Riyad Hamadi
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Alors que le Maroc est confronté à des manifestations parfois violentes depuis cinq jours, des appels anonymes à sortir dans la rue en Algérie le 3 octobre sont lancés depuis quelques jours sur les réseaux sociaux.
Et comme toute initiative anonyme, ces appels suscitent une interrogation évidente et légitime : qui tire les ficelles de cette opération qui s’apparente à une énième tentative de déstabilisation, et pourquoi maintenant ?
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Il n’échappe à personne que les appels ont surgi alors que le Maroc fait face à un mouvement de protestation qui porte des revendications sociales, en tête desquelles la priorisation des services publics, comme la santé et l’éducation, sur le prestige d’organiser la coupe du monde de football.
Autre coïncidence curieuse, le mouvement qui agite le Maroc s’appelle GenZ 212. Celui que l’on cherche à déclencher en Algérie a déjà un nom et il est quasi identique, GenZ 213.
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« Mort clinique du Makhzen »
On pourrait soupçonner la main d’un même laboratoire et un large agenda visant à embrasser tout le Maghreb si le procédé du royaume voisin n’était pas éculé : à chaque fois qu’il fait face à des difficultés internes, il incrimine l’Algérie et, quand cela est possible, cherche à lui exporter son mal.
C’est du moins la lecture que fait l’agence de presse officielle algérienne. “Malgré sa mort clinique, le makhzen n’oublie pas l’Algérie”, a titré l’APS une longue dépêche dans laquelle les dessous de la manipulation sont explicités.
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Les services marocains ne sont pas soupçonnés que pour leurs antécédents. Ils le sont aussi parce que leurs relais médiatiques et sur les réseaux sociaux ont largement relayé les appels à manifester en Algérie.
Des appels anonymes porteurs d’un haut risque de manipulation
La similitude entre le mouvement en cours au Maroc et la tentative de faire sortir les Algériens dans la rue s’arrête à leur simultanéité et leur appellation. L’objectif étant de faire diversion et d’exporter un mouvement qui dévoile, encore une fois, un royaume des inégalités sociales om une caste contrôle les richesses du pays, et une majorité de la population engluée dans la pauvreté.
Pour le reste, les deux pays, même voisins et ayant la même trajectoire historique, traversent des situations diamétralement opposées. Les mouvements de contestation sporadiques sont, depuis quelques années, endémiques au Maroc, générés par la conjonction de nombreux facteurs, sociaux, économiques et politiques, intenables.
Maroc : le front social en ébullition
Le royaume a subi de plein fouet l’inflation mondiale née du COVID et de la guerre en Ukraine, et une sécheresse de plusieurs années qui a laminé le secteur agricole, grand contributeur au PIB du pays. Les inégalités chroniques aidant, la crise a écrasé les plus vulnérables et le palais royal a fait le reste avec sa frénésie d’achat d’armements dont il n’a pas les moyens.
La normalisation des relations avec Israël alors que la bande de Gaza subit un génocide est un motif supplémentaire de mécontentement.
Face à un tel tableau, le moins que l’on puisse dire est que les Algériens ont bien moins de raisons de se révolter. Du reste, ils ont appris à se méfier des appels anonymes, porteurs d’un haut risque de manipulation, de surcroît dans la conjoncture mondiale que l’on connaît.
Les parties qui, en ce moment, auraient quelque intérêt à voir l’Algérie ébranlée, sont en effet trop nombreuses. En somme, le moment et le procédé sont très mal choisis pour tenter de faire sortir les Algériens dans la rue.
