’Djamena qui relie le nord au cœur de l’Afrique, sont hautement stratégiques notamment pour le renforcement du commerce, du tourisme et de l’investissement, mais aussi pour la consolidation de l’influence diplomatique sur le continent, qui est un facteur important.