
L’économie algérienne est sur la bonne voie. La prévision du président de la République Abdelmadjid Tebboune d’atteindre 400 milliards de dollars de PIB en 2027 est réaliste, estime l’économiste Karim Saci, conseiller en stratégie et associé chez le cabinet britannique PwC.
Le spécialiste dément, par ailleurs, l’existence d’une « chasse aux sorcières » contre les entreprises françaises en Algérie. L’économie algérienne est devenue la troisième économie d’Afrique, assure-t-il.
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Dans un entretien au journal français L’Opinion, le spécialiste dresse un tableau reluisant et exprime des prévisions très optimistes pour l’économie algérienne.
Comment l’économie algérienne est en train de changer
« Nous sommes devenus la troisième économie africaine après l’Afrique du Sud et l’Égypte », dit-il, prévoyant une « montée en puissance » des nouvelles technologies, l’arrivée d’investissements productifs, et le développement de la filière agroalimentaire à travers les grandes fermes de production au Sud du pays.
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À propos des investissements étrangers directs (IDE), l’économiste dit observer depuis dix ans l’émergence de champions nationaux financés par des capitaux étrangers, citant Tosyali qui a investi 6 milliards d’euros sur plusieurs étapes, Tayal, les Américains Chevron, ExxonMobil ou Oxy, les Italiens qui investissent dans l’agriculture, les Russes dans le secteur pharmaceutique, les Chinois qui diversifient leur partenariat…
La nouvelle loi sur les investissements a permis à l’Algérie d’enregistrer plus de 16.000 nouveaux projets et « les entrepreneurs montrent qu’ils ont confiance dans les perspectives de l’économie algérienne », estime Karim Saci.
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Parallèlement à cette dynamique d’investissement, les fondamentaux de l’économie algérienne « se portent plutôt bien », ajoute-t-il, avec des prévisions de croissance de 3,5 %, l’inflation qui a reculé à 4 %.
L’économiste tord le cou au passage à une idée reçue selon laquelle les marchés en Algérie seraient attribués sur la base de considérations politiques.
« Il n’y a pas de chasse aux sorcières comme on peut l’entendre, y compris pour les entreprises françaises. Toutefois, les autorités ont ouvert les marchés à la concurrence, ce qui ne fait pas toujours les affaires des fournisseurs traditionnels », explique-t-il.
À propos des opérateurs français justement, Saci fait remarquer que les échanges entre les deux pays pour les six premiers mois de l’année en 2025 s’élèvent à 5 milliards d’euros, soit à peu près le même montant pour la même période en 2024 et en 2023. « Ces échanges résistent pour le moment aux tensions, mais les politiques doivent agir pour que cela puisse être pérennisé », dit-il.
Gouvernement Sifi Ghrieb : l’avis d’un expert de PwC
À travers la composante du nouveau gouvernement Sifi Ghrieb qui a été nommé dimanche 14 septembre, l’économiste note la stabilité au sein du ministère des Finances, « qui a accompli un travail remarquable en stabilisant les comptes courants et en rééquilibrant le rôle du Trésor, dans l’objectif de renforcer la profitabilité en sortant durablement de la logique d’assistanat ».
Il a aussi le souci de la souveraineté alimentaire, avec la nomination d’un nouveau ministre de l’Agriculture appelé à « promouvoir l’innovation technologique et la traçabilité dans les filières agricoles de manière à améliorer le pilotage des subventions aux producteurs puis aux consommateurs ».
Il souligne également la volonté de développer le solaire, l’éolien et l’hydrogène à travers la création d’un ministère à part entière dédié à l’énergie et aux énergies renouvelables.
Enfin, Karim Saci estime que l’Algérie, bien qu’elle compte 300.000 nouveaux diplômés chaque année, « de mieux en mieux formés », gagnerait à attirer davantage les talents de la diaspora.