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Elizabeth Aubin, l’Américaine qui éclipse les diplomates étrangers en Algérie

En Algérie, l’ambassadrice américaine Elizabeth Aubin multiplie les apparitions publiques. Reçue partout, toujours joviale, elle est la plus visible des diplomates étrangers.

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Elizabeth Aubin, l’Américaine qui éclipse les diplomates étrangers en Algérie
En Algérie, l’ambassadrice américaine Elizabeth Aubin multiplie les apparitions publiques. Reçue partout, toujours joviale, elle est la plus visible des diplomates étrangers. | Photo par U.S. Department of State - Chargé d’Affaires
Karim Kebir
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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De tous les diplomates étrangers accrédités en Algérie, elle est sans doute la plus visible : entre rencontres politiques, visites de terrain et sorties médiatiques, Elizabeth Moore Aubin, ambassadrice des États-Unis en Algérie, a imposé un style inédit qui la distingue des autres représentants diplomatiques étrangers, souvent discrètes ou très peu médiatisées.

Depuis son arrivée à Alger en février 2022, pays qu’elle connaît déjà pour y avoir été chef de mission adjointe entre 2011 et 2014, l’ambassadrice américaine a choisi de faire de la communication et de la proximité un levier diplomatique.

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Un choix dont elle a probablement éprouvé l’efficacité dans toutes les capitales où elle est passée. Car avant d’atterrir à Alger, Elizabeth Aubin, née en 1965, et diplômée en sciences politiques du Barnard Collège (Université Columbia) en 1987, a sillonné de nombreuses capitales : Bruxelles, Hong Kong, Ottawa…

Une diplomatie de proximité et de communication

Vidéo dégustant une « garantita » dans les rues d’Oran, négociation fictive pour l’achat d’un mouton de l’Aïd dans un quartier périphérique d’Alger, messages en arabe ou en tamazight pour les fêtes religieuses et nationales : Elizabeth Aubin sait comment toucher les Algériens et sait manier les codes culturels.

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Cette image d’adaptation culturelle, accompagnée parfois d’accoutrement en tenues locales, relayée sur Facebook et X, lui vaut des milliers de followers et une forte popularité, notamment auprès des jeunes.

 « Il faut suivre le mouvement, parfois assimiler leurs codes et habitudes, si l’on veut leur faire passer un message », confiait-elle un jour.

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Mais derrière cette proximité se dessine une stratégie claire : consolider la coopération américano-algérienne sur tous les fronts et promouvoir l’image de l’ « Oncle Sam », souvent écornée à l’international par quelques positions, notamment dans le conflit israélo-palestinien.

La lutte contre le terrorisme et la stabilité régionale demeurent des axes majeurs du partenariat entre Alger et Washington, rappelait dès sa prise de fonction Elizabeth Aubin.

Cette coopération connaît un essor notable, notamment avec les visites répétées du général Langley, commandant de l’Africom, conclues en février 2025 par un mémorandum d’entente entre les deux ministères de la Défense.

Bien que les détails n’aient pas été dévoilés, mais les deux parties l’ont qualifié de « pierre angulaire pour atteindre les objectifs de sécurité communs ».

Au chapitre économique, Elizabeth Aubin essaye d’explorer tous les secteurs à fort potentiel d’investissement et insiste sur la diversification : «plus de 100 entreprises américaines opèrent en Algérie », affirmait-elle récemment, rappelant que les États-Unis représentent près de 29 % des investissements étrangers.

Des majors comme Chevron et ExxonMobil explorent les opportunités d’investissement, notamment dans le gaz de schiste, tandis que des PME s’intéressent à l’agriculture, aux énergies renouvelables et aux technologies numériques.

Le volet éducation n’est pas en reste où l’ambassadrice est particulièrement active : encouragement de partenariats universitaires, organisation de séminaires scientifiques, développement des « American Corners », promotion de la langue anglaise et encadrement de la mobilité étudiante. « L’anglais est une passerelle vers le monde », répète-t-elle souvent lors de ses rencontres avec les étudiants.

Une diplomate de terrain

De Bordj Bou Arreridj à Ouargla, de Tébessa à Oran, l’ambassadrice américaine à Alger a déjà visité plus de 40 wilayas, valorisant à chaque déplacement l’agriculture, le patrimoine, le tourisme ou encore l’entrepreneuriat local.

Elle met aussi en avant la richesse culturelle des régions, comme récemment à Tébessa où elle a souligné l’importance de son héritage romain.

Un bémol, cependant : sur les questions internationales, consciente de la sensibilité de certains sujets chez les Algériens, elle avance sur une ligne de crête.

C’est ainsi que concernant le Sahara occidental, elle répète à l’envi le soutien américain au processus onusien. Une formule diplomatique qui évite de focaliser sur la décision du président Donald Trump de reconnaitre la marocanité du Sahara en contrepartie de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.

Sur Gaza, elle reste aussi mesurée, se limitant à rappeler des poncifs. Trois ans après son arrivée, Elizabeth Aubin a réussi à incarner une diplomatie américaine plus vivante et tournée vers la proximité avec les citoyens.

Elle a réussi à s’imposer comme une figure médiatique, éclipsant même la présence de l’ambassadeur de France, longtemps le plus visible en Algérie.

Entre coopération sécuritaire, transition énergétique, promotion de la jeunesse et échanges culturels, elle a donné une espèce de visage humain à la relation bilatérale, loin des clichés.

Et à l’heure où Alger tient à son rôle de pays pivot et où Washington cherche à renforcer sa présence en Afrique du Nord, Elizabeth Aubin apparaît, par bien des égards, comme l’ambassadrice qui catalyse cette ambition.

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